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Pour
4, 5, 6, 7 mars 2019, 20h

Reconnue comme l’une des chorégraphes les plus prometteuses de sa génération, Daina Ashbee révèle avec audace et aplomb les univers intimes. Résultat d’un travail et de questionnements autour de son rapport au cycle menstruel, Pour lève le tabou sur les douleurs intimes et les résonances émotives qu’elles suscitent. Paige Culley, hypnotisante interprète, y exhibe un corps animal, prisonnier d’un rituel douloureux. Dans un effort courageux qui ne peut relever que de la transe, la danseuse incarne inlassablement un cycle de violence en divers états de corps où ce dernier se fait instrument percussif. Si le spectacle tient de l’économie de moyens, le propos ne s’en trouve qu’exalté. Œuvre radicale à la lisière de la danse et de la performance, Pour convie à une expérience spirituelle à travers ce solo névralgique dansé avec un affront vivifiant.


Création, chorégraphie et scénographie Daina Ashbee
Interprétation Paige Culley


Crédits supplémentaires et autres informations

Stagiaire en interprétation : Émilie Morin
Conception sonore : Jean-François Blouin
Lumières : Hugo Dalphond
Direction de production : André Houle – Centre de Création O Vertigo – CCOV
Consultation artistique : Andrew Tay, Angélique Wilkie
Photos : Daina Ashbee

Durée 60 minutes

Une discussion avec les artistes aura lieu après la représentation du 4 et 6 mars

Tarifs
Prévente 25$
Général 30$

Paige Culley, récipiendaire du Prix de la danse de Montréal, catégorie Découverte 2017 pour son interprétation de Pour.

Production Daina Ashbee

La Rotonde
418-643-8131 / 1-877-643-8131
Billetterie en personne : 336 rue du Roi (sur rendez-vous : 418 649-5013, poste 0) ou à la billetterie du Grand Théâtre de Québec, 269, boul. René-Lévesque Est
Demande d'information : 418-649-5013, poste 0 ou billetterie@larotonde.qc.ca

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Critique disponible
            
Critique

critique publiée lors de la création de la pièce en septembre 2016

Après avoir remporté un grand succès avec son spectacle Unrelated (finaliste du prix du CALQ dans la catégorie « Œuvre de la relève à Montréal » 2015), Daina Ashbee revient à La Chapelle pour y présenter Pour (« verser » ou « couler », en français). Avec cette nouvelle création, la chorégraphe de descendance crie et métisse cherche à explorer la relation complexe des femmes à leur cycle menstruel en proposant une danse lente et répétitive proche du rituel, où l’endurance de la danseuse Paige Culley est mise à rude épreuve.


Crédit photo : Daina Ashbee

C’est dans l’obscurité que les spectateurs sont invités à s’asseoir dans la salle, alors qu’une silhouette se dessine déjà sur scène. De longs cris stridents et angoissants percent ponctuellement la salle, interrompant quelques secondes le murmure des spectateurs. Puis, les lumières s’éteignent et c’est par l’ouïe que le public devine les mouvements de l’interprète, dont on entend les pas résonner discrètement lorsqu’elle se déplace sur scène. Une lumière aveuglante illumine soudainement la salle et laisse voir Paige Culley, torse nu, qui se tient debout très près des premières rangées de spectateurs. Le regard vide et dégageant une forte impression de vulnérabilité, elle commence à enlever ses pantalons, puis se rétracte et reste immobile quelques minutes avant d’adopter une attitude plus affirmée.

C’est avec pudeur et délicatesse que Daina Ashbee illustre le rapport des femmes à leurs règles. Elle propose une chorégraphie abstraite et poétique où le corps est dégagé de son potentiel érotisant. La soliste se tord et se tortille comme un reptile en pleine mue, jusqu’à se défaire de tous ses vêtements et de former une masse informe, mi-humaine, mi-animale. Face au dépouillement de la scène, le public est pris à témoin par la danseuse et assiste impuissant à sa détresse physique apparente. Impossible de détacher son regard de ses mouvements lents hypnotiques.

Pour aborder le tabou que représente ce mal typiquement féminin, Daina Ashbee tisse un parallèle entre la chasse au phoque commerciale et la douleur intime rattachée aux crampes menstruelles. Ce rapprochement se devine par la blancheur bleutée du plancher qui rappelle celle d’une banquise, ainsi que par certains mouvements de la danseuse exécutés très près du sol. Paige Culley se sert de son corps comme d’un instrument à percussion, alors que son ventre, ses bras et ses jambes percutent violemment le sol comme un animal aquatique en pleine asphyxie. Les bruits étouffés qui s’échappent de sa bouche font penser à des chants de gorge amérindiens, et s’ajoutent à la musique inquiétante conçue par Jean-François Blouin.

Se rapprochant de la performance par son caractère provocateur, de la musique par l’usage de percussions corporelles et des arts visuels par son esthétisme léché, Pour constitue une œuvre polysémique en phase avec la société contemporaine. Dans la lignée de l’art conceptuel, les détails du processus de création de DainaAshbee éclairent grandement ses chorégraphies, qui pourraient sembler hermétiques à un spectateur non averti qui ne possèderait pas les clés de lecture pour déchiffrer l’œuvre.

30-09-2016


 

Maison pour la danse
336, rue du Roi
Billetterie en ligne de la Rotonde

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Dates antérieures (entre autres)

Du 26 au 30 septembre 2016 - La Chapelle
2-3-4 juin 2017 - FTA 2017