Vivie, Loulou et Cricri sont frères et sœurs; de sang, de cœur, de misère et de rêves. Malgré l'âpreté de leur univers familial, ces trois jeunes adolescents coincés entre un père alcoolique et une mère léthargique s'inventent des jeux de guerre et des réconciliations cruels comme l'enfance, tourmentés comme l'adolescence. Leur imagination les transforme tantôt en clowns, tantôt en combattants, poursuivant sans relâche un rêve commun: qu'un lourd camion manque la courbe, dérape et vienne pulvériser leur maison. Le Bruit des camions dans la nuit est une ode au pouvoir des mots et de l'invention, un pamphlet cru et palpitant sur l'espoir d'une liberté à venir.

Verbe lumineux et poésie fougueuse, jeux de rôles libérateurs, vitesse incontrôlable et fuite dans l'imaginaire. Dans la nuit, des camions anonymes parcourent les routes et des enfants créent des aubes nouvelles empreintes de fraternité renouvelée.

Avec:

Patrick Hivon
Isabelle Roy P.
Olivier Morin

Mise en scène de:
Michel Bérubé

Écrit par:
Martin Pouliot

 

par David Lefebvre

Beaucoup de bruit pour rien

Jusqu'au 8 février, le Théâtre d'Aujourd'hui présente Le Bruit des camions dans la nuit, de Martin Pouliot, mis en scène de Michel Bérubé.

Vivie, Loulou et Cricri sont frères et sœurs, vivant dans une famille de dégénérés. Le père boit et naturellement bat et abuse de ses enfants. La mère est un véritable fantôme. Les deux frères (Patrick Hivon et Olivier Morin) sont influençables et rebelles, et la jeune femme (Isabelle Roy), handicapée dans sa chaise roulante, fait de son mieux pour garder ses liens avec les deux garçons. Tout ce dont ils rêvent, c'est qu'un camion rate la courbe près de chez eux et entre de plein fouet dans la maison, les tuant tous.

Tout ce dont on a hâte c'est que ce camion finisse par percuter la maison. La pièce est longue (malgré son 1h20), le vers qu'on nous promet lumineux et poétique n'en est qu'un de misère et de victimes. Les auteurs québécois sont forts sur ce thème : rappelez-vous les années 70 et même 80, comment, dans la littérature d'ici, on faisait l'éloge des victimes, nous sommes victimes! Pourtant, les comédiens se donnent et tentent de rendre leurs personnages relativement crédibles. Le décor est intéressant, avec cette grande cage mouvante, accrochée au plafond, dans laquelle traînent des débris de plastiques et de métaux. Mais le texte est lourd, sans vraiment divulguer de messages sauf celui de la vengeance et la solution ultime : le suicide pour s'en sortir. La philosophie est simpliste et se résume à une phrase du texte : " …l'espoir c'est du vent et il faut vivre notre échec du mieux possible… " Les personnages se recroquevillent dans des histoires, des jeux de rôles, dit-on. Le seul jeu de rôles qu'on y voit est celui du " militaire destroy ", démontrant la discipline inculqué au plus jeune par l'aîné des deux frères, le plus intelligent.

Le spectacle en tant que tel ne lève pas. On ne se sent pas touché quand les dialogues sombrent dans le mélo; on ne rit pas beaucoup quand ils sont drôles. Les répliques passent à côté de leurs cibles. On n'arrive pas à avoir la moindre sympathie envers ces jeunes. Et la métaphore de la jeune femme, la sœur, handicapée, en chaise roulante, pour démontrer sa faiblesse dans un monde de gars rudes et violents… un peu fort. Pour provoquer encore plus, on fait déculotter un des jeunes. À quoi bon? Quelques " ooonnn " de la salle et puis c'est tout.

Malgré certains efforts des comédiens pour faire mieux passer la pièce, elle reste difficile et ennuyeuse.


Photos de Yves Renaud