Mise en scène : Frédéric Dubois

Entreposée chez son oncle pour la fin de semaine, Zazie est une gamine qui rêve de voir l'intérieur du métro parisien, fermé pour cause de grève. Elle découvrira bien plus chez tonton Gabriel qui est « danseuse de charme ». Elle fera la rencontre de toute une faune parisienne qui lui fera visiter les monuments de Paris tout en lui apprenant l'essentiel de la vie. Une adaptation du célèbre roman de Queneau publié en 1959. Lauréat du Masque de la révélation (Édition 2002).

Théâtre des Fonds de Tiroirs

 

Du 12 au 30 novembre 2002

Sylvio-Manuel Arriola : Gabriel
Marie-France Desranleau : Jeanne & Mado p'tits pieds
Monelle Guertin : Zazie
Valérie Laroche : Marceline
Catherine Larochelle : Charles & veuve mouaque
Marie-Christine Lavallée : Trouscaillon
Alexandre Morais : Turandot & Fédor Balanovitch

mise en scène : Frédéric Dubois
scénographie : Yasmina Giguère
musique : Pascal Robitaille
éclairages : Gigi Wenger

 

par David Lefebvre

Raymond Queneau, Louis Malle, Frédéric Dubois... Trois noms unis sous le même charme : Zazie. Zazie, petite espiègle, qui termine toutes ses phrases avec "mon cul!" doit se faire garder chez tonton Gabriel (qui se dit gardien de nuit mais qui danse en robe du soir...) pour quelques jours. Mais cette petite est loin d'être bête, et n'a qu'une idée en tête : voir le métro de Paris. Elle verra tout sauf ce fameux métro...

L'oeuvre de Queneau est complexe, drôle et inclassable. D'un excellent roman, un film a été fait, tout aussi inclassable et riche. Mais voilà que l'idée folle germe dans la tête de Frédéric Dubois, et décide pour les cinq ans de sa troupe, le Théâtre des Fonds de Tiroirs, de créer ce petit chef d'oeuvre. Le défi est de taille ; on ne dénombre pas les personnages et les lieux. Surtout les lieux : on se promène un peu partout dans Paris. Et qui plus est, le TFT depuis ses tout débuts joue dans des endroits exigus, minuscules. Alors comment représenter ce genre de pièce? Avec beaucoup d'imagination et de savoir-faire.

Zazie est une pièce drôlement bien montée. Le texte est coupé, remanié intelligemment. Les décors sont plus que simples : du carton et des dessins qui représentent le décor de Paris, en avant et arrière plan, une colonne publicitaire (ceux qui sont allés à Paris sauront de quoi je parle) au milieu de la scène et un comédien-musicien-bruiteur qui s'occupera de l'ambiance musicale (et qui vole une partie du spectacle). On y entend les autos, la radio, bref tout ce qu'on peut imaginer, le perroquet Laverdure inclus. Zazie (Monelle Guertin) est attachante (pas facile de jouer une petite fille de moins de 8 ans qui a la taille de tonton), Gabriel (Sylvio-Manuel Arriola) est illuminé. On y retrouve aussi Jeanne et Mado P'tits Pieds (Marie France Desranleau), Charles et la veuve Mouaque (joué par l'excellente Catherine Larochelle), Turandot et Balanovitch (Patrice Dubois), Marceline (Valérie Laroche) et .. euh... le mec (Marie-Christine Lavallée). C'est ce dernier personnage, qui est totallement bizarre, et qui nous donne malheureusement certaine longueur, malgré que le jeu soit très bien, dans le genre. On arrive quand même mal à discerner le ton, tellement les mensonges du bonhomme sont nombreux et se succèdent.

L'évolution se fait très bien et la suite des idées est très bien démontrée. On sort de scène en reculant, on se présente à chaque entrée en nommant l'endroit où ils se situent; génial. Les thèmes retirés sont intéressants et laissent (tout de même, un peu) à réfléchir. Surtout pour Zazie, qui vieillit. Le style "vaudevilesque" et les apartés (les comédiens nous font face quand ils se parlent) donne un style suréaliste à la pièce, juste ce qu'il faut pour bien entrer dans ce monde très particulier.

Tout à fait rafraîchissant, Zazie dans le métro a fait un tabac en banlieue de Québec et il ne faut pas douter qu'elle en fera tout autant ici.