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Du 27 octobre au 13 novembre 2010, 19h30
Jeux de massacreJeux de massacre
Texte Eugène Ionesco
Mise en scène Éric J. St-Jean 
Avec Véronique Béchard, Adrien Lacroix, Hugo Lamarre, Annie LaRochelle, Marc-André Leclair, Sophie Martin, Francis Martineau, Bruno Piccolo

Cette pièce raconte la détresse d’une ville et de ses habitants touchés par un virus inconnu qui se propage sournoisement et affecte tout le monde sans distinction. Avec tout le comique auquel on s’attend de l’auteur de La Leçon et de La Cantatrice Chauve, Jeux de massacre plonge le spectateur dans un univers absurde, bigarré et sauvage où tout le monde cherche à profiter de tout le monde par instinct de survie.

La pièce de Ionesco a été créée en 1970 au Théâtre Montparnasse, 20 ans après La Cantatrice chauve et la Leçon, pièces qui ont rendu l’auteur célèbre.

Conception sonore Jean-François Morasse
Costumes Angela Rassenti 
Direction de production et scénographie Christian Jutras
Éclairages Jeanne Fortin-Legris
Crédit : Photo des comédiens sur fond noir : Sascha Nadeau
Crédit : Photomontage de arrière plan et intégration finale: Christian Jutras
Hugo Lamarre, Véronique Béchard (dessus), Hugo Lamarre (millieu), Marc-André Leclair (dessous)

Une production de Bruit public en codiffusion le Théâtre Denise-Pelletier

Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

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 Critique
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par Mélanie Thibault

Massacrant


Crédit photo : Nicolas Bolduc

Pour sa toute première production, Bruit Public, compagnie fondée en 2009 et dirigée par Éric J. St-Jean, Christian Jutras et Jean-François Morasse, s’attaque à Jeux de massacre, du dramaturge français Eugène Ionesco. L’objectif de la compagnie, comme elle l’annonce dans son communiqué, est « d’introduire le spectateur au plaisir de la lecture du spectacle théâtral ». Elle a d’ailleurs le souhait de réaliser en 2011, à partir de la mise en scène de cette présente création, un genre de photo-théâtre ou storyboard en bande dessinée.

Jeux de massacre explore l’absurdité du comportement humain face à la mort. La pièce se déroule dans une ville touchée par une épidémie mortelle qui s’en prend à ses habitants sans crier gare. Le texte explore la catastrophe sous le regard des médias, des politiciens, des autorités publiques et du citoyen, toute classe sociale confondue. 

La plupart des œuvres de Ionesco ont pour grand avantage de permettre une certaine créativité chez les personnages, d’amener plusieurs dimensions dans la composition du texte et d’être porteuses d’images originales. La liberté est le plus beau cadeau et le plus grand risque, avec un auteur comme Monsieur Ionesco.  

Eric J. St-Jean a délibérément choisi d’inscrire une montée dramatique dans une pièce qui, a priori, n’en présente pas. Dans le cahier no 76 du Théâtre Denise-Pelletier, se retrouve cette citation de  St-Jean : « les personnages de la pièce sont noirs et […] baignent dans un grand cynisme ambiant. » Pourquoi, alors, en rajouter avec une mise en scène où les comédiens hurlent, se lamentent et se tordent, maquillés comme des revenants, la joue creusée par le fard et le visage saupoudré de blanc ? Veut-on mélanger les genres ? Pousser l’absurdité à son paroxysme ? Si tel est le cas, le metteur en scène mine le spectacle par la surenchère.

Les costumes (chapeaux de feutre et imperméables) et la scénographie de carton-pâte revêtent les allures « modernes » d’un temps passé, voire révolu.  Le ton est inutilement exagéré, le geste, malhabile. Les comédiens tombent souvent dans le piège du « surjeu » pour accentuer l’effet absurde des scènes, ce qui annihile totalement l’effet critique du texte original, tronqué de plusieurs belles scènes.

Ionesco a bien dit : « Vous mourez parce que vous ne regardez pas autour de vous, parce que vous ne vous abandonnez pas au mystère de la vie. » Citation sage, qui mérite réflexion avant que le « cauchemar » qu’est cette pièce, d’une plastique poussiéreuse et sans grande originalité, ne se transforme en BD.

31-10-2010

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