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Du 2 au 19 mars 2011
Programme double–Théâtre viril et sportif
Texte de Martin Bellemare
Mise en scène Théâtre LA45
Avec Félix Monette-Dubeau, Francis-William Rhéaume et Stéphanie M. Germain
Programme Double propose deux pièces basées sur la thématique sportive, l’énergie virile, la dualité, l’enfermement et la culpabilité. BOXEURS raconte l’histoire de Billy « Mo » Morency, un jeune boxeur étoile, qui frôle la dépression après avoir accidentellement tué son adversaire lors du combat qui vient de le sacrer champion. L’ANGOISSE DE L’ARBITRE raconte un affrontement en huis clos. Un soir de séries éliminatoires, l’équipe locale de hockey professionnel est éliminée de façon controversée suite à un tir de pénalité décerné par l’arbitre, en prolongation.

Deux pièces coup de poing et un défi d’acteurs relevé avec brio.

Technique et régie Olivier Gaudet-Savard

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 3 au 9 mars 2011
Régulier : 27$
Carte premières : 13,50$

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Une production de Théâtre LA45 en codiffuion avec le TDP

Fred-Barry
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

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 Critique
Critique
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par David Lefebvre

Programme double au titre fort évocateur, Théâtre viril et sportif nous entraîne dans un univers peu exploité au théâtre, soit celui du sport de compétition, où la testostérone pue à plein nez. Le sport est-il si loin du quatrième art? L'aréna et le ring ne sont-ils pas les scènes d'un spectacle rassembleur, où se joue la Vie, dans sa forme la plus fairplay et la plus brutale ?

La première partie, qui ne dure qu'une vingtaine de minutes, nous transporte dans une chambre d'hôtel, après un match de hockey. L'équipe locale a perdu les séries à cause d’un tir de pénalité octroyé par l’arbitre. Est-il vendu ? Était-ce une décision juste ? Sam, qui s’est introduit dans la chambre d’un inconnu, sait que l’officiel loge dans le même établissement. Sam veut que l’arbitre paye, et tente de convaincre l'autre de l'aider, sans savoir qu'il est en fait celui qu'il recherche.

Martin Bellemare crée une grande tension dès les premiers mots prononcés : le texte est composé de courtes phrases, d'à peine quelques mots, que les deux protagonistes se lancent rapidement. Le non-dit est aussi intense que chaque parole échangée. Le flashback expliquant les événements déclencheurs, un dialogue en parallèle très bien maîtrisé par les deux comédiens, est un superbe petit moment. Bellemare, sans creuser le sujet à outrance pour conserver  intact le caractère angoissant de l’histoire, se penche sur l’explosif sujet de l'état mental complètement dérangé d'un fan qui ne contient pas sa rage et le fait qu'il semble vivre par procuration : alors que l'arbitre dira que ce n'est qu'un sport, l'autre répliquera immédiatement qu'il a tort. Avec les lignes ouvertes qui débordent d’un langage savoureux, les émeutes et les folies des partisans dont nous avons tous été témoins, depuis Maurice Richard jusqu’à l’échange de Halak, le thème est fort pertinent et intéressant.

Rapide changement de décor et de costumes, et c'est dans un ring qu'apparaît Félix Monette-Dubeau, en concierge, pour nous parler de Billy «Mo» Morency, jeune prodige de la boxe, qui voit malencontreusement périr son adversaire après un combat. Pourtant purement accidentel, le boxeur est malgré tout rongé par le remords et rêve de vivre simplement, sans avoir de compte à rendre, sans à devoir toujours se battre. Mais talonné par un promoteur ambitieux et véreux, par une copine qui a besoin de l'argent qu'il gagne pour faire soigner sa soeur, et pris dans le rôle de modèle du fils de cette dernière, le boxeur dépérit et n'arrive plus à accomplir ce qu'il faisait de mieux jusqu'ici. Bellemare évoque ici le doute du combattant, la peur que le jeu aille trop loin, et à quel point la vedette, la star, est seule, finalement, dans ce monde qui lui demande tant.

Félix Monette-Dubeau et Francis-William Rhéaume prouvent qu'ils sont des acteurs redoutables, interprétant plusieurs rôles au même moment. Que ce soit des boxeurs et leurs entraîneurs respectifs, Morency, sa copine et le neveu, le coach et le promoteur, un barman ou un client harassant, leurs corps adoptent rapidement les traits de caractère typiques des personnages, aidés par des accessoires et des bouts de vêtements, pour que le public puisse rapidement les identifier. La chimie du duo opère à tout moment, et les deux comédiens nous en mettent plein la vue. Les quelques scènes de boxe sont réalistes : même retenus, les coups sont percutants. On prend parti, on souffre, on veut que le boxeur se relève... on se fait prendre au jeu. Et on adore.

Et Stéphanie M. Germain ? Disons qu'en ring-girl accomplie, elle est le bonbon de la soirée.

Théâtre viril et sportif explore «la présence du sport professionnel dans notre vie», comme l’indique si bien l’équipe de création dans le programme de la soirée, et ce, de manière humaine, métaphorique et toute théâtrale. Les thématiques qui se recoupent sont tout aussi intéressantes que passionnantes, que l’on apprécie ou non le sport en général. Une belle réussite du Théâtre LA45.

12-03-11

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