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Du 3 au 21 novembre 2015
HautLes haut-parleurs
Texte et mise en scène Sébastien David
Avec Marie-Hélène Bélanger, Guillaume Gauthier et Richard Thériault

L’été s’annonce long et ennuyant pour le Fils, nouvellement arrivé dans une ville que tout le monde a quittée pour les vacances. Tout le monde sauf le Voisin, un homme solitaire dans la soixantaine, compositeur d’étranges musiques, et Greta, une adolescente au caractère explosif. Dans cette petite ville dominée par son immense cathédrale et ses cloches au son massif, le Fils comprend peu à peu que toutes les amitiés ne sont pas compatibles et que les vérités humaines sont parfois insaisissables.

Un récit, traversé par l’écho des choses fragiles, qui met en lumière les traces immuables que laissent les autres dans notre vie. Très actif et toujours sensible et percutant, le jeune auteur, metteur en scène et comédien Sébastien David plonge, après T’es où Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen et Les Morb(y)des, dans une oeuvre sur les possibles blessures de l’adolescence.

Le Théâtre Bluff amorce une résidence au TDP jusqu’en 2018.


Concepteurs Pierre-Luc Boudreau, Catherine Comeau, Sarah Dell’Ava, Nicolas Fortin, Olivier Girouard, Simon Guilbault et Martin Sirois

Mercredis causerie après la représentation - 4-11-18 novembre

Durée :1h15

Une production Théâtre Bluff


Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : (514) 253-8974

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Critique

Crédit photo : Yanick Macdonald

Jusqu’au 21 novembre, à la salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier, Sébastien David présente sa première pièce destinée à un public adolescent, pour le compte du Théâtre Bluff. Certains ont peut-être eu la chance de constater la force de l’écriture de cet auteur grâce aux pièces T’es où Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen et Les Morb(y)des. Avec Les haut-parleurs, il aborde la question de l’amitié alors qu’un garçon de 16 ans développe une relation amicale avec Greta, une fille de son âge, en même temps qu’avec son voisin, un homme solitaire marginalisé.

Sébastien David s’approprie des thématiques assez classiques – l’amitié, la transmission, l’identité –, pour les aborder de manière transversale. Rarement l’amitié intergénérationnelle a-t-elle été représentée sur scène d’une aussi belle manière, alors que l’auteur met en relief un réel échange entre le voisin et l’adolescent. La filiation habituelle de père en fils est ainsi déplacée par l’auteur pour s’appliquer à deux individus a priori étrangers l’un à l’autre. Les haut-parleurs illustre bien comment les trois personnages tentent de trouver leur place dans la société, montrant que les questionnements identitaires ne sont pas propres à l’adolescence, mais à l’humain en général.  Le spectacle se termine sur une scène très dure, mais tristement réaliste quant à la difficulté d’accepter toute forme de différence (sexuelle, raciale, comportementale) dans la société.


Crédit photo : Yanick Macdonald

Guillaume Gauthier est excellent dans le rôle de l’adolescent en pleine quête identitaire. Tout en faisant ressortir la maladresse du personnage qui commence tout juste à découvrir les possibilités du monde qui s’offrent à lui, Gauthier le dépeint comme un jeune homme articulé et assumé. Richard Thériault arrive à camper le voisin de manière à ce que le personnage soit très attachant tout en conservant une aura de mystère. Du portrait du « croque-mort » que Greta dresse à son ami, il reste peu de choses, sinon l’étrangeté de celui que l’on range dans la catégorie des « différents ». Seule Marie-Hélène Bélanger (Greta), très juste dans les scènes plus introspectives (notamment au moment de son monologue final), verse parfois dans la caricature de l’adolescente un peu trop extravertie.

L’originalité du spectacle réside néanmoins dans le traitement qu’on y fait du son et de la musique, fruit du travail de mise en scène de Sébastien David et de la conception sonore d’Olivier Girouard. Dans l’histoire, le voisin établit un parallèle entre la musique classique (« L’été » des Quatre saisons de Vivaldi par exemple) qui l’a amené à devenir compositeur et la musique électroacoustique dans laquelle il a finalement trouvé champ de prédilection. À cette thématique centrale des Hauts-parleurs s’ajoute aussi l’utilisation de la forme chorale, notamment pour mettre en scène deux conversations téléphoniques parallèles ou pour raconter simultanément le point de vue des trois personnages sur le même événement. La forme et le fond s’unissent donc tout au long de la pièce pour créer
une chambre d’échos des plus intéressantes.

Les haut-parleurs témoigne encore une fois de la sensibilité et de la lucidité des textes de Sébastien David. Avec ce spectacle, le Théâtre Bluff amorce brillamment sa résidence de trois ans au Théâtre Denise-Pelletier.

05-11-2015