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L'Iliade
Du 8 novembre au 6 décembre 2017
Dates publiques : du 9 au 25 novembre 2017, 1er et 2 décembre,
du jeudi au samedi
(représentations de 20h, samedi 16h)

Cette épopée de la Grèce antique naît d’une histoire d’amour : le Troyen Pâris a enlevé l’épouse de Ménélas, la Grecque Hélène. Cet affront a soulevé la colère des Grecs qui sont partis pour Troie, une ville d’Asie, afin de libérer la captive Hélène. Cependant, Achille, le plus grand guerrier grec, refuse de participer aux combats, prétendant avoir été insulté et trahi par les Grecs. Mais la vérité est ailleurs. Un oracle lui a annoncé que s’il entre dans cette guerre, les Grecs vaincront et il mourra. Achille entre alors dans un dilemme plus grand que son courroux, dans une agitation plus trouble que les hostilités et il devra choisir : livrer bataille et ainsi mourir dans la gloire ou se résigner à vieillir dans l’oubli.

Le metteur en scène Marc Beaupré choisit, dans son adaptation, le verbe pour glaive. Ni arme, ni sang.

Résolument moderne, cette Iliade de Beaupré est aussi celle de dix comédiens, habités de la conception musicale de Stéfan Boucher, qui scandent, rythment et offrent ces mots pour illuminer leurs actions et leurs gestes. La parole d’Homère, poète du VIIIe siècle avant J.-C., transportée par la musique et le rythme, est déclinée d’autant de métaphores sur la vie et la mort que sur la guerre et l’organisation de l’homme face à ce chaos.

Un vertige musical et une histoire qui chavire pour mieux comprendre qui nous sommes et surtout les rêves que nous portons.


Texte Homère
Adaptation libre et mise en scène Marc Beaupré
Avec Stéfan Boucher, Maya Kuroki, Olivier Landry-Gagnon, Justin Laramée, Catherine Larochelle, Louis-Olivier Mauffette, Jean-François Nadeau, Emile Schneider, Emmanuel Schwartz et Guillaume Tremblay


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance Julien Véronneau
Scénographie François Blouin
Costumes Sarah Balleux
Lumières Étienne Boucher
Conseillère dramaturgique Marie-Claude Verdier
Accessoiriste Julie Measroch
Composition/direction musicale Stéfan Boucher assisté de Olivier Landry-Gagnon

Durée à venir

Une production Théâtre Denise-Pelletier


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Critique disponible
            
Critique

Après s’être attaqué à Camus (Caligula [remix]), Molière (Dom Juan_Uncensored) et Shakespeare (Hamlet_Director’s Cut), Marc Beaupré présente sa vision de L’Iliade d’Homère jusqu’au 6 décembre 2017 au Théâtre Denise-Pelletier.




Crédit photos : Gunther Gamper

C’est après avoir fait la lecture de Homère, Iliade d’Alessandro Baricco que le metteur en scène a eu envie de travailler l’un des récits fondateurs de la culture grécoantique. Dans son texte, Baricco fait déjà un grand travail d’actualisation et de modernisation de l’histoire de Troie. Les 26 chants de l’œuvre originale sont transposés en prose et les dieux sont complètement évacués du récit. En plus de cette matière première, Beaupré puise dans différentes versions de l’histoire et certaines réécritures. Le nœud du récit se resserre donc autour du conflit psychologique d’Achille. S’il se bat, il assure la victoire du peuple grec, mais il devra le payer de sa vie ; s’il refuse de le faire, il vivra longtemps, mais dans l’anonymat. En accentuant cette peur du grand guerrier, Marc Beaupré met en relief les doutes et les réelles motivations du personnage.

Dans L’Iliade de Beaupré, tout ce qui dépasse les humains – la guerre, la mort, la souffrance, la foi – est représenté par la musique, conçue par Stéfan Boucher. À partir de sa console au pied de la scène, il s’impose comme le grand chef d’orchestre de la bataille. Extrêmement polyvalent, il est sans cesse en train de rebrancher des fils pour créer des effets sonores, de diriger les interprètes lors des chœurs ou de grimper sur scène pour jouer d’un instrument. La musique qu’il a composée mélange le sacré et le populaire, de manière à faire voyager le public entre les époques, de la Grèce antique au Québec contemporain. Les différents styles cohabitent bien et rythment les moments forts de l’action.

L’originalité de la mise en scène de Marc Beaupré tient dans son choix de faire de la langue l’arme principale du spectacle. Toute la violence des combats se transmet par du slam, du rap et des chansons interprétés sur de la musique live. Les chorégraphies s’inspirent des arts martiaux et les comédiens utilisent des bâtons pour créer des rythmes guerriers. Des gestes en langage signé sont même intégrés au jeu des comédiens qui prennent part aux scènes chorales en plus d’interpréter un personnage central. Si la guerre s’impose comme la thématique principale du spectacle, la forme du spectacle rend plutôt compte d’une fraternité entre les acteurs qui se relaient pour faire le récit de la guerre de Troie. On parle de la guerre abondamment, mais on ne la montre pas. La scénographie épurée de François Blouin convient tout à fait aux choix de mise en scène. Le plateau est recouvert de tapis persans évoquant un lieu de culte antique, alors qu’un miroir triangulaire suspendu au plafond permet d’avoir un autre point de vue sur l’action.

Emmanuel Schwartz interprète Achille avec la force et la fougue qu’on lui connaît. Sa diction est irréprochable, sa respiration est haletante et tout son corps résonne au rythme de ses interventions slammées. Toutefois, l’intensité de son jeu finit par désensibiliser le spectateur, de manière à ce que son entrée dans la guerre perde de son éclat. Si la distribution est impeccable, Émile Schneider se distingue particulièrement dans le rôle de Patrocle. L’aplomb avec lequel il tente sans succès de convaincre Achille de prendre part au combat est bouleversant. Rappelons que dans L’Iliade,Patrocle finira par enfiler l’armure et le casque de son ami en espérant que les Troyens, de peur, se replient vers la mer. Or, l’efficacité de cette ruse causera sa mort, puisque l’orgueilleux Hector lui transpercera le cœur de sa lance. Cette scène figure parmi les plus intenses du spectacle, autant d’un point de vue narratif que grâce au jeu du comédien. Maya Kuroki se démarque aussi dans le rôle de Cassandre, malheureuse prêtresse dont les prémonitions ne trouvent pas d’interlocuteur. Si l’on perd le sens de certaines répliques à cause de l’accent prononcé de la comédienne, le fait que Beaupré la sollicite pour chanter et jouer de différents instruments donne une couleur originale à son personnage.

Avec son Iliade, Marc Beaupré arrive encore une fois à faire dialoguer l’ancien et le moderne en trouvant un canal original pour le faire. Sa transposition des chants d’Homère en battle rap convient tout à fait à l’esprit de ce grand récit.

13-11-2017
 

Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

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