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Du 5 au 27 novembre 2010
Yellow Moon - La ballade de Leila et Lee
Texte David Greig
Traduction Maryse Warda
Mise en scène Sylvain Bélanger
Avec Stéphane Demers, Sylvie De Morais, Benoît Drouin-Germain et Monique Spaziani

Lee, un jeune homme flamboyant, est le plus perdu des garçons perdus d’une ville perdue d’Écosse. Leila est son contraire : elle est réservée et introvertie. C’est dans un dépanneur que leurs chemins se croisent et, ce soir-là, un événement malheureux les plongera bien malgré eux au coeur d’une histoire de meurtre. Ils décident de fuir dans les montagnes, au nord du pays. C’est là que Lee croit qu’il va retrouver son père, disparu depuis longtemps. Mais rendus à destination, Leila et Lee ne trouvent pas exactement ce qu’ils espéraient...

Avec YELLOW MOON, nous suivons Leila et Lee dans un périple qui les confrontera à leur avenir, à l’amour qu’ils n’ont jamais vraiment éprouvé et au bonheur qu’ils cherchent toujours. L’auteur pose un regard attendri sur les jeunes dans notre société, sur la place qu’ils cherchent, et surtout, sur leur quête d’identité. Mais comment savoir qui on est quand on ne sait pas d’où on vient ? Sur les traces du père de Lee, les deux jeunes gens parcourront le pays dans une aventure haletante à la BONNIE AND CLYDE.

Reconnu pour aborder des thèmes singuliers et pour sa façon exceptionnelle de transposer le monde contemporain sur scène, David Greig est certainement une figure-clé de la dramaturgie écossaise. Il est l’auteur de plus d’une trentaine de pièces, dont SAN DIEGO ( 2003 ), MINISKIRTS OF KABUL ( 2009 ) et YELLOW MOON, qui fut créée en 2006 au Citizens Theatre de Glasgow, en Écosse.

Metteur en scène des pièces CETTE FILLE-LÀ et MOI CHIEN CRÉOLE du Théâtre du Grand Jour, Sylvain Bélanger est également directeur artistique de cette compagnie. En 2007, il mettait en scène la pièce FÉLICITÉ d’Olivier Choinière, une production du Théâtre de La Manufacture présentée initialement au Théâtre La Licorne à guichets fermés, puis en reprise au printemps 2010 à Espace Go.

Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort
Décor Pierre-Étienne Locas
Costumes Marc Senécal
Éclairages Martin Labrecque
Musique originale Yves Morin
Crédit photo Rolline Laporte

Une production du Théâtre de La Manufacture

Espace Go

4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890
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 Critique
Critique
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par Daphné Bathalon


Crédit photo : Suzanne O'neil

En ce gris mois de novembre, le Théâtre de la Manufacture nous invite à une étonnante aventure tirée de la dramaturgie écossaise, un morceau de choix qui traite tout à la fois d’une rencontre père-fils et de la souffrance de deux femmes.

Road-movie théâtral, Yellow Moon – La ballade de Lee et Leila de David Greig raconte l’histoire de deux jeunes gens perdus en quête d’une identité. Après avoir poignardé son presque beau-père, Lee est contraint de quitter la ville en compagnie de Leila qu’il connaît à peine. Ils fuient en direction des Highlands où il croit retrouver le père de Lee, un criminel prospère. Au fil des jours qui passent, les deux jeunes se livrent. Ils parlent de leur mal-être et de leur perte de repères : ils n’ont ni modèle à suivre ni confident.

Entre deux gradins remplis de spectateurs, la scène inclinée étale sa rougeur. De belles et grandes flaques de sang tachent les planches sur lesquels les comédiens, un peu figés, parlent seuls ou forment des chœurs éphémères. Chaque personnage raconte sa vision personnelle de l’histoire : comment tout cela a commencé à cause d’une simple casquette et pourquoi Leila, silencieuse et studieuse, a suivi Lee, qui avait pour ambition de devenir le seul proxénète de la ville. « Avec toi, je me sens réelle. Je suis dans une histoire » déclare Leila pour expliquer son geste. Elle n’existe qu’à travers une histoire, sans elle, Leila tombe dans l’irréalité.

Avant même de commencer son travail de direction d’acteur, le metteur en scène Sylvain Bélanger a dû analyser le texte afin de répartir les répliques entre les comédiens. Dans la version originale, seules quelques didascalies précisent qui parle. Bélanger a choisi d’en faire une ballade à plusieurs voix : les répliques s’unissent ou se scindent, insufflant un bon rythme au spectacle. Parfois une voix se fait entendre, parfois deux, trois ou quatre, les mots trouvant écho chez l’un et chez l’autre. Très rapidement le récit devient aussi précis qu’une déposition de police avec les heures, les faits et les gestes de chacun. Quant à la scène, légèrement inclinée, elle crée un soupçon de déséquilibre, juste ce qu’il faut pour que les personnages ne semblent jamais au repos même lorsqu’ils sont parfaitement immobiles.

Avec une redoutable efficacité et une retenue tout en sensibilité, Sylvie de Morais et Benoît Gouin-Germain nouent lentement des liens entre leurs personnages, nous les rendant attachants. La poésie de la traduction de Maryse Warda est d’ailleurs bien servie par leur jeu. Monique Spaziani et Stéphane Demers complètent le quatuor en incarnant des adultes dans lesquels les angoisses des adolescents se reflètent.

La production ne souffre pas de l’absence de décor, tout le paysage écossais est ici simplement évoqué par les personnages, par ce qu’ils disent voir et entendre, que ce soit la carcasse chaude d’un cerf ou une vieille mélodie sur laquelle danser. Les images s’esquissent néanmoins : lochs et forêts s’esquissent à partir de quelques détails; rien n’est véritablement imposé, comme le désirait le metteur en scène. On se concentre donc sur la ballade de Lee et Leila, qu’accompagne la belle partition au piano d’Yves Morin. La trame sonore souligne, sans avoir besoin de trop appuyer, les moments de peur, de révolte ou de tristesse que traversent les adolescents.

Sous le faible éclairage de deux lunes blondes, la ballade prend des allures de légende contemporaine dont les spectateurs sont les heureux dépositaires.

09-11-2010
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