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Du 28 janvier au 22 février 2014, mardis à 19 h, du mercredi au samedi à 20 h, samedis à 16 h
La villeLa ville
Texte : Martin Crimp
Mise en scène et scénographie : Denis Marleau et Stéphanie Jasmin
Avec Sophie Cadieux, Alexis Martin, Évelyne Rompré

Un jour, lorsque Christopher rentre à la maison, Clair lui raconteavec excitation son étrange rencontre avec un écrivain de renom. Plus Christopher la questionne sur le sujet, plus le récit prend des proportions inattendues. L’arrivée impromptue de Jenny, une voisine infirmière aussi mystérieuse qu’inquiétante, et le comportement insolite de leurs deux jeunes enfants finiront par faire basculer le couple vers une réalité chancelante.

Pour se sentir vivante dans sa propre vie, Clair décide d'exprimer sa créativité en puisant à la source de son monde intérieur. En donnant vie à la fiction, elle crée une brèche entre le réel et son imaginaire, ouvrant la porte à une violence qu'elle ne soupçonnait pas. Avec LA VILLE, Martin Crimp signe une pièce urbaine dont l'architecture repose sur le processus même de l’élaboration de l’écriture et déjoue, avec juste ce qu’il faut de perversité, notre perception de la réalité. Né en 1956 en Angletterre, Martin Crimp est devenu au fil du temps l’un des plus importants dramaturges anglais actuels. Il a écrit une quinzaine de pièces — jouées à Londres, à New York, à Montréal, ainsi qu’en Allemagne, au Pays-Bas, en France et en Italie — qui lui ont valu une renommée internationale. Ses pièces, dont LE TRAITEMENT, LA CAMPAGNE, ATTEINTES À SA VIE et TENDRE ET CRUEL, traitent avec humour et cruauté de la futilité de nos vies bien réglées d’Occidentaux et de la turbulence des temps contemporains.

Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, codirecteurs d’UBU, poursuivent avec ESPACE GO un lien qui témoigne d’une complicité artistique fondée sur un esprit de recherche et une passion commune pour les écritures inédites et contemporaines. Après avoir fait entendre les mots de Marina Tsvetaïeva (LA FIN DE CASANOVA), de José Pliya (LE COMPLEXE DE THÉNARDIER), d'Elfriede Jelinek (JACKIE) et de Dea Loher (LE DERNIER FEU), c’est à ceux de Martin Crimp que les metteurs en scène souhaitent donner vie, avec LA VILLE, une pièce pour laquelle le duo a eu un véritable coup de foudre.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène : Martin Émond
Lumières : Étienne Boucher
Costumes : Ginette Noiseux
Musique : Jérôme Minière
Design sonore : Julien Éclancher
Diffusion vidéo : Pierre Laniel
Sculpture : Claude Rodrigue
Maquillages et coiffures : Angelo Barsetti
Assistance au décor et accessoires : Stéphane Longpré
Assistance aux costumes : Pierre-Guy Lapointe

Tarif :
Régulier 35$
30 ans et moins 27$
65 ans et plus 28$

Rencontre avant le spectacle
Jeudi 30 janvier 2014
Denis Marleau + Stéphanie Jasmin, metteurs en scène
Marie-Christine Lesage, chercheure et enseignante à l’École supérieure de théâtre, UQAM

Une coproduction ESPACE GO + UBU compagnie de création


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Caroline Laberge

Le metteur en scène Denis Marleau avouait récemment lors d’une entrevue avoir eu un réel coup de foudre pour le texte de Martin Crimp, La ville. Il n’est pas le seul : il y a à peine deux semaines à l’Usine C, la production française Face au mur abordait de façon très éclatée l’œuvre de l’auteur britannique, prouvant ainsi la fascination que son œuvre provoque chez différents metteurs en scène d’ici et d’ailleurs. La ville n’est pas l’œuvre la plus connue de Crimp, ou même la plus facile d’accès, malgré ce qui pourrait sembler être une structure plus classique du récit. Le duo de metteurs en scène de UBU Théâtre, Denis Marleau et Stéphanie Jasmin, a voulu nous offrir leur version de ce texte, présentement à l’affiche à l’Espace Go.

Clair (Sophie Cadieux) est traductrice, mais désire écrire. Son mari, Chris (Alexis Martin), perd son emploi de bureau et se retrouve boucher dans une épicerie. Au-delà de ces personnages, d’autres, dont l’existence soulève des questionnements, s’ajoutent à l’environnement de Clair et Chris : Mohammed, un écrivain dont la rencontre marque Clair, leur petite fille pianiste et leur voisine extravagante, Jenny (Évelyne Rompré).

Tous les personnages sont morcelés, déconstruits et gardent une certaine part de mystère tout au long de la pièce. La « ville intérieure » de Clair qu’elle doit aborder pour écrire semble la dépasser. D’autre part, le système économique semble définir la personne de Chris, en manque de repère pendant qu’il est au chômage. Son acceptation de revenir à un métier plus simple, celui de boucher, qu’on dit moins noble, nous apparaît comme une douce résistance au système. La frontière entre le réel et le fantasme vient combler le vide tout autour de ce couple froid et qui s’écoute à peine parler.

Le duo de metteurs en scène dépeint le paysage qui émane du texte avec justesse : la froideur et le sentiment d’étrangeté occupent entièrement la scène, le climat est inconfortable pour le public, et ce, de scène en scène. Ce décor noir, fait de différents paliers, et neutre, offre comme seule image les projections d’une grande ville anonyme. Pourtant, malgré cette habilité à reproduire l’ambiance inquiétante qui règne dans cette maison et dans cet univers, quelque chose manque pour décoder le spectacle. Si l’équipe a trouvé quelques-unes des clés de réponse du texte énigmatique, elle ne réussit pas complètement à les transmettre au public. Les comédiens livrent ce qu’ils peuvent avec une certaine habileté ­: Sophie Cadieux rayonne dans le personnage de Clair, froide et d’une certaine cruauté tranquille, tandis qu’Alexis Martin semble encore chercher à donner de la chair au sien. Évelyne Rompré, dans un rôle qui détonne des autres, nous fait un grand bien.

Les réelles thématiques du texte nous échappent malheureusement dans cette proposition de UBU Théâtre ; le paysage manque d’assises et les personnages, de vie. On dit parfois d’un spectacle qu’il s’adresse à un public d’initiés ; celui-ci pourrait être difficilement appréciable pour une personne qui ne connaît pas déjà l’œuvre, et encore. Il est ardu de définir ce que Marleau et Jasmin ont interprété de ce texte et ce qui était au centre de leur lecture ; il demeure une (trop ?) grande part d’incompréhension. Visiblement, le coup de foudre de Denis Marleau est difficilement transmissible, on sort du spectacle avec l’impression qu’une ombre est passée devant nos yeux, sans arriver à identifier de quelle créature il s’agissait. 

04-02-2014