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Du 17 novembre au 5 décembre 2015, du mardi au samedi à 19 h et les samedis à 15 h 30
CinqCinq à sept
Texte Fanny Britt avec la collaboration des interprètes
Mise en scène Mani Soleymanlou
Avec Kathleen Fortin, Julie Le Breton & Geneviève Schmidt

Elles sont comédiennes. Le travail les a réunies, l’espace d’une soirée, dans un cinq à sept. Elles ont bien des affinités de surface, dont un métier qu’elles partagent et qui leur est fondamental. Mais sous les fous rires et les insides sur le milieu, des eaux souterraines grondent, que l’alcool aura tôt fait de faire remonter à la surface.

Ambition, appétit de vivre, insatisfactions, ennui, vacuité, sauvagerie, furie, responsabilité, désir… Le joli vernis de ces femmes agréables se craquèle peu à peu pour révéler à la fois la fragilité viscérale et les pulsions insoumises qui les habitent, les injustices ordinaires auxquelles elles font face, la toxicité d’un monde encore trop policé et leur propre responsabilité dans ce gâchis. Dans quel état émergeront-elles de ce cinq à sept, si elles en émergent seulement?

Réflexion crue et débridée sur le désir et la « possession de soi », CINQ À SEPT se promet d’être à la fois drôle, dur et sans pitié. Ce spectacle est au cœur du nouveau cycle de création entamé par Mani Soleymanlou et sa compagnie Orange Noyée après les pièces UN, DEUX et TROIS, toutes remarquées par le public et la critique. Après avoir exploré le thème de l’identité communautaire, c’est maintenant celui de l’identité des genres qui est au cœur de ses préoccupations. Écrite par Fanny Britt, cette pièce s’inscrit donc dans la foulée d’ILS ÉTAIENT QUATRE de Mathieu Gosselin et Mani Soleymanlou, un spectacle joué à guichets fermés en mars 2015 à La Petite Licorne.


Assistance à la mise en scène et régie : Jean Gaudreau
Lumière : Erwann Bernard
Décor : Max-Otto Fauteux
Musique : Philippe Brault

Durée à déterminer

Rencontre avec le public
Jeudi 26 novembre 2015, après le spectacle

Tarif
Général 37$
65 ans et + 30$
30 ans et - 28$
Forfaits disponibles pour plus d'un spectacle

Une création d’Orange Noyée,
en coproduction avec le Théâtre français du Centre national des Arts


Espace Go, salle 2
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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Critique

Trois filles, un délire


Crédit photo : Ulysse del Drago

Le concept de cette heure de confessions féminines semble avoir émané de façon assez naturelle ; Mani Soleymanlou suit la veine de Un, Deux et Trois, qui portaient sur le questionnement identitaire, mais cette fois à travers les corps et les névroses de femmes, ce qui nous change du thème récurrent de l'immigré, si cher au metteur en scène d'origine iranienne. Il est accompagné pour l'aventure de Fanny Britt, auteure, notamment de Tranchées (atelier 10), qui s'intéresse aux contradictions de la maternité, et à travers elles, de la féminité, et qui signe ici les dialogues. Puis, leur rencontre avec trois comédiennes, Julie Le Breton, Kathleen Fortin et Geneviève Schmidt, soldera le tout de ce qui deviendra Cinq à sept. Soleymanlou et Britt réunissent justement les trois femmes pour un début de soirée bien arrosé qui donne lieu à des blagues, des réflexions, personnelles et collectives, et un moment d’introspection.  

On aime l'excellente trame sonore de Philippe Brault, composée de « hits » propres à une « soirée de filles » endiablée, qui permet aux comédiennes de faire une transition dansante entre les différents segments de la pièce. On rit aux éclats quand elles nous parlent de leur première rencontre avec l'auteure et le metteur en scène, et les imitent assez justement, et lorsqu’elles nous confient leurs impressions sur les deux personnages et la démarche suggérée. On leur donne raison quand elles nous parlent de leurs relations amoureuses et sexuelles, en nous dépeignant des portraits beaucoup plus réalistes de nos fantasmes, de nos envies et de nos complexes que ce qu'on nous présente habituellement.

Le rythme, parfois étourdissant, mais fluide, alterne entre les interactions très rapides entre les trois comédiennes et des moments solos de confidences plus intimes. C'est la musique et les transitions de lumières (très ingénieuses, conçues par Erwann Bernard) qui nous donnent une pause de ce haut débit de flots de paroles.

Cinq à sept dure une heure, et c'est parfait ainsi. On comprend rapidement le propos, et faire plus long serait redondant. Mais en une petite heure, le tout reste condensé, punché, sans jamais causer l’ennui. On rit, on pleure presque, on acquiesce, on tente de comprendre et on réfléchit à ce que veut dire être maître et accepter son corps, ses besoins et ses envies.

Le décor est minimal et sert bien le propos ; les filles, toutes en noir, se tiennent debout devant des fauteuils ovales dans lesquels elles ne prendront jamais place. S’ils remplissent bien l’espace, on s’interroge tout de même sur leur utilité et leur présence sur scène.

Cinq à sept est une pièce au propos réellement original dans sa façon de nommer les choses, de rire de la démarche elle-même et des travers que nous avons tous (et toutes, surtout). Un spectacle « rentre dedans », mais présenté avec humour, tout en poussant à la réflexion. Franchement, « il en faut plus des comme ça ! »

23-11-2015