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Du 15 septembre au 10 octobre 2015, les mardis à 19 h, du mercredi au samedi à 20 h et les samedis à 16 h
Peepshow
Texte et mise en scène Marie Brassard
Avec Monia Chokri

Dans la forêt, une enfant égarée se réjouit lorsqu’elle rencontre un monstre. Ainsi débute l’histoire de Beautiful, Petit Chaperon rouge des temps modernes qui, déviant de son chemin, croisera des personnages surprenants aux prises avec leurs pulsions de désir. Entre regard furtif et exhibitionnisme, certains d’entre eux se laisseront déjouer par les sentiments provoqués par la pureté d’une rencontre singulière. Beautiful prendra-t-elle la main du grand méchant loup?

À chaque seconde, des milliers de personnes tombent amoureux, des milliers d’autres cessent d’aimer. Encore et encore, les êtres solitaires jouent le jeu. Dans PEEPSHOW, l’auteure et metteure en scène Marie Brassard prend le conte comme matériau de départ et donne vie à une dizaine de personnages dans de courtes histoires sur la vie cachée et l’intimité des gens. Chaque fragment de vie représente une vision des tabous et des désirs interdits qui sommeillent en chacun de nous. Et si la rencontre des autres laissait des marques sur nos corps, de quoi aurions-nous l’air? Nos visages porteraient-ils les traces de tous les baisers, de toutes les morsures, de toutes les mains qui nous ont caressés?

Après l’onde de choc provoquée par LA FUREUR DE CE QUE JE PENSE en 2013, Marie Brassard revient à ESPACE GO pour donner vie au rêve qu’elle caresse depuis longtemps de revisiter son répertoire. Pour cette nouvelle production de PEEPSHOW, spectacle créé en 2006 au Festival de théâtre des Amériques, Marie Brassard convie la comédienne Monia Chokri à se prêter au jeu de la métamorphose et à donner vie à sa panoplie de personnages. Marie Brassard est reconnue pour sa démarche personnelle d’auteure et d’interprète, et pour sa manière unique de travailler le son et la musique dans ses spectacles.


Assistance à la mise en scène : Emanuelle Kirouac
Scénographie : Simon Guilbault
Éclairages : Sonoyo Nishikawa
Costumes : Ying Gao
Musique et interprétation : Alexander MacSween
Vidéo : (à venir)
Maquillages : Angelo Barsetti

Durée 1h15

Rencontre avec le public
Jeudi 17 septembre 2015, à 18 h 30

Tarif
Général 37$
65 ans et + 30$
30 ans et - 28$
Forfaits disponibles pour plus d'un spectacle

Une production ESPACE GO + Infrarouge


Espace Go
4890, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-845-4890

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Critique

Crédit photo : Caroline Laberge

Peepshow est de retour sur scène, près de 10 ans plus tard, mais cette fois avec l’actrice Monia Chokri qui campe le rôle de Beautiful, crée par Marie Brassard en 2006.

Sur scène, l’éclairage est bleuté. On peut observer les rares éléments de la scénographie dénudée de Simon Guilbault : trois rideaux composés de nombreux petits carrés miroitants et une chaise cachée derrière le premier de ceux-ci.

Marie Brassard avouait dans une entrevue, au sujet de la pièce, travailler particulièrement avec le son et les ambiances sonores. Dès le début de Peepshow, la musique d’Alexander MacSween et la sonorisation de Frédéric Auger nous le font sentir. La pièce est entamée par un bruit de respiration sourd. Au travers de la représentation, les différentes musiques et les différents sons donnent souvent le frisson, plus que le texte n’a su le faire.

Une actrice méconnaissable

Sonia Chokri nous offre une performance incroyable. Lors de la première, elle s’est accrochée à deux ou trois reprises, mais impossible de lui en vouloir, vu la lourdeur de la tâche. L’actrice, qu’on a pu découvrir dans Les amours imaginaires, est méconnaissable, peut-être un peu à cause de la perruque gris argenté et du maquillage d’Angelo Barsetti qui lui fait une bouche rouge lustrée surdimensionnée.

Elle se transforme en une panoplie de personnages, tous extrêmement différents les uns des autres. Cette transformation a lieu grâce, entre autres, à une modulation de sa voix qui la fait sonner tantôt comme un homme, tantôt comme une enfant. En plus de cette modification sonore, Monia Chokri change aussi totalement son accent et sa façon de parler.

Sa gestuelle est travaillée à la perfection, chaque personnage a ses mimiques et sa façon de se mouvoir. La lumière se mêle aussi au jeu, aidant l’actrice dans son travail : il est difficile de la reconnaitre dans l’un ou l’autre de ces personnages. Elle disparait entièrement pour leur donner vie.

Une histoire un peu floue

À la mise en scène, le travail de Marie Brassard est irréprochable. L’auteure et metteur en scène, qui laisse sa place d’interprète, semble avoir calculé chaque geste et chaque déplacement qui s’articulent avec une fluidité sans pareil, comme une danse, où chaque mouvement a été précisément calculé.

Le texte et l’histoire, par contre, souffrent de quelques lacunes. Les récits, offert dans le désordre, s’avèrent parfois mélangeants. On ne sait plus trop si cette histoire-ci est reliée à celle-là, si tel personnage est le même que tel autre. Au fil de la pièce, les liens s’éclaircissent, mais le tout reste un brin décousu. La pièce, qui devait durer une heure trente, se voit finalement être étirée d’une bonne quinzaine de minutes. Couper certaines longueurs aurait été bénéfique à l’ensemble.

Peepshow sait faire rire et toucher, avec son lot d’histoires sur l’amour, le désir, la séduction et les rapports humains. Et puis, après tout, Marie Brassard est de l’école de Robert Lepage, ses créations ne sont donc pas figées dans le temps. Le spectateur peut possiblement s’attendre à voir une œuvre différente à laquelle le public de la veille a assisté.

Mais, comme le fait dire Marie Brassard à un de ses personnages : « lorsque l’on rencontre une nouvelle personne, nous sommes changés à jamais. Nous emportons avec nous un peu de cette personne, une parole, un geste. Et pour toujours, nous le portons en nous ». À la fin de la représentation de Peepshow, nous sommes donc tous différents de la personne que nous étions lorsque nous sommes entrés.

18-09-2015