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Du 6 au 23 février 2008
Lundi à 18h et 20h30
Mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 20h30
Samedi et dimanche à 15h, 18h et 20h30
Soirée lève-tôt : jeudi 14 février, représentation à 19h suivie d'une discussion.

Famille Made in USA

Ruines (Allonge-moi, Justin Timberlake)
Auteure : Sheila Callaghan, mise en scène de Jean Gaudreau, avec Philippe Cousineau, Caroline Gendron, Isabelle Miquelon, Marie-Chantal Perron, Jean Petitclerc
Anna Bella Eema
Auteure : Lisa D'Amour, mise en scène Luce Pelletier, avec Louise Cardinal, Pascale Montreuil, France Parent
Une Maison Propre

Auteure : Sarah Ruhl, mise en scène : Martin Faucher, avec Émilie Bibeau, Hélène Mercier, Patricia Nolin, Denis Roy, Monique Spaziani

Traductrice : Fanny Britt
Éclairages : Jocelyn Proulx
Régie : Marie-Andrée Lemire


Trois jeunes auteures états-uniennes nous dévoilent des destins de familles : ceux de Anna Bella et de sa mère qui vivent dans une roulotte, de Janice qui veut faire sauter maison et famille et de Mathilda qui recherche la farce parfaite pour rendre les gens heureux. Ruines de Sheila Callaghan, Anna Bella Eema de Lisa D’Amour, Une Maison propre de Sarah Ruhl : trois plumes totalement différentes, mais qui mettent en scène une pléiade de personnages féminins qui tentent de trouver une façon de survivre. Des femmes au bord de la crise de nerfs côtoient des fillettes en mal de vivre, des relations de couple se dénouent, des amitiés se forment, la vie se déroule et chacun y cherche sa place.

Une création du Théâtre de l'Opsis





mer 6 jeu 7 ven 8 sam 9
15h Ruines
18h Maison
20h30 Anna Ruines Maison Anna


dim 10 lun 11 mar 12 mer 13 jeu 14 ven 15 sam 16
15h Maison 19h Soirée
lève-tôt *
Anna
18h Anna Ruines


Ruines
20h30 Ruines Anna Maison Ruines Anna Maison


dim 17 lun 18 mar 19 mer 20 jeu 21 ven 22 sam 23
15h Ruines Maison
18h Maison Anna



Anna
20h30 Anna Maison Ruines Maison Anna Ruines Ruines

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

 

 

par Aurélie Olivier

Dans le cadre de son cycle états-unien entamé l’an dernier, le Théâtre de l’Opsis présente à l’Espace Libre trois pièces en alternance, réunies sous le titre Familles made in USA. Chacune d’elles dresse le portrait d’une famille où les névroses règnent en maître et met l’accent sur le lieu de vie qu’est la maison. Trois metteurs en scène différents se sont attelés à traduire ces trois regards sans complaisance, possédant chacun leur propre dynamique. La scénographie dépouillée, indispensable dans le cadre de ce projet puisque les trois pièces sont parfois jouées l’une à la suite de l’autre, rend toute leur importance aux comédiens et donc aux personnages, pour le moins hauts en couleurs.

Une maison propre, de Sarah Rule, nous fait pénétrer dans l’intérieur apparemment sans tache d’un couple aisé (Monique Spaziani et Denis Roy). Lorsque la femme de ménage brésilienne (Émilie Bibeau) décide d’arrêter de nettoyer pour concentrer son énergie à inventer des blagues, tout se met à dégringoler. Les personnages, remarquablement campés par les comédiens, évoluent dans un salon délimité par des bandes d’adhésif blanc et simplement meublé d’un canapé blanc, d’un fauteuil blanc, d’une table basse et d’une console. Si le texte recèle plusieurs bonnes répliques, les situations et les dialogues, qui pourraient être délicieusement absurdes, paraissent souvent creux. À de nombreuses reprises, on s’attend à une réplique cinglante et drôle et on obtient à la place une phrase manquant de piquant. La mise en scène enlevée de Martin Faucher ajoute toutefois à la fantaisie de la pièce, et en accentue le cynisme, tandis que le talent des interprètes donne une grande saveur au comportement assez invraisemblable des personnages. En sœur de la maîtresse de maison, heureuse de faire le ménage à la place de celle qui est payée pour, Hélène Mercier est particulièrement comique.

Ruines (allonge-moi Justin Timberlake) est la plus décevante. Sheila Callagan y donne la parole à une maison tombant en décrépitude dont les habitantes, qui peinent à se parler, entretiennent une relation imaginaire avec des stars hollywoodiennes, représentant le père/époux mort tragiquement un an plus tôt. Vêtu de haillons, Philippe Cousineau personnifie la propriété, se promenant comme une âme en peine sur les contours d’une maison, grossièrement stylisée, simplement dessinés à la craie sur le sol, et rehaussés par des éclairages verticaux. Il y a dans cette famille une détresse palpable, un éloignement persistant causé par le chagrin et par le deuil. Malheureusement, la mise en scène de Jean Gaudreau ne parvient pas à donner toute sa force au texte. On a le sentiment d’assister à une succession de scènes sans véritable unité, sans toutefois que les ruptures qui peuplent le texte soient véritablement assumées. Ressemblant à un cheveu sur la soupe, les interventions de Jean Petitclerc, alias Justin Timberlake et Harrison Ford, ont bien un caractère irréel, mais certainement pas celui que l’on attend. Quant à chacune des trois femmes – la mère (Marie-Chantal Perron), sa sœur (Isabelle Miquelon) et sa fille (Caroline Gendron) – elles semblent composer leur partition dans leur coin. Le ton alterne entre l’acidité et une forme de sentimentalisme qui ne nous touche aucunement. Le tout est si décousu que l’on peine à suivre, et surtout, à adhérer au propos.

Plutôt difficile d’accès, Anna Bella Eema se démarque par l’écriture violente, poétique, fantasmagorique de Lisa D’Amour. Nous voici entraînés dans l’esprit tortueux d’une femme-loup (Louise Cardinal) – d’aucuns diront folle –, et de sa fille (Pascale Montreuil), habitant dans une roulotte en compagnie de la fille de bouette (France Parent), et sur le point d’être délogées pour céder la place à l’autoroute. « Ma mère est une mère sauvage. J’entends son être entier qui gronde » dira la fille, le plus souvent livrée à elle-même. Trois chaises, trois petites tables, des piles de livres composent le décor spartiate de la roulotte décrépie qui leur tient lieu de maison. Il faut souligner ici la remarquable performance des comédiennes, particulièrement de celle Louise Cardinale. La mise en scène de Luce Pelletier traduit parfaitement l’insécurité qui habite les personnages, les failles que ces femmes portent en elles, l’amour qui les unit, leur force mais aussi leur fragilité. Une pièce riche.

Au-delà de leurs caractéristiques respectives, ces trois pièces ont le mérite d’adopter un langage non conventionnel qui présente assurément de l’intérêt. Les plus audacieux pourront s’y confronter en marathon le samedi ou le dimanche, où les pièces sont jouées en rafale.

14-02-2008