Du 1er au 19 décembre 2009 supplémentaire 19 déc. 14h30
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L'affiche

Texte et mise en scène de Philippe Ducros
Avec : François Bernier, Sylvie De Morais-Nogueira, Denis Gravereaux, Justin Laramée, Michel Mongeau, Marie-Laurence Moreau, Étienne Pilon, Dominique Quesnel et Isabelle Vincent

Abou Salem est imprimeur d’affiches de martyrs. Un jour, il se retrouve à imprimer celle de son seul fils Salem, mort par balle lors d’un affrontement avec les soldats qui hantent leur camp de réfugié. Le texte suit les destins des deux côtés de la balle. Oum Salem, la mère du martyr, ne voit rien d’autre que la haine, elle souffre jusqu’à la destruction. La famille se dégrade, la colère ne laisse plus de place à l’humanité. De son côté, Itzhak, le soldat responsable de la mort de Salem, se retrouve submergé par la violence de son geste et par l’impitoyable cruauté de l’occupation. Aura-t-il le luxe de se questionner ?

En marge, Shahida, la soeur de Salem, essaie tant bien que mal de rêver avec son amoureux Ismaïl, et ce malgré les check points, malgré l’incarcération administrative, la résistance, le soleil et le ciment. Malgré la soif et la Mer Morte qui baisse d’un mètre par année.

Puis l’histoire explose. Elle se désorganise comme la vie là-bas. Elle remonte le fleuve de la douleur jusqu’à la haine et le fanatisme, elle cède la place à la peur et aux exploiteurs de désespoir pour enfin accoter les survivants, le dos au Mur de séparation. 8 mètres de haut, le mur.

En Palestine, lorsque quelqu’un meurt d’une cause reliée directement à l’occupation, des factions s’approprient cette mort, font une affiche avec la photo du martyr et en tapissent les murs du pays. Abou Salem est l’imprimeur de ces affiches. Un jour, il se retrouve à imprimer celle de son fils Salem. La pièce suit les destins des deux côtés de la balle. À travers ces trajectoires croisées, Shahida, la sœur de Salem, essaye tant bien que mal de rêver avec son amoureux Ismaïl, malgré les checkpoints, le soleil et le ciment. C’est la violence extraordinaire d’un impossible quotidien en terre occupée.

PROPOSITION THÉÂTRALE
À l’époque glauque des luttes antiterroristes, voir de l’autre côté des photos noir et blanc et des entrefilets bourrés de trous de balles. Voir qui sont ces gens. Comprendre de quoi est construit notre propre confort et réaliser sa fragilité. Pour ensuite mettre l’humain devant les monstres, la fête face à la mort, les mots au-dessus des armes et l’art en réponse à la propagande. Le tout ailleurs que dans un camp glauque et gris, plutôt dans une galerie d’art, afin de questionner les moyens que nous avons en tant qu’artiste de parler des deuils quotidiens de ceux qui n’habitent habituellement qu’à la une de nos journaux. Et peut-être, par cette épopée, chercher à deviner un peu ce qui pousse un adolescent à s’habiller de bombes et à tuer au nom de la vie.

Du mardi au samedi à 20 h
Le jeudi 10 décembre à 19 h, suivi d'une discussion
Le vendredi 11 décembre à 18 h 30
Les samedis 12 et 19 décembre à 15 h

Scénographie Magalie Amyot
Costumes Nadia Bellefeuille
Éclairages Thomas Godefroid
Musique Ludovic Bonnier
Direction technique et de production, vidéo Geoffrey Levine
Assistance et régie Charlotte Ménard

Carte Premières
Date Premières : du 1er au 5 décembre
Régulier 27$
Carte premières : 13,50$

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Autour de L'Affiche

Exposition et lecture au programme en marge des représentations de la pièce de Philippe Ducros

L’exposition Les Lanceurs de Pierres, photos de Palestine et d’Israël, sera présentée du 1er au 19 décembre, une heure avant chaque représentation du spectacle, dans la salle.

Une table ronde autour du spectacle L’Affiche aura lieu le vendredi 4 décembre 2009 de 17h à 18h30 à Espace Libre. Animée par le cinéaste Hugo Latulippe, cette rencontre réunira Bruce Katz, président et cofondateur du PAJU (Palestiniens et Juifs Unis pour la Paix), Edmond Omran de l’Aide Médicale pour la Palestine, et 2 autres invités à confirmer…

Aussi, Philippe Ducros fera une lecture de ses carnets de voyage, à paraître sous le titre Les Lanceurs de Pierre aux Éditions Lansman, le mercredi 9 décembre de 17h à 18h.

Production Hôtel-Motel
Codiffusion Espace Libre

Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

Crédit photo : Frédérico Ciminari

par Olivier Dumas

Avec L’affiche, Philippe Ducros écrit et dirige un spectacle inspiré par des séjours prolongés dans les territoires occupés palestiniens. Œuvre personnelle et dense à la fois, la pièce demeure malgré tout trop cérébrale. Bien que le spectacle évite les clichés et lieux communs, il lui manque une ferveur pour véritablement happer le public devant cette tragédie humaine incommensurable.

Texte touffu avec son nombre élevé de courtes scènes et de personnages, L’affiche s’adresse surtout à un public le moindrement averti du contexte sociopolitique du conflit israélo-palestinien. L’histoire s’amorce avec Abou Salem, un imprimeur d’affiches de martyrs qui se retrouve un jour à imprimer celle de son fils unique Salem, mort par balle lors d’un affrontement. Oum Salem, la mère du martyr, ne vit rien d’autre qu’une profonde haine envers les assassins de son fils. Par ailleurs, Itzhak, le soldat responsable du meurtre de Salem, s’interroge sur la violence de son geste. Tout au long de la pièce, on passe sans cesse d’un camp à l’autre des drames qui se jouent des deux côtés de ce mur de huit mètres de haut construit par Israël.

Le plateau, presque vide avec en évidence à l’arrière-scène le mur de béton du théâtre, prend une dimension symbolique de ce qui sépare physiquement et psychologiquement les protagonistes. Les comédiens se retrouvent toujours sur scène, soit dans le feu de l’action, soit en attente sur les chaises placées des deux côtés de l’espace de jeu. Avec seulement quelques objets, le metteur en scène réussit à recréer assez habilement les différents lieux de l’action dans une atmosphère imprégnée de tensions et d’urgence. Parmi les moments forts à souligner, il y a l’expression du désespoir de la mère de la victime (une solide et émouvante Isabelle Vincent), la révolte du soldat Itzhak (un surprenant François Bernier) et les simulations d’attaques terroristes. Sans être exceptionnelle, la crédible distribution permet tout de même, en plus des deux comédiens mentionnés plus haut, à Denis Gravereaux et Michel Mongeau de se démarquer, le premier dans le rôle du père éprouvé, le second dans le double emploi du barbier islamiste et du rabbin orthodoxe.


Crédit photo : Frédérico Ciminari

Dans les entrevues publiées les jours précédant la première, Philippe Ducros exprimait son désir de traiter l’occupation palestinienne par l’émotion afin de comprendre les effets dévastateurs des événements sur les êtres humains. Et l’émotion est peut-être le sentiment qu’une bonne partie du public aurait aimé davantage ressentir durant ce long parcours de deux heures. La construction du texte, avec ses innombrables actions et ses multiples personnages, laisse voir un éparpillement qui dilue la compréhension de l’histoire. La plume de Ducros, pourtant plein de poésie à certains moments, parvient peu à nous faire ressentir la souffrance, le désespoir et les dilemmes profonds vécus par les personnages. Nous nous retrouvons souvent en surface, en périphérie comme si l’auteur n’avait pas puisé suffisamment dans ses tripes, ou fouetté son sujet pour en livrer un témoignage personnel d’une troublante vérité. On se rappellera qu’avec Incendies, Wajdi Mouawad traitant d’un conflit similaire, avait atteint un sommet théâtral dans sa manière de raconter, de faire ressentir de l’intérieur et de transcender une tragédie meurtrière et sanglante.   

Bien qu’évitant le larmoiement et le convenu, le spectacle de Philippe Ducros ne répond pour autant aux attentes du spectateur. Avec un canevas aussi intéressant, L’affiche aurait dû se frayer un chemin aussi près du cœur que de l’esprit.

05-12-2009
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