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Du 13 au 17 janvier 2015, 19h
RequiemsRequiem(s) King Lear Hygiène sociale Désobéissance civile Charte des raisons communes Vodka pour tous
Mise en scène Hanna Abd El Nour
Dramaturgie Ali Youssof
Avec Jérémie Aubry, Angie Cheng, Sarah Chouinard-Poirier, Ève Gadouas, Nora Guerch, Karina Iraola, Julien Thibeault

Utilisant Le Roi Lear de Shakespeare comme source d’inspiration, Requiem(s) King Lear est une véritable fête théâtrale. 

Dans un espace libéré de ses gradins, vivez cette expérience anarchique et immersive hors du commun!

L'écriture scénique est constituée d’un arrimage de poèmes, chants, slogans, idées, afin de tisser une matière verbale spontanée — scandée comme des phrases parlées ou entendues dans la rue — qui se module, se réinvente pour constituer les partitions du spectacle, composer ses scènes et ses tableaux.

Le spectacle propose une réflexion sur la genèse de la société québécoise, largement documentée et inspirée des écrits de grands penseurs et anthropologues québécois comme Fernand Dumont, Bernard Arcand et Serge Bouchard. Des fragments et des citations de ceux-ci s’y trouveront enfouis dans le texte donné en spectacle qui propose, tel que décrit par son auteur, «une mise en deuil festive et sensorielle de nos lieux communs québécois» : le pâté chinois, la chasse, la fin du mâle, le baseball, le hockey, la misère, les cartes, le cimetière, le caribou, et plus encore.


Assistance à la mise en scène Camille Robillard
Conception sonore Jean-François Blouin
Costumes Fruzsina Lanyi
Installation et espace Mazen Chamseddine
Lumières Martin Sirois
Direction de production Laurence Croteau-Langevin
Photo Albert Duce, Farwel Building Interior, 2009

ACTIVITÉS PARALLÈLES (à la suite de la représentation). Médiateur : Hanna Abd El Nour

- Mercredi 14 janvier : SHAKESPEARE NOTRE CONTEMPORAIN ?
— Invitée : Émilie Martz-Kuhn
- Jeudi 15 janvier : LE THÉÂTRE EST-IL NÉCESSAIRE ?
— Invité : Geoffrey Gaquère (directeur artistique, Espace Libre)
- Vendredi 5 décembre : LA CULTURE EST LE LIEU DE L'HOMME, POURQUOI PERSONNE N'Y HABITE ?
— Invité : Pierre Mouterde

Vendredi 5 décembre : LA CULTURE EST LE LIEU DE L'HOMME, POURQUOI PERSONNE N'Y HABITE ? — Invité : Pierre Mouterde

Billet régulier 32$
Billet (30 ans et moins) 25$
Billet du Studio Espace Libre 24$
Forfait PréVoir 24$

Une production URD (Québec) et Volte 21 (Montréal)


Espace Libre
1945, rue Fullum
Billetterie : 514-521-4191

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 Critique
Critique

par Sara Thibault

Party raté


Crédit photo : Christine Bourgier

En arrivant à l’Espace Libre pour assister à la pièce Requiem(s) King Lear Hygiène sociale Désobéissance civile Charte des raisons communes Vodka pour tous, les spectateurs sont invités à s’asseoir sur des piles de journaux compactés et ficelés. Au centre de la salle, deux structures de bois conçues par l’artiste Mazen Chamseddine rappellent à la fois des squelettes géants, des tunnels et des ponts suspendus. Rapidement, un shooter de vodka est servi à chacun des spectateurs pendant que le metteur en scène Hanna Abd Nour souhaite la bienvenue à tous et clame la liberté du public de se déplacer à sa guise durant le spectacle. Tous les ingrédients étaient réunis pour que la soirée soit une fête réussie autour d’une réflexion sur le Québec d’aujourd’hui, la liberté d’expression, etc. Et pourtant… Requiem(s) King Lear n’atteint pas sa cible.

Le texte consiste en un montage de poèmes, chants, slogans et monologues, organisés en courts tableaux. En plus d’extraits de la pièce King Lear de Shakespeare, on retrouve des extraits de penseurs et d’anthropologues québécois comme Fernand Dumont, Bernard Arcand et Serge Bouchard. Toutefois, la structure éclatée de la pièce ne rend pas service à ces grands textes, principaux porteurs de la critique politique du spectacle. L’équipe échoue à créer l’agora politique et l’espace de subversion annoncés. Au lieu de se sentir interpellé ou provoqué, le spectateur se fait voyeur de performances inégales qui frôlent la complaisance à plusieurs moments. Peut-être à cause de l’absence de véritable narration ou de la longueur démesurée du spectacle, soit 2 heures 15 minutes sans pause, le public tombe rapidement dans la léthargie. Les moments les plus intéressants de la pièce résident dans les courtes performances invitant directement les spectateurs à intervenir et à sortir de leur torpeur. Le combat de bras de fer entre un des comédiens et certains spectateurs, par exemple, a rappelé le caractère festif annoncé au début de la soirée. Il s’agit d’ailleurs du seul moment où les spectateurs se sont déplacés massivement pour assister de plus près à la scène. Les structures de bois si prometteuses en début de spectacle, en plus d’être sous-utilisées, obstruaient la plupart du temps la vue du public.

Pour ce qui est du lien avec Shakespeare, il est trop ténu pour mériter qu’on s’y attarde.  Les thématiques comme la famille, la société, l’économie ou la religion qui ont été puisées dans la pièce de l’auteur britannique sont tellement universelles qu’ils auraient pu être puisés dans presque n’importe quelle grande œuvre, et les personnages sont mentionnés sans être incarnés. Dans cette optique, quelle est la pertinence de mettre en place une telle filiation?

Une première mouture du spectacle avait été présentée au printemps dernier aux Écuries à Montréal et avait reçu un accueil plutôt chaleureux. La distribution était réduite, le décor était disposé différemment et les spectateurs étaient mieux intégrés à la représentation. Au lendemain de la première représentation, force est de constater que le spectacle n’a pas évolué dans la meilleure direction.

14-01-2015