Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 15 février au 24 mars 2012
OratorioL'Oratorio de Noël
Texte Michel Tremblay
Mise en scène Serge Denoncourt
Avec Raymond Bouchard, Kim Despatis, Johnatan Gallant, Maude Laurendeau, Pierre-François Legendre, Gabriel Lessard, Ginette Morin, Marie-Chantal Perron, Meggie Proulx Lapierre, Monique Spaziani.

Que se passe-t-il quand notre mémoire flanche? Comment ne pas paniquer quand, comme Noël, on tombe subitement dans des trous pour en ressortir tout à coup sans s’en rendre compte?

Noël est aux prises avec une maladie qui peut durer longtemps, des années même, une maladie qui fragilise sa mémoire, qui estompe ses repères, qui le prive par à-coups du contrôle de ses émotions.

Mais au moment où nous lui rendons visite, sa maladie n’est pas encore à un stade avancé. Lucide, il va nous raconter ce qu’il ressent, avec sérieux, mais aussi très souvent avec humour. Nous allons partager avec lui le moment présent et les souvenirs encore précis de sa vie passée.

L’Oratorio de Noël, du grand Tremblay, solide, efficace, lucide et généreux. Une incursion courageuse dans un univers où l’ombre et la lumière se livrent un combat de tous les instants.


Section vidéo
une vidéo disponible

     

Décor : Guillaume Lord
Costumes : François Barbeau
Éclairages : Martin Labrecque
Accessoires : Normand Blais
Assistance à la mise en scène : Suzanne Crocker


Conférence : Maladie d’Alzheimer, lorsque toute la famille en souffre
en collaboration avec Les Belles Soirées de l’Université de Montréal
Avec : Sven Joubert, professeur au Département de psychologie de l’UdeM et Patrice Roy, présentateur du Téléjournal 18 h à Radio-Canada
Où? Pavillon 3200, rue Jean-Brillant à Montréal
Quand? Le lundi 13 février, de 19 h 30 à 21 h 30
En savoir plus

Causerie DUCEPPE en temps réel
Le mercredi 22 février, de 17 h à 17 h 45

Pour tout savoir sur les coulisses de la pièce L’Oratorio de Noël, avec le metteur en scène Serge Denoncourt et les comédiens Raymond Bouchard et Michel Dumont.
Où? Espace culturel Georges-Émile-Lapalme, devant l’entrée du Théâtre Jean-Duceppe
GRATUIT

Soirée-rencontre
Le
mardi 28 février, immédiatement après la représentation
Pour chacun des 5 spectacles de la saison 2011-2012, DUCEPPE propose à ses spectateurs d’échanger avec le directeur artistique Michel Dumont, le metteur en scène, les comédiens et les concepteurs du spectacle. Tout détenteur d’un billet pour cette production peut assister à la soirée-rencontre. Un moment privilégié à ne pas manquer.
Où? Théâtre Jean-Duceppe

Rencontre
Le
mercredi 7 mars dès 12h15
Parlons « Théâtre et cinéma/télévision », avec Marie-Chantal Perron et Michel Dumont
Où? Espace culturel Georges-Émile-Lapalme, devant l’entrée du Théâtre Jean-Duceppe

PDA Junior : Le travail d’acteur selon Pierre-François Legendre
Le dimanche 11 mars de 12 h 15 à 13 h 15
Comédien et animateur vedette à VRAK.TV, Pierre-François Legendre a plus d’une corde à son arc! Lors de ce rendez-vous, il vous livrera son parcours scolaire et professionnel ainsi que sa vision du métier d’acteur. Découvrez ses techniques de jeu pour incarner son personnage dans la création de Michel Tremblay, L’Oratorio de Noël, au Théâtre Jean-Duceppe dès février 2012. Inscrivez-vous à cette rencontre intime et profitez des tarifs spéciaux « vous et votre ado » au 514 842-2112.
Où? Théâtre Jean-Duceppe
GRATUIT
Laissez-passer obligatoire disponible à la billetterie de la Place des Arts

Visite des coulisses, en compagnie de Michel Dumont
Jeudi 15 mars, de 17 h à 18 h 30
Cette rencontre en toute intimité est réservée aux abonnés de DUCEPPE.
Avec : le directeur artistique Michel Dumont et le directeur technique Vincent Rousselle.
Où? Théâtre Jean-Duceppe
Réservations : par téléphone, à compter de 10 h le mardi 7 mars, au 514 842-8194 (places limitées)


Une production - Duceppe


DUCEPPE
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

Youtube Facebook Twitter
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : François Brunelle

Pour sa trentième pièce en carrière, Michel Tremblay nous offre un témoignage touchant avec L’Oratorio de Noël. Sans égaler ses triomphes les plus remarquables, sa dernière offrande constitue un plat assez bien relevé.

Dans le paysage québécois, l’auteur se situe dans une classe à part. Depuis la révolution culturelle engendrée par Les belles-sœurs en 1968, son nom brille régulièrement sur les scènes de théâtre. Sans absence, sans fiasco retentissant, sans transition radicale entre ses productions et sans période de purgatoire, sa dramaturgie a transcendé les époques, courants et idéologies en plus de rallier différentes franges du public, autant dans les cercles plus populaires qu’intellectuels.

Par son titre qui fait directement référence à l’œuvre de Jean-Sébastien Bach, L’Oratorio de Noël constitue la longue et douloureuse traversée d’un prénommé Noël, un neurochirurgien réputé, atteint de l’Alzheimer. Professionnel redoutable et réputé « dans la grande ville de Montréal », ses relations familiales en ont par contre écopé en raison de son caractère irascible. Autant son ex-femme que ses deux enfants, une fille artiste-peintre et un fils devenu lui-même neurochirurgien, lui en veulent.

Michel Tremblay reprend la forme dramatique qui a façonné sa meilleure œuvre théâtrale, Albertine en cinq temps, soit de superposer plusieurs représentations des mêmes personnages à des âges différents de leur vie. Ainsi, le public voit sur la scène trois fois l’épouse, la fille et le fils. Par son approche à la fois rigoureuse et nuancée d’un sujet complexe, L’Oratorio de Noël s’inscrit en phase avec les préoccupations sociales d’aujourd’hui. Si la dimension tragique  domine le propos, quelques parcelles plus amusantes viennent désamorcer par moment les situations plus lourdes. L’échange vindicatif entre le père et sa fille dévoile entre autres, par quelques répliques mordantes, les préjugés sur la pertinence de l’art. Non seulement s’en prend-il à sa fille devenue une artiste réputée, mais considérant son gendre comme un cinéaste raté et un parasite du système, il le qualifie de « documentariste de gauche ». Un autre moment cocasse, celui sur les larmes du protagoniste en visionnant sur DVD la mort de la mère de Bambi, semble sorti tout droit des savoureuses pages du recueil de souvenirs Les vues animées du même Tremblay qui portait sur ses impressions de cinéphile.

Par contre, certaines faiblesses empêchent la nouvelle création de briller à la même enseigne que Le Vrai Monde ou encore À toi pour toujours ta Mari-Lou. Est-ce la faute du texte ou de la fébrilité des interprètes le soir de la première médiatique, mais les transitions manquaient souvent de clarté. Cette situation affecte particulièrement les personnages du milieu du fils et de la fille qui ne se démarquent pas suffisamment des deux autres pour créer des contrastes nettement significatifs ; l’effet demeure plus réussi entre la figure la plus âgée, celle de la réalité et la plus jeune, soit la plus ancienne dans les souvenirs du protagoniste. Par ailleurs, le récit manque d’une progression continue pour aboutir au crescendo final. Crescendo qui contient moins d’éclairs fulgurants dont le dramaturge a pourtant le secret. La mise en scène de Serge Denoncourt demeure simple, efficace et rythmée, mais ne crée pas d’étincelles mémorables. Certaines possibilités de l’écriture auraient pu être davantage exploitées. L’idée d’asseoir les personnages derrière le rideau en plastique qui délimite l’espace de jeu parait intéressante ; or, sa réalisation scénique se perd dans un flou artistique qui pour les spectateurs n’atteint pas sa cible.


Crédit photo : François Brunelle

Durant le dernier quart d’heure du spectacle, le principal protagoniste confie, dans un monologue amorçant son inéluctable déclin, ses angoisses et ses regrets sur sa vie. L’auteur nous empêche d’adhérer immédiatement à cette tragédie personnelle. Le ton trop cérébral et descriptif s’incline heureusement vers une plus grande justesse en cours de route pour illustrer l’abdication d’un homme fragilisé par la maladie qui se voit dépérir à vue d’œil. Très émouvantes, ces dernières paroles s’inscrivent dans la meilleure eau tremblayenne, d’autant plus que les figures masculines de sa dramaturgie ont rarement été aussi vulnérables, aussi profondément humaines dans l’expression de leur mal de vivre et de mourir.

Parmi la dizaine d’acteurs présents sur le plateau, certains se démarquent plus particulièrement, aidés entre autres par des personnages aux contours mieux définis. Gabriel Lessard (le fils adolescent) et Kim Despatis (l’épouse de la période du mariage) offrent des prestations touchantes et senties. Marie-Chantale Perron (la fille devenue peintre réputée) est solide, avec une pointe d’humour, dans sa scène de confrontation avec son père. Après une longue absence sur les planches, Raymond Bouchard compose un Noël complexe, rempli de sensibilité, de colère et de rage trop longtemps refoulées. Il porte la pièce sur ses solides épaules, tel l’alter ego de l’écrivain pudique devant la déchéance intellectuelle qu’est l’Alzheimer.

Avec L’Oratorio de Noël, Michel Tremblay continue de creuser pour faire éclater au grand jour nos fragilités. Bien que sa nouvelle création n’atteigne pas les sommets d’intensité de ses chefs d’œuvres, elle expose une fois de plus la pertinence et l’acuité d’un artiste qui trouveront, encore une fois, un écho favorable auprès de son fidèle et nombreux public.

20-02-2012