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Du 9 avril au 17 mai 2014 + supplémentaire 14 mai 19h30 et 15 mai 20h
Les liaisons dangereusesLes liaisons dangereuses
Texte Christopher Hampton
Mise en scène et traduction Serge Denoncourt
Avec Julie Le Breton, Éric Bruneau, Annick Bergeron, Kim Despatis, Magalie Lépine-Blondeau, Kasia Malinowska, Jean-Moïse Martin, Lénie Scoffié, Philippe Thibault-Denis

L’amour, le pouvoir, la manipulation, le désir et la sexualité : des thèmes jamais surannés, toujours d’actualité. Avec Les Liaisons dangereuses, vous êtes conviés dans les salons de la noblesse française pour découvrir le plan machiavélique et sans scrupule du vicomte de Valmont et de la marquise de Merteuil.

L’entreprise est simple, la marquise de Merteuil veut se venger lorsqu’elle apprend que son ancien amant épousera la jeune et vertueuse Cécile Volanges, tout juste sortie du couvent. Elle proposera donc au flamboyant séducteur qu’est Valmont de faire fondre de désir et d’envie la jeune promise afin de la « salir ». Mais ce n’est pas assez pour ces perfides hypocrites et cruels personnages, Valmont veut une deuxième victime : la prude et fidèle présidente de Tourvel. S’il ramène une preuve écrite de son succès, il aura le privilège de passer une dernière nuit avec la marquise de Merteuil… Un plan diabolique qui n’aura pas l’issue escomptée et qui risque de prouver violemment l’adage : Tel est pris qui croyait prendre…

Les Liaisons dangereuses, une œuvre magistrale, une satire cinglante sur l’attirance mutuelle et l’amour et les mensonges que nous proférons pour l’atteindre.


Section vidéo
deux vidéos disponibles

    

Décor : Guillaume Lord
Costumes : François Barbeau
Éclairages : Étienne Boucher
Conception sonore : Nicolas Basque
Accessoires : Normand Blais
Assistance à la mise en scène : Suzanne Crocker

Une production DUCEPPE


DUCEPPE
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

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 Critique
Critique

par Geneviève Germain

« L'homme jouit du bonheur qu'il ressent, et la femme de celui qu'elle procure. Le plaisir de l'un est de satisfaire des désirs, celui de l'autre est surtout de les faire naître. »
 - Pierre Choderlos de Laclos


Crédit photo : François Brunelle

Libertinage, jeux de séduction, rivalité et mensonges sont au cœur du récit des Liaisons dangereuses. Fruit de l'imagination de Pierre Choderlos de Laclos, l'œuvre datant de 1782 a fait l'objet de nombreuses adaptations. La plus connue est sans doute celle de Christopher Hampton. Après avoir pris d'assaut les planches des théâtres français en 1985, son adaptation lui a ensuite valu la gloire en remportant l'Oscar du meilleur scénario pour le film du même nom en 1988. D'ailleurs, l'impressionnant jeu de la distribution de Dangerous Liaisons (Glenn Close, John Malkovitch, Michelle Pfeiffer, Uma Thurman) a laissé des traces indélébiles chez les amateurs d’histoires de mœurs et a mis la marche bien haute pour le metteur en scène Serge Denoncourt. Heureusement, l'adaptation au grand écran date un peu et accorde un certain recul aux spectateurs qui voudront découvrir, ou redécouvrir, cette histoire machiavélique.  Serge Denoncourt redonne vie à ce récit avec splendeur et doigté, dans un décor et une mise en scène minutieusement détaillés.

Il n'est pas de personnages épargnés dans les Liaisons dangereuses: chacun se fait manipuler par l'un ou l'autre des protagonistes dans un dessein purement destructeur. La marquise de Merteuil (Julie Breton), riche et devenue veuve à un jeune âge, se pose en battante pour « venger son sexe » en s'offrant le peu de liberté que peut s'offrir une femme de son époque, c'est-à-dire en cumulant les amants et en les jetant successivement, tout en réussissant à préserver les apparences. Parmi ses anciennes victimes se trouve le vicomte de Valmont (Éric Bruneau), bien connu pour son charisme et ses talents de séduction. Dans une rivalité perverse, la marquise promet une récompense, que l'on devine charnelle, au vicomte, si ce dernier détrousse la jeune Cécile Volanges (Kim Despatis) de sa virginité, tout cela pour se venger de son dernier amant qui a le projet d'épouser ladite jeune femme. De son côté, le vicomte a d'autres projets, soit de conquérir le cœur de la puritaine présidente de Tourvel (Magalie Lépine-Blondeau), une jeune et fervente épouse. En sous-texte, on comprend que le vicomte éprouve un certain amour pour la marquise, puisqu’elle est la seule qui puisse lui tenir tête, sentiment qui semble partagé. Malgré tout, la marquise devine son amour naissant pour la présidente de Tourvel et lui demande de rompre avec elle. Les événements qui suivent les mènent tous deux à leur perte alors qu’ils se croyaient au sommet de leur art.

L’action se déroule dans un décor à l’image de la noblesse française : multiples fauteuils d’époque, piano à queue et rideaux opulents meublent l’espace qui tournoie au fil des scènes. À l’aide d’un milieu de scène qui pivote, le changement de lieu se fait tout en douceur, sans murs et cloisons superflues. D’ailleurs, les costumes sont également à l’image du décor, chacun étant à la fois classique et luxueux.

La mise en scène mise sur l’incarnation même du libertinage de l’époque. Serge Denoncourt ne rate d’ailleurs aucune occasion offerte un tant soit peu par le texte de dénuder ses personnages. D’ailleurs, leur action est très explicite et l'on assiste à des moments qui laissent peu de place à l’imagination. Ce choix pousse à l’extrême les propos sexuels de la pièce et fort est à parier que ce choix peut autant plaire que grandement déplaire aux spectateurs. Il n’en demeure pas moins que l’ensemble est cohérent et donne vie avec vigueur et aplomb à cette histoire qui ne semble pourtant pas avoir vieilli. Les acteurs évoluent aisément dans cette mise en scène directe et efficace et livrent ensemble un jeu harmonieux. Aucun acteur ne détonne, chacun sachant livrer ses sentiments avec retenue, contrairement au dénuement de leur peau.

Les Liaisons dangereuses demeure un récit fascinant, surtout pour l’époque à laquelle il a été écrit. Il met de l’avant l’intrigante intelligence d’une femme qui sait tirer les bonnes ficelles au bon moment pour s’octroyer un semblant de liberté. La version qu’offrent Serge Denoncourt et le Théâtre DUCEPPE est habile et originale, tout en demeurant fidèle au récit. À voir pour redécouvrir ce classique.

13-04-2014