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Du 19 février au 29 mars 2014
SunderlandSunderland
Texte Clément Kosh
Mise en scène et adaptation Serge Postigo
Avec Catherine-Anne Toupin, Eloi ArchamBaudoin, Karine Belly, Frédéric Blanchette, Debbie Lynch-White, Marie-Claude Michaud, Marie-Ève Milot et Henri Pardo.

Bienvenue à Sunderland, petite ville du nord de l’Angleterre. Une usine d’abattage de poulets ferme pour cause de grippe aviaire. Une ancienne reine de beauté se retrouve sans le sou. Une petite sœur autiste compte les fourmis. Une travailleuse sociale intraitable menace de l’emmener. Et une meilleure amie est devenue experte en téléphone rose.

Sally, ex-Miss Sunderland, a un besoin criant d’argent. Si elle ne trouve pas de travail, on va lui enlever la garde de sa petite sœur autiste, les autorités jugeant qu’elle serait plus en sécurité à l’hôpital. Les temps sont durs dans une petite ville où le football et la bière sont les meilleures drogues contre le chômage. Elle ne voit qu’une solution à son problème : devenir mère porteuse. Mais elle ne peut compter que sur elle-même; la vie ne fait pas de cadeaux. À la sauce Full Monty, cette comédie sociale explore le pouvoir du don de soi, de l’amour inconditionnel et de l’esprit de solidarité qui permettront peut-être de trouver enfin une porte ouverte.

Sunderland, une œuvre vraie, solide et incontournable.


Section vidéo


Décor : Jonas Veroff Bouchard
Costumes : Daniel Fortin
Éclairages : Matthieu Larivée
Musique : Christian Thomas
Accessoires : Normand Blais
Assistance à la mise en scène : Marie-Hélène Dufort

Une production DUCEPPE


DUCEPPE
175, rue Sainte-Catherine O. - Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112, 1-866-842-2112

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 Critique
Critique

par Geneviève Germain


Crédit photo : François Brunelle

Avec Sunderland, la compagnie DUCEPPE mise sur la nouveauté : d’abord en présentant la deuxième pièce d’un jeune auteur français inconnu du public québécois (Clément Koch), ensuite en confiant l’adaptation et la mise en scène à Serge Postigo, qui en est à sa première collaboration avec cette compagnie de théâtre. Malheureusement, malgré quelques éléments d’écriture intéressants et une histoire pourtant humaine qui ose aborder des sujets délicats, tel l’autisme, plusieurs composantes de la pièce ont été mal assorties, tant en rapport au langage qu’au jeu, faisant de Sunderland un assemblage un peu brouillon et décevant.

La pièce nous transporte dans l’univers de Sunderland, une banlieue pauvre d’Angleterre où le principal gagne-pain de ses résidents, l’usine d’abattage de poulets, vient de fermer ses portes. Sally (Catherine-Anne Toupin), anciennement couronnée Miss Sunderland, tente de conserver la garde de sa jeune sœur autiste, Jill (Marie-Ève Milot), alors que les services sociaux menacent de la placer en centre d’hébergement, car Sally n’a aucune source de revenus depuis plus de 6 mois. Pour se sortir du pétrin, Sally décide de «louer son utérus» à titre de mère porteuse. À ses côtés, on retrouve Ruby (Karine Belly), sa meilleure amie et colocataire qui tient une ligne de téléphone érotique, ainsi que Gaven (Frédéric Blanchette) son serviable voisin et éternel amoureux éconduit.

Dès la toute première scène, le niveau de langage choisi pour l’interprétation déstabilise tant il est inégal. On comprend que la pièce a été écrite par un auteur français et qu’elle a du être adaptée pour un public québécois, mais alors que le personnage de Gaven s’exprime en joual bien affirmé, on a Ruby qui s’exprime avec un fort accent français (on apprendra par la suite qu’elle est de descendance française) et Jill qui s’exprime en québécois plus normatif, ou modéré. Le contraste  et la surprise apportés par ces différents accents minent l’appréciation des premières scènes, bien qu’on finisse par s’en accommoder.

L’importance du propos nous réconcilie un peu avec la pièce. Sunderland présente la dure réalité d’une vie ouvrière, où les opportunités de s’en sortir sont rares, voire inexistantes. Pourtant, les propos plus difficiles sont allégés par un humour dont on sent bien la pointe britannique. On prend plaisir à assister à l’enthousiasme tout anglais d’assister à un match de foot et de porter les couleurs de l’équipe, même pour la jeune autiste qu’est Jill. D’ailleurs, le sujet de l’autisme est abordé avec beaucoup de doigté et donne lieu à quelques belles répliques, comme lorsque Sally déclare à propos de sa sœur qu’il «faut qu’on fasse avec ce qu’elle est, pas ce qu’on voudrait qu’elle soit».

Alors que le sujet de l’autisme est bien présenté, d’autres sujets délicats sont approchés plus maladroitement. Par exemple, l’épineuse relation entre Sally et sa mère, femme qui ne voulait pas d’enfant et qui s’est suicidée à même le salon de la maison où ses filles résident. Les apparitions de la défunte mère ne semblent pas toujours à propos et nuisent au rythme de la pièce. À l’inverse, la question soulevée par le fait de devenir mère porteuse pour un couple homosexuel, moment fort de la pièce, aurait mérité une place plus importante. En somme, l’écriture de Clément Koch aborde plusieurs questions intéressantes, sans toutefois les explorer complètement ni en exploiter leur plein potentiel.

Du côté du jeu des acteurs, Marie-Ève Milot réussit habilement à reproduire plusieurs traits autistes par sa démarche incertaine, son regard parfois fuyant et ses doigts sans cesse en mouvement. Karine Belly offre plusieurs des moments humoristiques de la pièce avec simplicité et aplomb. Malheureusement, le mélange dramatique-humoristique ne réussit pas aussi bien du côté de Catherine-Anne Toupin, qui laisse l’impression de vouloir trop appuyer son jeu.

Sunderland aurait pu devenir une belle mise pour la compagnie DUCEPPE en mettant de l’avant un jeune auteur et un nouveau ton de mise en scène. Malheureusement, la pièce manque de cohésion et souffre d’un manque de rodage de plusieurs détails qui s’additionnent pour un ensemble imprécis.

23-02-2014