Du 1er au 6 décembre 2009, mardi au sam. 20h, relâche jeudi
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DéversoirDéversoir

(théâtre - contorsion - vidéo / France)
Mise en scène et interprétation : Angela Laurier
Avec la participation de Dominique Laurier et Timothy Ward-Laurier

Comment renoncer au contorsionnisme, quand bien plus qu’une technique, celui-ci est dépositaire d’un drame existentiel fondateur. Angela Laurier n’a pas vu que le bonheur dans sa famille, à commencer par l’éprouvante démence et l’enfermement psychiatrique de son frère ; ce frère, réputé à jamais dépendant des cercles familial et thérapeutique, qui l’accompagne en tournée sur la planète entière. Elle est sûre que c’est au vu de son confinement qu’elle décida de livrer son propre corps à une torture du repliement introspectif. Sa propre part de folie. Son obsession. Déversoir est l’aboutissement d’un insolite projet de théâtre physique autofictionnel utilisant aussi le documentaire. Le corps virtuose mis au service d’un propos violemment intime.

Angela Laurier n’est pas raisonnable ; à quarante-cinq ans passés, alors qu’à cet âge les contorsionnistes ont déjà renoncé depuis au moins une décennie à leur éprouvante spécialité, elle continue. Cette Française d’adoption épouse une nouvelle carrière d’auteure scénique et de metteure en scène après avoir brillé dans des superproductions circassiennes, telles celles du Cirque du Soleil. En France, son parcours passe notamment par les Subsistances à Lyon, lieu d’excellence dans la détection des formes artistiques émergentes et peu classables

Scénographie : Florent Pasdelou
Costume : Myriam Remoissennet
Création robe camisole : Goury
Musique et vidéo : Manuel Pasdelou
Lumière : Richard Croisé
Collaboration artistique : Julien Laurier, Gen Shimaoka

Une présentation La Chapelle - une production Compagnie Angela Laurier - Une coproduction Les Subsistances, Lyon ; La Verrerie D’alès, Pôle Cirque Languedoc-Roussillon ; Festival Court Toujours, Scène Nationale De Poitiers ; La Brèche, Centre Régional Des Arts Du Cirque De Basse-Normandie ; Le Parc De La Villette, Paris ; L’Agora, Scène Conventionnée, Boulazac

La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

par Gabrielle Brassard


Crédit photo : J. Valesco

Angela Laurier présente une création indescriptible, hautement intimiste, émouvante et terrible.

La contorsionniste de 47 ans est loin du Cirque du Soleil, où elle a œuvré pendant des années, avec son spectacle Déversoir.

Mélange de contorsion, de vidéo, de bruitage et de musique, Déversoir semble inclassable. Mais au centre de tout : la famille. Le frère schizophrène, le père désabusé, la mère sensible, les voyages familiaux, les enfants trop nombreux, et Angela, au milieu. Elle se tord le corps pour nommer ce qui est innommable; la douleur, la colère, le mal-être.

L’artiste ne parle pas beaucoup dans sa création, laissant plutôt la place aux nombreuses images vidéo de son père et se son frère. Ponctuée de bruits du corps qui se plie, de souffle et de légère musique (concoctée par le complice Manuel Pasdelou), la technique sert de support à Angela, qui se fond dans les témoignages et les images.

Dans un décor pratiquement inexistant, c’est l’aspect technique qui fait l’essentiel de la mise en scène. Angela passe le reste par son corps, qui fait des choses qui semblent humainement impossibles, accompagnées des bruits qui donnent froid dans le dos, mais qu’on ne peut qu’admirer.

Dommage de n’entendre pas plus la créatrice de cette œuvre si spéciale et unique. De petites longueurs dans les témoignages sont parfois présentes, mais l’heure que dure le spectacle passe néanmoins à toute vitesse.

L’amour est certainement le sentiment qui ressort de Déversoir. Malgré tous les sentiments contradictoires et les obstacles de cette famille de neuf enfants, dont un malade qui prend beaucoup de place, l’unité, la complicité et la fierté sont bien présentes. Au moment du salut, on est ému de voir une sorte de réconciliation, le frère bien présent et faisant partie du spectacle, malgré tout.

Il faut vraiment voir Déversoir pour en comprendre toute l’essence et la complexité. Bien au-delà d’une simple performance physique, Déversoir est un spectacle courageux, inclassable, mais magistral, original et exutoire, autant pour Angela que pour le spectateur.

02-12-2009

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