Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 29 janvier au 9 février 2013, 20h
Regarde mamanRegarde maman, je danse
théâtre - Belgique
Texte et interprétation Vanessa Van Durme
Mise en scène Frank Van Laecke

Une table en formica et deux chaises, l’espace sobre et intime d’un coin de scène transformé en cuisine minimale… Le lieu idéalement simple choisi par le metteur en scène Frank Van Laecke pour faire entendre les confidences d’une femme extraordinaire, celles de la comédienne Vanessa Van Durme. C’est dans un déshabillé de soie rose, pieds nus qu’elle nous accueille depuis le plateau pour nous raconter son histoire, celle du premier transsexuel de la ville de Gand. L’épopée d’une Madone réinventée et les multiples embûches d’un chemin de croix aboutissant à la libération d’une âme prisonnière qui savait ne pouvoir exister que dans un corps de femme. Avec ce monologue, dans lequel elle parle avec une franchise étonnante de son changement de sexe, elle espère faire tomber les préjugés du public et lui montrer que les gens « qui sont autres » sont aussi… des gens.
Si le théâtre vit grâce à la tension entre l'action de dissimuler et celle de démasquer, Regarde maman, je danse est la sublimation des deux. Lentement mais résolument, une femme transsexuelle se dépouille de soixante ans de vie, jusqu'à nous dévoiler le tréfonds de son âme. La rencontre est une véritable confrontation. Les flèches qu'elle décoche font mouche. Le monologue est un long fado captivant sur la lutte d'un individu pour trouver le bonheur, tout simplement. -Frank Van Laecke

VANESSA VAN DURME
Vanessa Van Durme a écrit de nombreux scénarios pour la télévision, une vingtaine de pièces de théâtre et fut pendant cinq ans, une figure populaire à la radio belge. C’est grâce au chorégraphe et metteur en scène Alain Platel des Ballets C.de la B. qui lui offre le rôle de Tosca dans Tous des Indiens (Allemaal Indiaan), spectacle présenté au FTA en 2001, que Vanessa Van Durme fait un retour sur les planches et surtout qu’elle est remarquée par le public. Regarde maman, je danse a été présenté au Théâtre des Abbesses (Théâtre de la Ville) et un peu partout en Europe. Elle a ému le public montréalais lors de son passage au FTA 2011 dans la superbe pièce GARDENIA.


Coaching Griet Debacker
Lumière Jaak Van de Velde
Traduction Monique Nagielkopf

Une présentation La Chapelle
Une production Swan Lake
Une coproduction La Rose des Vents, Villeneuve d’Ascq, Le Rive Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray, Théâtre de la Ville, Paris, avec le support de la ville de Gand, et avec l’aimable aide de Théâtre Victoria Gand.


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

Youtube Facebook Twitter
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Isabelle Girouard


Crédit photo : Franck Debrock

Récit de vie d’une femme transsexuelle, Regarde maman, je danse s’inscrit dans la lignée des pièces coup de poing qui nous obligent à nous départir de certains tabous.  Ce monologue à la fois poignant et désopilant intéressera les spécialistes du sujet comme les non-initiés, d’autant plus que c’est l’auteure même du texte qui interprète son personnage.

Sur scène,  Vanessa Van Durme nous raconte avec un naturel désarmant comment elle  découvre très tôt être atteinte d’un mal-être dont l’origine se trouve à la fois dans sa tête et sous la ceinture.  Née dans la peau d’un garçon, elle ne rêve que d’une chose : être une fille.  Nous sommes en Belgique dans les années soixante-dix, société qui n’offre encore que peu d’espace pour remettre en question les identités de genre et de sexe. Dans ces conditions, peut-on seulement espérer un jour être soi-même, accepté et aimé?  La réponse est toute simple : oui.  Du moins, c’est ce qui transparaît à travers le récit de Vanessa, bien que le chemin pour s’y rendre soit long et sinueux.  À l’âge de 17 ans, elle fait le choix irrémédiable de changer de sexe et doit abandonner ses études d’art dramatique.  Écartée de la société, elle travaille dans le milieu de la prostitution pendant plus d’une dizaine d’années.  Elle finit par amasser la somme faramineuse nécessaire pour défrayer les coûts de la chirurgie et se rend jusqu’au Maroc où pratique l’unique spécialiste connu de l’époque.  De retour dans son pays natal, elle n’en poursuivra pas moins son combat de guerrière afin de trouver la place qui lui revient.

Le récit ne sera interrompu que le temps d’une gorgée d’eau,  puisqu’il faut bien reprendre son souffle.  L’auteure et interprète est visiblement dotée d’un talent pour l’écriture et d’un sens inné de l’humour.  Mis à part quelques trébuchements sur le plan de la diction, sa performance est d’une grande authenticité et sa parole franche nous parvient droit au cœur. Le spectacle, mis en scène par Frank Van Laecke, est très réussi, passant du rire aux larmes.

Ce n’est que vers la quarantaine que Van Durme renoue avec les arts, en se mettant à l’écriture pour le théâtre, la télévision et la radio. Ce sera son rôle dans la pièce Allemaal Indiaan/Tous des Indiens (mise en scène par Alain Patel) qui marquera le coup d’envoi de sa carrière sur scène. Elle écrit le livre Kijk mama, ik dans (Regarde maman, je danse) en 2006, qui deviendra par la suite la pièce solo qu’elle interprète dans quatre langues différentes à travers l’Europe et les États-Unis.  Venue chez nous en 2011 pour présenter Gardenia, elle en est aujourd’hui à la 250e représentation de ce magnifique solo, profond et touchant, qui ne laisse personne indifférent.

31-01-2013