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Du 10 au 14 mai 2016, mardi au samedi 20h
Plyball
Théâtre et installation sportive
Texte et mise en scène Gabriel Plante
Avec Gabrielle Côté, Alexis Lefebvre et Simon-Xavier Lefebvre

Le Plyball est un sport facile à jouer. Tout le monde comprend le Plyball facilement et tout le monde est invité à jouer au Plyball. Pourquoi? Parce que le but du Plyball c’est non seulement de battre ton adversaire, mais aussi de battre l’arbitre. Le Plyball est un sport qui entraîne à la révolte parce que dans ce sport, l’arbitre est injuste, il est de trop.

Tout le monde veut jouer au Plyball.

« Le projet consiste à envisager les normes des institutions comme les règlements d’un grand sport joué à l’échelle sociale. Ce sport sera pratiqué par deux acteurs et régi par un arbitre. Le spectacle interrogera notre relation à l’autorité en opposant le représentant des règles, l’arbitre, à l’esprit sportif, incarné par les joueurs. Plus que des éléments sportifs, ces deux concepts se retrouvent dans le discours social. Peut-on réellement décider de normes pour notre société et les consigner dans une institution comme on inscrit, en bloc, les règles d’un sport dans un livre de règlements? Ou bien, est-il mieux de s’en remettre à l’esprit citoyen pour le bon fonctionnement de notre société comme une ligue de hockey de « garage » s’en remet à l’esprit sportif pour le bon déroulement de la partie quand il n’y a pas d’arbitre disponible? »

Au moment de terminer sa formation en écriture dramatique en 2015 à l'école Nationale de théâtre du Canada, Gabriel Plante avait déjà produit deux spectacles depuis 2012 : Clap Clap et Cube Blanc présentés entre autres à La Chapelle, au OFFTA et aux Chantiers du Carrefour international de théâtre de Québec. Gabriel Plante travaille la décontextualisation des récits. Cette démarche pousse l'auteur à déceler de la dramaturgie là où on ne croirait pas qu'elle s’y cache.


Section vidéo


Assistance Camille Gascon
Scénographie Joel Desmarais (Machine)
Lumières Vincent De Repentigny
Costumes Cloé Alain-Gendreau
Son Jacques Poulin-Denis
Photo Maxim Paré Fortin

Sur place
Tarif régulier 29$
Tarif réduit 25$*
Abonnement de saison 300$
Forfait tout cru 96$
5 spectacles pour 100$
4 x 4 : voyez un spectacle entre amis 88$
3 spectacles et + 22$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.

En ligne
Tarif régulier 32,50$
Tarif réduit 28,50$*
Abonnement de saison 303,50$
Forfait 5 spectacles non-disponible en ligne
3 spectacles et + 25,50$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.

Une production La Serre Arts Vivants
Une première étape de travail de Plyball fut présentée lors de la 9e édition du OFFTA, en juin 2015. Grace à sa démarche novatrice et audacieuse en arts vivants, Gabriel Plante s'est mérité la Bourse à l'audace - Caisse de la culture.


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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Critique

Dès l’entrée en salle des spectateurs, deux joueurs se font face sur un terrain de plyball, un jeu inventé qui mélange le squash et la balle au mur. Équipés de dossards, de lunettes et de protège-genoux, ils doivent s’échanger deux balles en les faisant rebondir au sol, puis au mur. Sur un écran, les sept règles du plyball sont affichées, afin de permettre au public de suivre le déroulement de la partie. Une chaise très haute est installée au fond de la scène, prête à accueillir un éventuel arbitre. Les deux joueurs semblent prêts à donner tout ce qu’ils ont pour livrer un bon match.


Crédit photo : Maxim Paré Fortin

Conçu par Gabriel Plante, Plyball se veut un spectacle qui prend la création d’un nouveau sport – le plyball – comme point de départ pour réfléchir à notre rapport à l’institution, aux règles, à l’autorité et au pouvoir. Si l’idée de départ est excellente, le résultat n’est pas convaincant et se limite essentiellement à la performance sportive tout de même épatante d’Alexis Lefebvre et de Simon-Xavier Lefebvre. Parce que même si l’on est au théâtre, les deux hommes n’ont d’autre choix que de jouer pour vrai, motivés par la volonté de se montrer plus mâle et viril que son adversaire.

Durant les premières minutes du spectacle, les joueurs s’échangent les balles, verbalisent les fautes commises par leur adversaire et comptent leurs points à haute voix. Le public peut ainsi prendre le temps de bien comprendre les règles du jeu.

L’arrivée de l’arbitre aurait pu déclencher la réflexion sociohistorique attendue, mais ses brèves interventions adressées au public sous la forme de questionnements et d’hypothèses manquent de pertinence. On retrouve à plusieurs moments des amorces de raisonnements, mais les artistes semblent avoir manqué de temps ou d’inspiration pour les développer. La mise en scène laisse par exemple entrevoir une allusion à l’éternel affrontement entre Rouges et Bleus dans la politique québécoise, laisse présager une possible révolte des joueurs contre l’arbitre, amorce une prise de conscience chez les spectateurs sur leur rapport à la justice… Mais rien de tout cela ne finit par advenir réellement. Le spectacle se termine d’ailleurs abruptement, alors que les spectateurs restent interloqués devant une fin qui tombe à plat.

C’est sur le plan sociologique que Plyball acquiert un certain intérêt. Le spectacle arrive à susciter des comportements démesurés et inattendus chez les spectateurs. Amené à prendre parti pour l’un ou l’autre des deux joueurs par l’arbitre, le public est rapidement divisé en deux camps. Les spectateurs sont d’ailleurs invités à changer de place physiquement pour rejoindre les gens de leur « clan ». Comme on aurait pu le remarquer avec certains fans de hockey, plusieurs personnes deviennent partisanes au point d’insulter l’adversaire, de huer l’arbitre et d’intimider ceux qui ne pensent pas comme eux. Le public silencieux et docile du théâtre habituel se transforme presque immédiatement en un groupe impliqué et agité. Toutefois, même cet engouement s’estompe rapidement, comme si les artistes n’avaient pas su comment alimenter cette vague de partisanerie qu’ils avaient eux-mêmes provoquée efficacement.

Bien que Plyball se démarque par l’originalité de sa forme, les prises de position que l’on y retrouve sont consensuelles et suscitent peu la réflexion. On en vient à se demander ce qui distingue finalement le spectacle d’une simple joute sportive que l’on aurait pu regarder à la télé.

12-05-2016