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Du 1er au 5 décembre 2015, 20h
Ma tête est une ruche
Théâtre
Texte Sébastien Tessier
Mise en scène Patrick R. Lacharité
Avec Véronique Beaudoin, Joanie Douville, Ariane Lavery, Jessica Léveillée-Lemay, Jérémie Pratte, Sébastien Tessier, Philippe Thibault-Denis, Alex Trahan

« Je… Je… j’suis ici pour me mettre à nu. Parler, sans trop réfléchir. Parler. Ne pas tout garder à l’intérieur. Parler, genre enlever les carapaces, parce qu’y’en a trop. Y’a trop de carapaces. Parler. Parler comme on parle, comme on s’ouvre à la personne qu’on aime. Peu importe son sexe. J’ai comme, on pourrait dire, j'ai comme fait une bêtise. Je m’ennuie de toi Mélodie. »

« Dans le processus créatif, nous avons d’abord réalisé un laboratoire, né d'un dialogue entre nous, des gens d’une même tranche d’âge et de milieux similaires, dans le but de découvrir les réelles problématiques dans nos liaisons interpersonnelles et de nos perceptions de celles-ci. Cette rencontre nous a permis d'aller à contre-sens des préjugés et des apparences. De là en ressort une question identitaire qui nous semble plus qu'urgente à poser : sommes-nous tous empreints de ce besoin de mentir pour nous sortir de notre solitude et pour entrer en relation avec les autres? Ma tête est une ruche est un constat de cette solitude présenté à travers un amalgame de tableaux où des personnages s'esquissent, se confrontent et se dévoilent, parfois dans l'absurdité et d'autres fois, dans une ligne franche et directe. » 

Patrick R. Lacharité est diplômé en 2012 de l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM. Depuis son arrivée dans le milieu professionnel, il a été dirigé par nombreux metteurs en scène de la relève, dont Frédérick Moreau, Philippe Boutin, Félix-Antoine Boutin, Geneviève L. Blais et Vincent Pascal. Attiré par la performance, il travaille aux cotés de la jeune chorégraphe Audrey Rochette pour créer CAKE, courte pièce présentée initialement à Danses Buisonnières, puis au festival Bouge d'Ici et au festival Zone Homa. C'est avec Ma tête est une ruche, qu'il signe sa deuxième mise en scène en carrière.


Lumières Julie Basse
Conception sonore Ariane Lamarre
Mouvement Audrey Rochette
Scénographie Anne-Sara Genron
Costumes Charlotte Girard
Direction de production Béatrice Gingras
Photo Guillaume Briand

Sur place
Tarif régulier 29$
Tarif réduit 25$*
Abonnement de saison 300$
Forfait tout cru 96$
5 spectacles pour 100$
4 x 4 : voyez un spectacle entre amis 88$
3 spectacles et + 22$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.

En ligne
Tarif régulier 32,50$
Tarif réduit 28,50$*
Abonnement de saison 303,50$
Forfait 5 spectacles non-disponible en ligne
3 spectacles et + 25,50$/billet
* 30 ans et moins + artistes membres d'une association professionnelle, sous présentation d'une carte valide.

Production Patrick R. Lacharité et Sébastien Tessier


La Chapelle
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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Critique



Crédit photos : Charles F. Marquis

«Je… Je… j’suis ici pour me mettre à nu.» Et c’est ce qu’il fait, littéralement. À peine entré en scène, l’auteur et comédien Sébastien Tessier se déshabille, ne laissant que bobettes et chaussettes. Son personnage est le fil rouge de la pièce, qui revient nous parler entre les différents tableaux. Il murmure, parle vite, hurle. Il est un peu fou. Ou est-il finalement normal, simplement humain? La ruche, c’est sa tête. Il y entend les cris du monde, l’hypocrisie qui se dispute avec la beauté, l’amitié avec le paraître, l’amour avec le quotidien.

Ma tête est une ruche est tiré de La face cachée du true love, un laboratoire de théâtre qui avait été présenté en 2014 au festival Zone Homa. Autant de discussions et de réflexions sur les relations humaines qui ont donné naissance à cette douzaine de tableaux à plusieurs ou en solo, abordant ce thème via l’humour, le cynisme ou l’absurde, à la frontière de la folie. C’est un beau texte que signe ici le jeune Sébastien Tessier ; on rit, puis on est mal à l’aise, on se retrouve dans les textes et dans les situations.

La chorégraphe Audrey Rochette a mis en mouvements les comédiens et la pièce, dansée tel un ballet. Chaque geste et pas évoque quelque chose, et les jeux de corps dans l’espace miment la chronologie d’une histoire, l’évolution des sentiments. Le premier tableau muet nous présente un défilé ininterrompu de mannequins, dont les mouvements et pauses artificiels s’accentuent de plus en plus jusqu’à devenir grotesques ; dans un autre, on suit la danse de deux amoureux qui s’aiment et se rejettent successivement.

Le but de Sébastien Tessier, c’est «parler, sans trop réfléchir». Alors il dit, il montre, il sort, même ce qui n’est pas beau. Il y a ce groupe d’amis qui mettent à l’écart l’un des leurs, puis finissent par le rejeter complètement. Il y a ce jeune homme qui danse dans un club et prend des drogues pour tenter d’oublier, de ne pas penser à demain. Il y a cette fille qui ne supporte plus son quotidien de secrétaire et s’enfuit dans l’espace. Il y a cet homme qui parle de lui, de lui, de lui, sans jamais écouter son ami, et qui se retrouve seul…

Les tableaux s’enchaînent de façon très fluide, sans coupure apparente. Les thèmes s’entrelacent aussi, tandis que les huit comédiens se mélangent. Pas de décor, sinon un jeu de projecteurs et de musiques : tout ça donne plus d’espace aux corps pour bouger. Une belle mise en scène signée Patrick R. Lacharité, qui laisse aux jeunes et justes comédiens prendre toute leur ampleur aussi bien dans le corps que dans la voix. 

Ma tête est une ruche est une pièce forte, jeune, bouillonnante, vivante. On réfléchit sur la vie, parfois naïvement, mais sans chercher à apporter, à imposer de sens. On est dans le comique, dans l’absurde, parfois le poétique. Dans la tête, dans nos têtes, qui bourdonnent. «Ne pas tout garder à l’intérieur. Parler, genre enlever les carapaces, parce qu’y’en a trop. Y’a trop de carapaces. Parler.»

02-12-2015