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Le Cid
Du 10 au 13 octobre 2018, 20h, 15 octobre 19h
16, 18 et 19 octobre 20h

Cette relecture du Cid de Corneille propose une histoire contemporaine où les rois – quels que soient leurs dilemmes et les préceptes de leur code moral – existent encore bel et bien, manipulant leurs nouveaux cerfs jusque dans leurs plus intimes retranchements. Ces forces absolues, issues d’un temps immémorial, ont préséance sur les règles économiques qui régissent une société. Elles influencent la pensée de tous à un point tel qu’elles parviennent à imposer la paix et trafiquer la langue.

Par un processus de décontextualisation, l’auteur et metteur en scène Gabriel Plante présente le récit du Cid sous un angle inattendu. Ici, les vers classiques sont un enchaînement de sons et la réalité est traversée par le doute.


Texte Pierre Corneille
Mise en scène Gabriel Plante
Avec Amélie Dallaire, Élisabeth Smith, Gaétan Nadeau, Jocelyn Pelletier

Crédits supplémentaires et autres informations

Éclairages Julie Basse
Scénographie Odile Gamache
Son Jacques Poulin Denis
Directeur technique Gabriel Duquette
Directrice de production Émilie Martel
Dramaturge Félix-Antoine Boutin
Assistance à la mise en scène Vanessa Beaupré

Tarifs
-15$ Jours de fête
Tarif spécial pour les soirs de première, offert en quantité limitées.
-15$ 12 ans et moins
-20$ de Groupe (10 personnes et plus)
-20$/billet Forfait 5 entrées (100$/forfait)
Simple, flexible et économique, vous pouvez l'utiliser pour voir de 1 à 5 spectacles, seul ou à plusieurs.
-22$/billet Forfait 3 spectacles et +
Valable pour une personne, pour 3 spectacles différents. Vous pouvez ajouter d'autres spectacles en cours de saison au même coût de 22$ par spectacle supplémentaire.
-22$ Étudiant Arts vivants (*)
-25$ Tarif réduit (**)
-25$ Tarif voisinage (***)
-30$ Tarif Régulier
EN LIGNE : + 3,50$ de frais de service
AU TÉLÉPHONE : + 2,00$ de frais de service
Détaisl et conditions sur le site http://lachapelle.org/fr/billetterie

Production Création dans la chambre
Co-production Théâtre Trillium


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Critique disponible
            
Critique

Le Cid neurasthénique






Crédit photos : Hugo B Lefort

Des corps se traînent au sol, désarticulés, sans tonus ni colonne. Des gémissements échappent à cet amas organique. Non, des mots, qui se bégaient, s'étirent, s'égrènent comme une longue litanie mille fois répétée et qui a perdu tout son sens.

L'artiste pluridisciplinaire Gabriel Plante reprend d'une façon bien personnelle le classique des classiques théâtraux et déforme les vers de Corneille au point de les rendre de prime abord méconnaissables. Étrangement, ils en gagnent en souffle, se rivant à nos tympans comme un ver d'oreille, alors que les corps se font caisse de résonance. Une production brillante qui démantèle syllabe par syllabe Le Cid tout en reprenant pourtant ses alexandrins!

Chimène et Rodrigue s'aiment, mais une querelle entre leur père respectif sonne le glas de leur relation, car le père de la première assène un soufflet au père du second, lequel exige vengeance de son fils. Mais qu'a à dire cette pièce du XVIIe siècle sur notre époque?

Une production brillante qui démantèle syllabe par syllabe Le Cid tout en reprenant pourtant ses alexandrins.

Le choix du metteur en scène de vêtir ses acteurs en vagues costumes d'époque crée une dichotomie évidente avec l'interprétation presque chuintante des vers, et d'autant plus marquante que ceux-ci finissent par jaillir dans une musicalité qui compromet le bel équilibre des alexandrins auquel on est habitué. Les «Rodrigue, as-tu du coeur?» et autres «Ô rage! Ô désespoir! Ô vieillesse ennemie!» s'extraient de peine et de misère des corps tourmentés auxquels ils sont dictés, mot à mot, dans des micros-casques. Rodrigue dicte ses répliques à Don Diègue, Chimène à l'Infante, et inversement dans un désordre patenté. Cette singulière répartition du texte donne à l'ensemble un rythme hachuré, lent, mais tout aussi fascinant.

Sur scène, au milieu d'un champ de bataille de micros sur pied et de fils, les corps prostrés des acteurs se recroquevillent, se lèvent à moitié et retombent comme autant de pantins dont on aurait coupé les fils. Leurs paroles mêmes ne leur appartiennent plus. Privées de la liberté de pensée, d'acte et de parole, ces coquilles vides continuent à jouer l'histoire, comme elle se doit de l'être, mais dans une sorte de limbe neurasthénique. Seuls les vieux hommes, incarnés par l'impeccable Gaétan Nadeau, se tiennent droit au milieu d'eux, dans une robe de chambre à demi ouverte.

La relecture décontextualisée de Plante offre une puissante remise en cause des forces qui régissent le monde jusque dans le plus intime sentiment amoureux, filial ou paternel. L'enchaînement de sons et de syllabes hachées, l'éclairage blanc saturé de fumée, la mouvance quasi organique des corps dans l'espace et l'intrigue déconstruite (et pourtant tout de même compréhensible pour peu qu'on en connaisse les grandes lignes) font de cette production de Création de la chambre un objet scénique iconoclaste dont les flashs demeurent imprimés sur la rétine longtemps après la fin du spectacle.

Le travail de Gabriel Plante et de son dramaturge Félix-Antoine Boutin est à saluer ; les deux hommes de théâtre, avec leur équipe, osent amener le public dans une direction totalement inattendue, riche d'une multitude d'analyses renouvelées de cette oeuvre qui a fait l'histoire à plus d'un égard.

15-10-2018
 

La Chapelle scènes contemporaines
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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