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Numain
Théâtre
Du 7 au 12 octobre 2019, lundi 19h, mardi au vendredi 20h, samedi 16h

Solo pour un humain et une poupée en silicone, Numain explore les espaces liminaires entre pulsion de vie et pulsion de mort, où se mêlent solitude, violence et désir.

Dans une volonté constante de décloisonner sa pratique, Stéphane Crête poursuit ses explorations autour de l’impudeur et des limites de la représentation avec ce deuxième spectacle solo (après Esteban, en 2008).

Stéphane Crête continue à creuser un sillon qui explore, depuis plus de vingt-cinq ans, les grands thèmes qui lui sont chers : la transgression des convenances morales (souvent lié à l’expression de la sexualité et de la mort), la transe et les états altérés de conscience, la danse entre le profane et le sacré.


Conception, mise en scène et interprétation Stéphane Crête


Crédits supplémentaires et autres informations

Conseillère marionnettiste Marcelle Hudon
Oeil extérieur Didier Lucien
Direction technique, régie et conception d'éclairage David Poulin
Direction de production Cynthia Bouchard-Gosselin
Photo - source site La Chapelle

Jour de fête : 7 octobre

Tarifs
Jours de fête 15$
12 ans et moins 18,50 $
Étudiant art vivant* 23,50 $
Étudiant* 28,50 $
30 ans et moins* 28,50 $
65 ans et plus* 28,50 $
Professionnel art* 28,50 $
Organisme partenaire 28,50 $
Voisinage* 28,50 $
Régulier 33,50 $
EN LIGNE : + 3,50$ de frais de service
AU TÉLÉPHONE : + 2,00$ de frais de service
* Détails et conditions sur le site http://lachapelle.org/fr/billetterie

Production Stéphane Crête
En partenariat avec Phénoména


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Critique disponible
            
Critique

Numain; l'art de la solitude

Stéphane Crête continue son exploration créative sur les planches de La Chapelle avec son nouveau solo, Numain. Une quête qui explore le rapport aux objets, à l’humanité et à l’intimité.


Crédit photo : Cyntia Bouchard-Gosselin


Crédit photo : Philémon Crête

Si dans son premier solo de 2008, Esteban, Crête était un genre de clown triste, ironique et absurde qui s’inventait un monde dans lequel vivre et survivre. Numain continue dans cette veine, avec un aspect néanmoins beaucoup plus terre-à-terre et concret : la relation avec un objet inanimé. En l’occurrence, une « sex doll ». « Pourquoi travailler sur scène avec un “sex doll”? Étant intéressé par la notion de transgression comme voie d’accès au sacré (l’influence de Georges Bataille n’étant jamais bien loin), Stéphane Crête émet l’hypothèse que des espaces limites comme le désir, la violence ou l’impudeur seront des notions plus “faciles” à explorer avec des poupées qu’avec de véritables acteurs », peut-on lire dans le texte expliquant la démarche.

En effet, d’un objet de fascination, voire tabou, la poupée suscite, dans l’heure de ce solo, des mises en scène loufoques de Crête qui tente de la séduire, en plus d’incarner le désir, la violence, l’adoration et la mort. Le comédien joue, également, à insuffler la vie à sa partenaire inanimée, se substituant tour à tour dans la tête et au corps de la poupée, faisant penser au théâtre d’objet. Malgré qu'il la démembre, joue avec les articulation, Crête considère sa partenaire comme une réelle personne ; jamais il n'aura de gestes vulgaires et ne l'utilisera à des fins sexuels.

...avec son Numain, Crête arrive à explorer cet objet inusité et passer par toute la gamme des émotions presque en même temps que le spectateur.

Au contraire d’Esteban, malgré les thèmes récurrents et chers à Crête (la solitude, les frontières morales, la mort, le désir, la violence), où le narratif n’avait pas nécessairement de séquences chronologiques, et pour lequel l’auteur avait travaillé complètement seul, Numain est somme toute différent. Crête s’est octroyé l’œil extérieur de Didier Lucien, une conseillère marionnettiste (Marcelle Hudon), une bande sonore originale (Éric Forget) et une professionnelle des costumes, des décors et des accessoires (Robin Brazill). Tous ces ajouts autour de Crête sont bénéfiques pour le spectacle. Meilleure qualité narrative, accessoire et mouvements dans le théâtre d’objet bien maîtrisé et mis à profit ; autant d’éléments qui rendent Numain réellement attrayant.

Être en relation avec une « sex doll » peut d’abord susciter un jugement défavorable, mais avec son Numain, Crête arrive à explorer cet objet inusité et passer par toute la gamme des émotions presque en même temps que le spectateur. Si d'emblée on s’attend à ce que le comédien assouvisse principalement des fantasmes sexuels déjantés, comme souvent associés aux « sex dolls », c’est au contraire plutôt dans des jeux de séduction et de limites de jeux physiques et corporels auxquels on assiste. L’isolement d’un homme qui se retranche et qui alors considère une poupée comme compagne de vie suscite (ici) une certaine empathie, et nous fait nous questionner sur la solitude de nos sociétés.

Crête continue de peaufiner son art avec Numain, se soumettant à la fois à une performance physique et psychique, en plus d’être complètement muette. Il captive l’attention de l’auditoire par sa variété d’émotions et son jeu physique inégalé.

12-10-2019

La Chapelle scènes contemporaines
3700, rue Saint-Dominique
Billetterie : 514-843-7738

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