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Du 8 avril au 3 mai 2008
supplémentaires 26 avril et 3 mai, 15h

Autobahn

Texte de Neil Labute
Traduction Fanny Britt
Mise en scène de Martin Faucher
Avec Amélie Bonenfant, Anne-Élizabeth Bossé, Rose-Maïté Erkoreka, Mathieu Gosselin, Renaud Lacelle-Bourdon, Anne-Marie Levasseur, Éric Paulhus, Simon Rousseau

En voiture, difficile de faire fi de son compagnon de voyage ! Endroit idéal pour les propos anodins, elle peut rapidement devenir prison lorsque le silence laisse planer le malaise. C’est le cas pour les personnages d’Autobahn – nom des autoroutes allemandes sans limite de vitesse –, qui ne peuvent échapper à ce qui est en train de prendre place, à ces conversations malsaines qui révèlent graduellement la force scabreuse des non-dits. Humour noir et drame se côtoient dans cette pièce en plusieurs tableaux de Neil Labute, auteur américain à la plume incisive.

Après Betty à la plage et La fête sauvage, la Banquette arrière est de retour à La Licorne avec la création en français de cette pièce où une question très classique prend tout son sens : Est-ce qu’on arrive bientôt ?

Scénographie : Jonas Veroff Bouchard
Costumes : Marc Senécal
Éclairages : Étienne Boucher
Conception sonore : Jean-François Pednô

Une production du Théâtre de la Banquette arrière en codiffusion avec le Théâtre de La Manufacture

La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

par David Lefebvre

Après Goldoni, Durang et Mathieu Gosselin, le Théâtre de la Banquette arrière s’attaque à Autobahn, un texte du réalisateur, scénariste et producteur américain Neil LaBute, connu essentiellement pour ses films, tels que In the Company of Men, Possession, Nurse Betty, The Shape of Things et, plus récemment, The Wicker Man, malgré qu’il soit, avant tout, un auteur de théâtre. Son style se distingue par des personnages qui parlent beaucoup et révèlent à quel point ils peuvent être méchants, apeurés, blessés, désillusionnés ou cyniques.

Sa pièce Autobahn propose sept tableaux à deux personnages, enfermés dans une voiture, où la communication se handicape, se détériore, se nourrit de non-dits et d’absurdes malentendus. La voiture ici devient une prison, qui, tant qu’elle roule, ne propose aucune évasion possible. Une jeune femme, fraîchement sortie de désintox, parle de son séjour à sa mère aux manières superficielles, et lui avoue, avec une honnêteté sordide, à quel point elle a hâte de replonger dans ses trips de dope. Un homme demande pardon, un jeune couple discute de leur relation amoureuse, une mission de récupération d’un objet personnel est en branle, malgré la peur de l’un des deux garçons. Une femme avoue lentement son incartade extraconjugale à son mari qui la presse de questions, un professeur parcourt le pays avec une jeune fille, pour un supposé voyage à la campagne et finalement, un couple revient de l’orphelinat, après avoir ramené le jeune garçon qu’ils avaient adopté, pour cause de mauvaise conduite.

Même si on veut bien y voir une ligne directrice, des thèmes communs – communication biaisée, écoute absente, sens de la pensée et des mots – les textes, traduits par Fanny Britt, sont souvent vides, sans véritable surprise. Alors qu’une ou deux scènes proposent une réflexion (celui de l’orphelinat, par exemple, qui met en scène une mère qui se justifie), ou un moment divertissant (le jeune couple et leur relation) – notons la belle performance, dans les deux cas, de Rose-Maïté Erkoreka, – d’autres s’allongent inutilement, et pourraient facilement se résumer à une phrase ou deux de dialogue. La mise en scène de Martin Faucher a su donner une direction commune aux courtes pièces, qui s’enfilent habilement les unes après les autres. Le langage corporel est bien dirigé, faisant sentir l’étroitesse de la voiture et les différents malaises. Mais les comédiens, qui proposent des personnages stéréotypés et souvent sans réelle profondeur, sont sur vitesse grand V, évitant de jouer avec des silences qui pourraient tout changer : le rythme est propulsant, certes, les dialogues sont relativement bien contrôlés, mais quelques moments sont criards et agressants, et on en oublie parfois où ils sont sensés être, soit dans une voiture.

Crédit photos : Maxime Côté

Le décor représente l’habitacle d’une automobile : deux bancs de voiture, haut perchés, encerclés d’une vingtaine de petites lampes-projecteurs sur pied, hautes herbes de lumière, et le fond de la scène rappelle l’horizon, à la dernière minute d'un coucher de soleil. En fait, on symbolise tellement qu’on en oublie même les mains sur le volant et la conduite, sous-entendue dans le texte. Les éclairages sont adéquats, bas, limités, avec quelques touches de rouge et de vert (pour les rares feux de circulation).

Autobahn ne propose rien d’original aux spectateurs aguerris, ni de moments dramatiquement ou comiquement assez fort pour sauver la soirée.

11-04-2008