Du 24 novembre au 19 décembre 2009, suppl. 12 et 19 déc. 15h
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Contes urbainsLes contes urbains

Textes : Jean-Philippe Baril-Guérard, Yvan Bienvenue, Simon Boulerice, Fabien Cloutier, Justin Larramée, André Marois
Conteurs : Dave Jeniss, Caroline Tanguay, Francesca Barcenas, Julie Carrier-Prévost, Jean-Philippe Baril-Guérard, Paul-Patrick Charbonneau, Guy Vaillancourt
Musique : Ekotones

Cette année, la traditionnelle édition des non-traditionnels Contes urbains fête pendant 20 soirs sa quinzième année de présence à La Licorne. Comme toujours, et pour le plus grand bonheur du public, des interprètes se glisseront dans la peau d’une pléiade de personnages qui nous raconteront la ville, leur ville, et le temps des fêtes!

Body Bag
de Yvan Bienvenue par Dave Jenniss
Une fois qu'on a reçu les sacs, qu'est-ce qu'on fait avec? Pour un père autochtone, la réponse est simple: ce qu'on aurait dû faire depuis longtemps: retourner à l'envoyeur. Mais il y a «retourner» et «retourner» !

La chienne
de Fabien Cloutier par Caroline Tanguay
Nancy ne passe pas le temps des fêtes qu'elle aurait souhaité. Elle ne reçoit pas le cadeau de la vie qu'elle aurait souhaité. Dans le Montréal des petits bleus au coeur, un 24 décembre, elle se sent comme une chanson de Willie Lamothe.

Noël bio
de André Marois par Francesca Barcenas
Ursula et Sabin n'ont pas vu leur mère depuis 5 ans. Il y a sans doute des raisons à ça. Soit, ils répondent à son invitation d'aller réveillonner avec elle. Un coin perdu, une panne de courant, suspense bucolique… Noël… Ce n'est pas parce qu'un Noël est bio qu'il est nécessairement bon pour la santé.

Gloria
de Simon Boulerice par Julie Carrier-Prévost
Pourquoi, mais dites-moi pourquoi, nos plus grands rêves nous viennent toujours sous la forme de cauchemar? Et pourquoi est-ce toujours plus drôle quand c'est tragique? Et pourquoi est-ce encore plus drôle quand l'héroïne tragique s'appelle Gloria et est patineuse artistique amateure?

Coleman
de et par Jean-Philippe Baril-Guérard
Courrier à vélo, en ville, dans le temps des fêtes, est une entreprise périlleuse qui peut se révéler d'une absurdité complète. Surtout quand on accepte de livrer «le Monster Truck du paquet à livrer», une glacière Coleman et son contenu plutôt déroutant.

Bébé Love
de Justin Larramée par Paul-Patrick Charbonneau
Les bébés, on aime ou on n'aime pas. Alex, n'aime pas, mais sa copine Brigitte à qui il parle moins depuis qu'elle s'est mise à faire des bébés lui demande ce service de temps des fêtes : «Un party, j'ai besoin de ça, s.v.p., peux-tu venir garder?». L'amitié l'emporte. Est-ce qu'un peu de gardiennage aura raison de l'aversion d'Alex?

Madame Butterfly
de Yvan Bienvenue par Guy Vaillancourt
Sa vieille mère sort de l'hôpital. Elle a reçu une enveloppe par erreur, l'a ouverte puis… Qu'y avait-il dans cette enveloppe? Un cadeau de Noël? Pourquoi s'est-elle retrouvée à l'hôpital? Qu'y a-t-il de drôle là-dedans? Tout!

Urbi et Orbi a créé il y a maintenant 15 ans le célèbre concept des Contes urbains. Sans doute sa plus grande réalisation. Un auteur, un acteur et une bonne histoire. À la fois hommage et clin d’œil à la conterie traditionnelle, le concept des Contes urbains a été une petite révolution dans le paysage théâtral, voire culturel. Il ramenait à l’essentiel l’expression de la pratique théâtrale et a marqué le point de départ du renouveau du conte au Québec.

Une production Urbi et Orbi en codiffusion avec le Théâtre de La Manufacture

La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

par David Lefebvre

Les réjouissances commencent un peu plus tôt qu'à l'habitude cette année à La Licorne, et c'est tant mieux! Le petit théâtre de la rue Papineau nous présente la 15e édition des très attendus Contes Urbains. Pour comprendre un peu ce que sont ces soirées d'histoires surnaturelles, tristes, bizarres, émouvantes, cocasses, citons un passage du texte de Jean-Philippe Baril-Guérard : "c'est comme le métro de New York, c'est fucké, ça part dans tous les sens, mais on finit par se retrouver [ensemble]". Parce que oui, les Contes urbains sont rassembleurs et font un bien fou à l'âme, même si certains récits sont… tordus.


Sur la photo, Julie Carrier-Prévost
Crédit photo : Yvan Bienvenue

La soirée commence plutôt curieusement, avec un premier texte d'Yvan Bienvenue. Politiquement revendicateur, Body Bag s'inspire d’un fait divers de cette fin d'année, soit l'envoi de sacs mortuaires par Santé Canada à des communautés autochtones durement touchées par le H1N1. Le fils d'un homme qui ne pleure pas (Dave Jenniss) raconte comment son père fond en larmes après cet affront, et quels sont ses plans pour le «retour à l'expéditeur». Mais le texte passe difficilement la rampe, surtout si nous ne sommes pas familiers avec ce fait d’actualité, puisqu'il n'est nullement discuté ou mentionné lors du conte. De plus, le texte est passablement décousu, est-ce dû à un possible faux pas de Jenniss lors de la première (que l'on sent pourtant solide et apte à rendre cette histoire touchant) ou de la nature même du texte de Bienvenue? Fabien Cloutier nous présente, sous les traits de Caroline Tanguay, une certaine Nancy, 31 ans, qui doit mettre fin à son coup de vie dans le ventre. Un geste que son copain n'accepte pas, malgré le lourd handicap de la petite poussière d'ange. Sobre, touchant, tout simplement trop vrai. André Marois nous transporte dans un chalet isolé, où la mère trop bio invite ses deux enfants pour le souper du Réveillon. Mais l'électricité manque, la nourriture aussi, et la femme flippe. Francesca Bárcenas, emmitouflée sous une grande couverture et coiffée d’une tuque, s'imprègne de son personnage qu'elle interprète avec humour et mordant. Gloria, de Simon Boulerice, est probablement le plus drôle des sept contes de la soirée. Julie Carrier-Prévost, vêtue d'un costume de patineuse artistique, patins aux pieds, nous raconte comment elle a voulu épater la galerie en dansant sur la musique de Flashdance lors de la Messe de Minuit à l'aréna du quartier. Comble de malheur, elle cause un émoi profond lors d'un mauvais mouvement et tue Noël... Sa chorégraphie, sur la chanson Gloria de Laura Branigan, qu'elle chante a capella, est tout simplement hilarante.

Jean-Philippe Baril-Guérard incarne un cycliste qui doit livrer un colis plutôt intrigant, contenu dans une glacière. Disons simplement qu'elle cache une surprise de taille, la preuve d'une erreur qui ne se répètera plus jamais. Baril-Guérard, qui signe aussi le texte, est naturel et captivant. Bébé Love, de Justin Laramée, met en scène un homosexuel nouvellement séparé qui doit garder l'enfant d'une amie, lui qui déteste les bébés. Pourtant, la magie opère. Est-ce à cause de Noël, ou de ce sentiment de haïr ce qu'on ne peut avoir, soudainement disparu ? L'homophobie et la pédophilie sont abordées avec beaucoup d'humour par Paul-Patrick Charbonneau, qui charme rapidement tout le public. Finalement, Yvan Bienvenue revient avec un texte léger et grivois, qu’un très sympathique Guy Vaillancourt nous narre, les mains dans les poches. Sa maman de 87 ans, autonome, reçoit par hasard un jouet sexuel. Curieuse, la dame l'essaie et n'en reviendra pas. Le prologue, hors contexte, est plutôt rigolo, au thème du « j'en ai une petite mais je m'amuse bien avec », mais le conte déçoit un peu en se terminant rapidement sur un punch sans véritable surprise.

Même si les différents textes se situent lors des festivités de fin d'année, Noël et le jour de l'An ne sont plus réellement les bases réelles des histoires de la soirée, comme ce fut le cas auparavant. Cette année, les bébés (dans pas moins de trois contes) sont à l'honneur, si l'on peut dire. Les moments grivois sont aussi très présents et font s'esclaffer l'assistance. Mais le style conteur s'efface doucement, glissant vers des performances plus jouées, empruntant même, pour certains, au stand up comique.

Les musiciens d'Ekotones, Éric Assouad aux guitares et aux consoles ainsi que Charles Imbeau aux instruments à vent incluant trompettes, emplissent les transitions de leur musique, inspirée de l'électro, du blues, du jazz et de la pop. Un excellent duo qui s'immisce à l'intérieur de quelques histoires, par leur présence sur scène et leur bande sonore.

Yvan Bienvenue affirmait récemment qu'il voudrait arrêter les Contes urbains peut-être d'ici deux ans, du moins avant que le concept ne s'étiole. Quoi qu'il en soit, le dramaturge et son idée de soirée de conteurs auront amusé des centaines de personnes qui en redemandent encore et encore : pour preuve, les représentations sont souvent, sinon toutes, à guichets fermés.  Ne perdez donc pas une seconde de plus. Et amusez-vous bien.

25-11-2009

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