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Du 29 novembre au 17 décembre 2011, du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h
Supplémentaires 10 et 17 décembre 20h
Contes urbainsContes urbains
Présenté à la Grande Licorne
Textes Michel-Marc Bouchard, Chrystine Brouillet, Fabien Cloutier, Dominick Parenteau-Lebeuf, André Richard, Marcel Sabourin
Mise en scène Martin Desgagné
Avec Anne Casabonne, Louisette Dussault, Marie Eykel, Jean-François Gaudet, André Richard et Marcel Sabourin

Les Contes urbains reviennent à La Licorne cette année! En plus de la thématique habituelle, la ville dans le temps des fêtes, on retourne en enfance! Les histoires seront des histoires de grands, mais les conteurs seront ceux et celles qui nous racontaient quand nous étions petits. Les interprètes des émissions Les Zigotos, La Souris verte, Passe-Partout, Félix et Ciboulette, Fanfan Dédé et La Ribouldingue (imaginez!) seront au rendez-vous.

Yvan Bienvenue, maître d’oeuvre de cette tradition de Noël, vous convie à cette 16e édition des Contes urbains. Un auteur, un acteur et une bonne histoire, il n’en faut pas plus pour faire la meilleure des soirées!


Une production Urbi et Orbi


Théâtre La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Urbi et Orbi

Les Contes urbains sont de ces événements théâtraux qui inaugurent la saison des festivités et autres spectacles du temps des Fêtes présentés dans la métropole, impatiemment attendus par une grande majorité d’amateurs. Pour cette 16e édition, le Théâtre Urbi et Orbi ouvre ses portes à des acteurs et actrices qui ont bercé notre enfance, toutes générations confondues. De la Ribouldingue aux Zigotos, en passant par Fanfan Dédé, la Souris verte, Passe-Partout et Félix et Ciboulette, la Licorne se  pare de nostalgie pour divertir les « grands ti-culs » que nous sommes, comme le dit si bien dans le programme le metteur en conte, Martin Desgagné.

Pour une deuxième année consécutive, Desgagné dirige les comédiens d’une main de maître, oscillant entre la mise en scène minimaliste et la mise en conte plus classique. Il pousse davantage, au plan visuel, que ses prédécesseurs : l’ampoule suspendue au-dessus de la traditionnelle chaise fait place à un éclairage légèrement plus sophistiqué, des trashy néons rouges aux typiques lumières de Noël. Musicalement, Éric Asswad et Charles Papasoff sont fidèles au rendez-vous : ces musiciens hors pair s’amusent encore une fois à dénaturer, triturer et arranger quelques airs connus du temps des Fêtes pour créer une ambiance jazzy-rock-atmosphérique. Mais si l’oreille est conquise, le cœur n’est pas en reste quand il capte les notes d’une relecture très réussie des différents thèmes musicaux rattachés aux mythiques émissions pour enfants dont faisaient partie les membres de la troupe de la soirée. Un régal, dès les premières minutes de la représentation.

Le premier à prendre place est nul autre que Marcel Sabourin, qui, d’un seul geste, accroche les spectateurs ; son conte, improvisé sur canevas, séduit immanquablement la foule et rappelle, par une approche plus désinvolte, les premières éditions des Contes urbains. C’est quoi ça ?!? s’aventure – du moins, le soir de la première – dans les miracles du quotidien, de l’ADN, du poil qui pousse et des milliards de bactéries qui nous entourent. Suis Marie Eykel, en dame bien  mise, qui raconte l’histoire d’une amie aux prises avec un riche mari dont les infidélités la choquent autant que les mauvais mariages de vin qu’il impose à table sans la consulter. On reconnaît immédiatement, dans les multitudes plats et noms de vins, ainsi que dans le ton policier, la touche savante et gourmande de l’auteure épicurienne Chrystine Brouillet. Si l’interprétation est sympathique, Marie Eykel pourrait s’avérer encore plus sarcastique et snobinarde pour bien savourer tout le potentiel du personnage. André Richard expose l’histoire de son ami Bouboule, ce prisonnier en permission pour quelques jours, qui décide d’aller en ville le rejoindre. Malheureusement pour lui, il ne se rendra jamais à destination, étant indirectement la genèse et le témoin d’une série de catastrophes irréparables. Un brin trop littéraire, le récit de Richard tarde à décoller, restant coincé dans la demi-lecture de cette lettre écrite par ce taulard aux malchances qui lui collent à la peau. En voisine introvertie et désoeuvrée, qui se trouve tout à coup dans le collimateur des caméras alors qu’un drame innommable s’est produit près de chez elle - un père dépressif qui s’en est pris à ses enfants, Anne Casabonne offre la plus touchante et la plus puissante des interprétations de la soirée, dans ce texte troublant signé par Michel Marc Bouchard, probablement inspiré d’une récente affaire très médiatisée.

Alors que les crimes violents et familiaux sont au cœur des contes de la première partie, la deuxième se voit plus « légère et sexuellement explicite », mais tout aussi colossale. Grâce à son jeu sympathique, ouvert et divertissant, Louisette Dussault charme immédiatement sous les traits d’un alter ego et sa jumelle, créée par Dominick Parenteau-Lebeuf. Mauvais mariage, tortionnaire,  incompréhension, libération, le texte flirte à un certain moment avec le fantastique et le militantisme pacifiste, pro-orgasme et féministe, et se veut tour à tour hilarant et touchant. Cru et direct, Le licheur de Fabien Cloutier offre un savoureux personnage d’homosexuel timide à Jean-François Gaudet, qui le rend à merveille. Son langage, qui ne laisse aucune place à l’imagination, comporte des scènes qui ne conviennent vraiment pas aux enfants. Si la description des situations peut à priori choquer, ou du moins surprendre, celles-ci, désamorcées par le jeu de Gaudet, sont désopilantes, sans jamais se moquer délibérément ou manquer de respect envers la communauté gaie.

Cette édition des Contes urbains, qui, pour l’une des rares fois, ne comporte aucun texte de son créateur Yvan Bienvenue, permet de voir sous un tout autre angle ces comédiens et comédiennes que l’on a connus au petit écran et que l’on a chéris durant toute notre jeunesse. La nostalgie fait vite place à la joie de la redécouverte de leur indéniable talent ainsi qu’à l’étonnement devant la virtuosité des auteurs choisis.

29-11-2011