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Du 5 mars au 13 avril 2012, du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h,
supplémentaires samedis 17-24-31 mars et 14 avril 16h + 18-19-20 avril 20h
MidsummerMidsummer (Une pièce et neuf chansons)
Présenté à la Petite Licorne
Texte David Greig
Chansons Gordon McIntyre
Traduction Olivier Choinière
Mise en scène Philippe Lambert
Avec Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant

Il pleut sur Édimbourg. Deux âmes esseulées attendent dans un bar que quelque chose se passe. Il est un vendeur de voitures raté. Elle est une grande avocate spécialisée dans les causes de divorce qui a un appétit prononcé pour les maris des autres. Ils ne devraient absolument pas coucher ensemble. Jamais… C’est pourquoi ils le feront! Commence alors un long week-end fait d’aventures insolites qui mèneront nos deux protagonistes aux quatre coins de la ville, mais aussi et surtout, qui les mèneront face à eux-mêmes.

Midsummer est une comédie ludique et grinçante sur les rapports ambigus que nous entretenons avec le désir, l’accomplissement personnel, la filiation et l’amour. L’amour, toujours lui, qui s’invite au moment où on l’attend le moins et qui sait si bien ébranler nos certitudes.

Après Yellow Moon, produit en 2010 par La Manufacture, David Greig nous donne un texte festif, taillé sur mesure pour Isabelle Blais et Pierre-Luc Brillant. Midsummer fut une des révélations du Festival d’Édimbourg en 2008 et est présentée à guichets fermés à Londres à chacun de ses passages. La mise en scène de ce spectacle est confiée à Philippe Lambert, qui a entre autres signé les mises en scène des pièces Les points tournantset J’aurais voulu être un artiste.


Assistance à la mise en scène Jean Gaudreau
Éclairages André Rioux
Arrangements musicaux Martin Léon
Photo Rolline Laporte

Tête-à-tête : Jeudi 15 mars

À noter : la pièce sera présentée avec des surtitres anglais les vendredis 23 et 30 mars, les 6 et 13 avril 2012.

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 5 au 9 mars 2012
Régulier : 32$
Carte premières : 16$

Une production Théâtre de la Manufacture


Théâtre La Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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 Critique
Critique

par David Lefebvre

T’es fait d’où tu viens, et tu vas où tu dois aller…


Crédit photo : Suzanne O'Neil

David Greig est présentement l’un des auteurs et dramaturges les plus en vue d’Écosse. Récipiendaire de quelques prix au milieu des années 2000, dont le Laurence Olivier Awards pour sa version de Caligula, Greig s’est imposé chez nous seulement en 2010, grâce à La Manufacture qui a monté, à l’Espace Go, la pièce Yellow Moon, acclamée par la critique et le public. La compagnie récidive en pigeant dans le répertoire du dramaturge écossais une autre pièce, soit l’atypique et originale Midsummer, une comédie qui aborde la crise identitaire de la mi-trentaine, la réalisation de soi, les moments décisifs, la vieillesse et ses regrets, la folie de vivre (ou vivre ses folies) et l’envie de foutre à la poubelle, au moins une fois, les limites que l’on s’inflige.

Bob et Helena, deux âmes esseulées, sont aux antipodes l’un de l’autre. Alors que Bob est un petit voyou sans envergure, lisant Doïsteievsky pour se remonter le moral, Helena est avocate spécialisée en divorce. Ils se rencontrent la veille du solstice, dans une buvette, alors qu’elle attend son amant marié qui ne vient pas et qu’il patiente pour un coup illicite. Elle est trop bien pour lui, il n’est pas son type, ils ne devraient absolument pas coucher ensemble. Et pourtant. Le lendemain, alors qu’Helena gâche le mariage de sa sœur et que Bob a la garde de 15 000$ en petites coupures, le hasard les ramène sur le même chemin. Ils décident de tout claquer durant le même week-end, sans penser au lundi ou au danger qui les attend.


Crédit photo : Suzanne O'Neil

Ce qui charme d’abord de Midsummer, c’est sa forme éclatée, à mi-chemin entre le conte, par sa narration forte et omniprésente, le jeu dit plus conventionnel et la comédie musicale, sans pourtant en être une. Grieg, en entrevue, s’amuse à dire que Midsummer est une « pièce avec des chansons » (a play with songs). Neuf, pour être plus précis, neuf pièces musicales originales, signées Gordon McIntyre (guitariste de Ballboy, band indie d’Édinbourg), relativement simples, aux accents folk, parfois country.  Si les protagonistes ne s’expriment pas directement au travers des paroles pour faire avancer le récit, elles sont pourtant le reflet de leurs pensées, l’évocation de leurs émotions : L’amour brise les cœurs en deux, Chanson du lendemain de veille

Philippe Lambert signe une mise en scène conviviale, intimiste, rappelant à certains moments Yellow Moon, ou, de façon plus générale, deux de ses projets précédents, soit Les points tournants et Rearview. Il réunit avec brio deux comédiens de talent, qui ont œuvré avec succès sur les planches, devant les caméras ou encore sur la scène musicale québécoise : Pierre-Luc Brillant (aussi aux arrangements musicaux) et Isabelle Blais, respectivement membres des Batteux Slaques et de Caïman Fu.  Guitares acoustiques en main, le duo interprète Bob et Helena, ainsi que quelques autres personnages, avec désinvolture, humour et beaucoup de liberté. C'est un réel plaisir de revoir ces deux comédiens sur scène, qui avait partagé l’écran dans Borderline de Lyne Charlebois, et qui font preuve, ici, d’une grande et touchante complicité.

Comédie romantique tout à fait contemporaine, sympathique et douce-amère, Midsummer fonctionne à plusieurs niveaux, grâce surtout à cette superbe qualité d’offrir une histoire d’amour intelligente, drôle, perspicace et près du cœur, sans fioritures hollywoodiennes. La vie est peut-être dure, le sexe mauvais ; la pluie peut tomber drue, les déceptions s’accumuler, mais nous avons toujours le pouvoir de changer les choses et de se réinventer, de recommencer. Quitte, comme Helena, à se le faire dire par un guichet de stationnement.

06-03-2012