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Du 17 au 28 septembre 2012, du lundi au jeudi 19h, vendredi 20h
II (Deux)
Texte Mansel Robinson
Traduction Jean Marc Dalpé
Mise en scène Geneviève Pineault
Assistance à la mise en scène Emanuelle Langelier
Avec Jean Marc Dalpé et Elkahna Talbi

Mercier est un policier d’expérience. Il a l’habitude de diriger des interrogatoires. Jusqu’au jour où il se retrouve de l’autre côté de la table, face à ses camarades. Pendant qu’il passe aux aveux, sa femme Maha, dans une deuxième cellule, avoue sa faute. Mais Mercier est convaincu qu’elle est coupable d’un autre crime. Comment distinguer la vérité du mensonge quand nous laissons le doute s’installer en nous ?

Le dramaturge ontarien Mansel Robinson jette un regard critique et troublant sur le climat de suspicion que peut engendrer la présence du terrorisme dans nos sociétés. Jusqu’où peut aller le profilage racial ou la peur de l’Autre ? Cela peut-il conduire un homme à dénoncer la femme qu’il aime aux autorités ?

Mansel Robinson, auteur des pièces Slague – L’histoire d’un mineur et Trains fantômes, toutes deux présentées en 2008 à La Licorne, nous revient avec II (deux). Créée en français à Ottawa en mars 2012 dans une traduction de Jean Marc Dalpé, la pièce est présentée pour la première fois à Montréal. La directrice artistique du Théâtre du Nouvel-Ontario, Geneviève Pineault, assure la mise en scène.


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Décor Normand Thériault
Costumes Isabelle Bélisle
Éclairages Guillaume Houët
Musique Aymar
Conseillère artistique Esther Beauchemin

À noter que la pièce sera présentée avec surtitres anglais les vendredis 21 et 28 septembre

TOURNÉE

12 octobre – SALLE JEAN-MARC-DION (Sept-Îles)
13 octobre – CENTRE DES ARTS DE BAIE-COMEAU (Baie-Comeau)
19 et 20 octobre – SALLE JEAN-LOUIS-MILLETTE (Longueuil)
26 octobre – THÉÂTRE HECTOR-CHARLAND (L’Assomption)
28 octobre – THÉÂTRE LIONEL-GROULX (Sainte-Thérèse)
6 novembre – SALLE PAULINE-JULIEN (Sainte-Geneviève) - (514) 626-1616
17 novembre -  SALLE ANDRÉ GAGNON (La Pocatière)
20 novembre – SALLE MAURICE O’BREADY (Sherbrooke)
24 novembre – L’ANGLICANE (Lévis) - (418) 838-6000
25 novembre – THÉÂTRE DU BIC (Le Bic)
27 novembre -  SALLE DE SPECTACLE RÉGIONALE DESJARDINS (New Richmond)
29 novembre -  THÉÂTRE L’ESCAOUETTE (Moncton)
30 novembre – CENTRE CULTUREL DE CARAQUET (Caraquet)
30 janvier au 3 février – THÉÂTRE FRANÇAIS DE TORONTO (Toronto)

Une production Théâtre du Nouvel-Ontario et Théâtre de la Vieille 17


La Petite Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Mathieu Girard

Après les mineurs de Slague et les cheminots de Trains fantômes (deux textes, présentés en 2008 à la Petite Licorne, qui connurent un véritable succès autant ici que sur la route), le dramaturge Mansel Robinson explore le terrorisme, le racisme et l'état paranoïaque que la peur de l'Autre engendre dans II (deux), un récit noir et puissant.

Lors d'un voyage à la découverte du réel Sahara, Mercier, un policier canadien (Jean Marc Dalpé) rencontre une jolie médecin (Elkahna Talbi) dans un petit village. Charmé par « le rythme berbère de ses hanches tunisiennes », il réussit à la séduire, par sa gentillesse et son accent. Elle décide après quelque temps de le rejoindre au Canada. Ne pouvant pas exercer sa profession, elle ouvre une boutique où elle vend de l'artisanat provenant d'un peu partout à travers le monde, aidant des femmes habitant des endroits reculés et pauvres. Ses nombreux voyages et la couleur de sa peau font jaser. Si Mercier peut en prendre, car l'amour ne rend pas seulement aveugle, mais sourd, la pression sociale, les railleries de ses collègues et les attentats du 11 Septembre font réfléchir l'homme qui croit de plus en plus à la culpabilité de sa femme. Comment un homme bon, intègre, aimant, vient à dénoncer sa propre épouse, et à l'interroger lui-même jusqu'à l'irréparable? Et que cache-t-elle à son mari, réellement? C'est plus qu'une histoire politique, de terrorisme, de trahison ou de meurtre, c'est une histoire d'amour, de confiance et de ce qui peut les briser à cause d'un seul mot.

Avec II (deux), Mansel Robinson place au milieu d'une cage (conception de Normand Thériault) deux personnages diamétralement opposés, qui pourtant, à un moment de leur vie, se sont trouvés. Il est un peu bourru, voire arrogant, elle est douce, gentille. Il est policier, elle est médecin ; il est blanc, elle est « foncée ». Un monde les sépare, pourtant, ils ont réussi à trouver le leur. Et ce monde extérieur viendra les séparer de nouveau, plantant la graine de la peur, de l'incertitude, du racisme, du déracinement. Et de cette graine jaillira une pousse malheureusement fertile, qui transformera la peur et le doute en véritable guerre insidieuse dans l'esprit du policier.

Tel un polar, on suit deux confessions en parallèle, celle de Maha, à une ou des personnes inconnues, et celle de Mercier, aux policiers qui l'ont arrêté. L'auteur est en parfaite maîtrise des différents effets et sentiments qu'il veut instaurer chez le spectateur, et la mise en scène de Geneviève Pineault en exploite admirablement bien toutes les possibilités, tout en restant posé, presque latent. La parole de l'Ontarien est directe, crue, parfois drôle, mais en un sens véridique. Elle est « probable », et ceci crée autant une emprise rapide chez le spectateur qu'une réflexion terrifiante : réfléchissons-nous tous comme Mercier? Sommes-nous tous racistes, à différents degrés? Et jusqu'où peut mener cette peur honteuse?

Le jeu de Jean Marc Dalpé et d'Elkahna Talbi est tout à fait juste et très accrocheur. Prenant la parole chacun leur tour, tout en faisant avancer le récit de façon parallèle, les deux comédiens se donneront la réplique que rarement durant la représentation. Le seul bémol provient du manque de naturel lors des dialogues, des moments en couple, plus marqué du côté de Dalpé, mais rien pour entacher leur solide performance. Le compositeur Aymar, qui avait aussi concocté la musique de Slague, ajoute ici un certain suspense au récit grâce à une trame sonore subtile, discrète, au timbre peu changeant.

Coproduction du Théâtre du Nouvel-Ontario et Théâtre de la Vieille 17, II (deux) s'avère un morceau théâtral percutant, d'une grande pertinence, superbement traduit par Dalpé, évocateur d'une triste pensée collective, qui voit chaque mot, chaque phrase pénétrer le spectateur et ébranler tout autant la tête que le coeur.

18-09-2012