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Du 17 janvier au 25 février 2017, du mardi au jeudi à 19 h, vendredi à 20 h, samedi à 16 h
Supplémentaires samedis 11, 18 et 25 février 20h + dimanche 12 février 15h
Une mort accidentelle (ma dernière enquête)
Texte François Archambault
Mise en scène Maxime Denommée
Avec Annick Bergeron, Denis Bernard, Micheline Bernard, Pierre-Yves Cardinal, Stéphane Jacques, Marie-Pier Labrecque, Roger La Rue et Marie-Hélène Thibault

Philippe Désormeaux, un jeune chanteur connu du public, commet un crime de manière involontaire. Après avoir faussé les pistes, il quitte les lieux et court se confier à ses parents, qui, devant cet aveu, auront une réaction pour le moins inattendue. Jeff Dubois, un enquêteur dépressif fasciné par le cirque médiatique entourant l’événement et peu pressé à élucider l’affaire, est chargé de l’investigation.

François Archambault nous invite à plonger dans une enquête hors du commun ! Avec humour et intelligence, il explore les notions de crime, de châtiment et de pardon. Il s’intéresse également à l’imposture. Comment garder contact avec la réalité lorsqu’on est pris dans la spirale du mensonge ?

Acclamé pour ses pièces La société des loisirs et Tu te souviendras de moi, François Archambault nous propose cette nouvelle oeuvre développée dans le cadre de sa résidence d’auteur à La Manufacture. La mise en scène est confiée à Maxime Denommée, qui a signé avec brio celles de Après la fin et Orphelins.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort
Décor, costumes et accessoires Elen Ewing
Éclairages André Rioux
Musique Éric Forget
Direction artistique du spectacle Jean-Denis Leduc

Régulier 32,25$
65 ans et + 27,25$
30 ans et – 22,25$

Tête-à-tête : jeudi 26 janvier

Une production La Manufacture


La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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Critique

Après le succès remporté par sa pièce Tu te souviendras de moi (qui sera d’ailleurs montée en anglais au Centaur ce printemps), François Archambault confiait en entrevue la pression ressentie et son envie d’explorer d’autres thèmes. Ainsi, si la mort rôde littéralement sur la scène d’Une mort accidentelle (ma dernière enquête), la pièce s’intéresse avant tout aux mensonges et aux répercussions d’un geste fatal involontaire.




Crédit photos : Suzane O'Neill

Philippe forme avec Lucie un couple de vedettes chéri tant du public que des médias. Mais un jour, Philippe tue sa compagne par accident, dans un geste de colère, déguise la scène et s’enfonce ensuite dans une spirale infernale dans laquelle il entraîne aussi ses proches. Combien de temps les mensonges tiendront-ils face à un enquêteur tenace, mais au bord de la dépression? Et que se passe-t-il quand les réseaux sociaux entrent en ligne de compte? Quand l’opinion qui s’y forme devient primordiale?

Le châtiment, celui auquel le personnage central de la pièce ne peut échapper, et ce, quoi qu’il fasse, forme le cœur de cette histoire dans laquelle on retrouve avec plaisir l’humour noir et le cynisme qu’Archambault manie toujours aussi habilement.

Pour sa pièce, l’auteur table sur une structure qui rappelle le film noir. Au fil des scènes et des jours suivants le meurtre, alors que les mensonges s’accumulent pour masquer la réalité qui remonte invariablement à la surface, Philippe se prend au jeu, endosse le rôle de l’endeuillé que la société, son père et les médias veulent le voir jouer et finit acculé à des décisions aussi désespérées que tragiques. L’auteur explore la perte de contact de Philippe et de son entourage avec la réalité, notamment à travers le prisme du vedettariat, des médias et des réseaux sociaux omniprésents.

La distribution offre une belle prestation, mais les personnages de la pièce tendent, hélas, vers la caricature : le politicien plus attaché à sa carrière qu’à la morale ou à la justice, la gérante cherchant à tirer profit de la mort de sa fille pour mousser la carrière de son presque gendre, le père réduit au silence, la journaliste opportuniste, et l’enquêteur auquel Stéphane Jacques donne des allures de Colombo… Seul le personnage de la mère effacée et fragilisée de Philippe, incarnée par Micheline Bernard, sort vraiment du lot. La galerie de personnages fonctionne pourtant bien, créant des situations comiques en dépit des circonstances, mais l’ensemble manque de substance.

Sous les rires parfois jaunes, dont Archambault a le secret, l’auteur offre une réflexion sur notre société d’images, en quête perpétuelle de nouvelles informations et d’histoires (vraies ou fausses). Une mort accidentelle n’a malheureusement pas le mordant des précédentes productions. C’est particulièrement le cas dans la première moitié du spectacle, qui baigne dans une absurdité que la mise en scène de Maxime Denommée ne parvient pas à structurer. La critique sociale s’aiguise au fil de l’enquête… mais se termine dans un bain de sang qui n’approfondit guère le propos. Il faut dire que l’obsession de notre société pour le reflet que lui offrent les réseaux sociaux a déjà été explorée souvent et que la production ne propose pas de nouvelles approches. Après avoir bien ri, on demeure sur notre faim.

On passe malgré tout un bon moment, grâce à plusieurs répliques délicieuses et parfois assassines, et grâce, bien sûr, à la fascination morbide naturelle du public curieux, comme l’enquêteur, de voir jusqu’où les coupables peuvent s’enfoncer avant de se noyer.

22-01-2017