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Cr#%# d'oiseau cave
Du 30 avril au 25 mai 2019, du mardi au jeudi 19h, vendredi 20h, samedi 16h

David est obnubilé par Macha, Macha est obnubilée par Conrad, Conrad est obnubilé par Nina, Nina est obnubilée par Trigorine et Emma est… dérangée. Bien après le passage de la mouette de Tchekhov, cette nouvelle mouette cherche encore le sens de l’art et de la célébrité. Et si aujourd’hui, au vingt-et-unième siècle, l’essentiel était peut-être vraiment, simplement, de libérer son cr#%# de cœur ?

Déconstruction ludique de La Mouette de Tchekhov, Cr#%# d’oiseau cave questionne le rapport de notre société à la célébrité et les impacts du vedettariat sur les relations humaines, tout en brisant allègrement le 4e mur. En 2018, accorde-t-on plus d’importance au talent ou à la notoriété d’un artiste ? Avec l’omniprésence des réseaux sociaux, sommes-nous en perpétuelle représentation au sein de notre propre existence ?

Stupid Fucking Bird ( Cr#%# d’oiseau cave ) était créée en 2013 au Woolly Mammoth Theatre de Washington. Aaron Posner, dramaturge américain, est connu pour ses réécritures des classiques de Tchekhov. Sous sa plume, Oncle Vania et Les trois sœurs sont respectivement devenus Life Sucks et No Sisters. Cofondateur du Théâtre de la Marée Haute, Michel-Maxime Legault, qui a signé la mise en scène de Comment je suis devenue touriste à La Petite Licorne, réalise celle de cette pièce traduite par Benjamin Pradet.


Texte Aaron Posner
Traduction Benjamin Pradet
Mise en scène Michel-Maxime Legault
Avec Roxane Bourdages, François-Xavier Dufour, Robert Lalonde, Catherine Lavoie, Danielle Proulx, Sasha Samar et Richard Thériault


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Étienne Marquis
Costumes Marc Senécal
Décor et éclairages Cédric Delorme-Bouchard
Autres collaborateurs : Lou Arteau, Jean-Guillaume Bastien, Marjorie Bélanger, Émilie Clepper, Dominic Dubé, Marie-Frédérique Gravel, Olivier Pia Audet

  Prix à la carte 3 à 7 spectacles «Mordus» 8 spectacles et +
  Abonnement Premier arrivé Abonnement Premier arrivé
Régulier 35,50$ 28,75$ 25,75$ 25,75$ 22,75$
65 ans et + 29,50$ 25,75$ 22,75$ 22,75$ 19,75$
30 ans et – 25,50$ 22,75$ 19,75$ 19,75$ 16,75$

Le prix du billet comprend les taxes, les frais de billetterie et il inclut un montant de 50 sous qui viendra appuyer le travail de développement dramaturgique.

Durée -

Tête-à-tête : jeudi 9 mai

Une production Théâtre de la Marée Haute en codiffusion avec La Manufacture


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Critique disponible
            
Critique

Version québécoise de la pièce Stupid Fucking Bird d’Aaron Posner, traduit de l’anglais par Benjamin Pradet, Cr#%# d’oiseau cave se veut une représentation parodique de La mouette, œuvre phare d’Anton Tchekhov. Se servant de l’histoire comme simple matériau de base, l’équipe se réapproprie ce texte étranger pour en faire un objet ludique exempt de superflu où l’absurdité humaine déconcerte autant qu’elle fait rire.






Crédit photos : Julie Rivard

Sur la scène vide de la Grande Licorne, le plaisir des sept comédiens saute aux yeux. Dans cette mise en scène de Michel-Maxime Legault, tous les coups semblent permis. Tour à tour, les acteurs s’échangent la balle, s’impliquant corps et âme dans des dialogues cinglants. Se donnant la permission d’arrêter la pièce pour interagir directement avec les spectateurs, encourageant même une réponse de leur part dès la première réplique, les interprètes s’avèrent tous assez convaincants et authentiques. Il est même, parfois, difficile de faire la distinction entre la parole des personnages et celle des comédiens qui offrent un jeu complètement assumé. La présence d’apartés et les discours répétitifs apportent quelques longueurs au spectacle, ce qui peut nuire à l’appréciation générale de certains. Il faut reconnaître que le rythme ainsi brisé est un bel hommage à cette stagnation inévitable ou ce refus de la modernité dont les personnages tchékhoviens sont souvent victimes. Que cela déplaise ou amuse, l’effet de « théâtre dans le théâtre » demeure une réussite pour le metteur en scène alors qu’aucun élément scénique ne vient gêner la performance de la distribution à cette « représentation » crédible de la pièce Nous. Y. Sommes.

Sur la scène vide de la Grande Licorne, le plaisir des sept comédiens saute aux yeux.

Même si les costumes de Marc Senécal peuvent paraître très sobres en surface tandis que le gris et le noir sont mis à l’honneur, le concepteur paraît avoir tout de même réussi à apporter une couleur singulière à chacun. Attriqué d’une casquette et d’un jean porté en bas de la taille, François-Xavier Dufour incarne sans retenue le personnage de Conrad, un éternel adolescent rebelle dans le début de la trentaine en quête d’amour charnel et maternel. En mère fatiguée, rongée par les regrets et les remords, Danielle Proulx est aussi drôle que touchante. Agencée à l’élégance que lui donne sa chemise fleurie et son jean propre, sa posture impeccable d’actrice refusant son âge lui donne une si fière allure que lorsqu’elle ouvre la bouche et fait résonner la langue québécoise avec tant de franchise, le rire est inévitable. Du côté de Roxane Bourdages, ses vêtements noirs portent en eux tout le pessimisme du personnage de Macha qui, malgré toute cette noirceur, s’avère très attachante. Elle est d’ailleurs à féliciter pour ses performances de chant somme toute agréables pour l’oreille. Le look quelque peu froissé de Sasha Samar lui confère un aspect bouffon dont il jouit à merveille dans le rôle de David, le meilleur ami de Conrad. Les tenues propres sans grande extravagance de Robert Lalonde et Richard Thériault trahissent l’expérience des deux hommes qu’ils incarnent, respectivement Trigorine et Sorine, dans une maîtrise témoignant de leur sagesse, mais cachant une fougue intéressante. Pour compléter le tableau s’ajoute la robe de soirée décontractée beige que porte la pétillante Catherine Lavoie, interprète de Nina, qui donne à son personnage toute sa beauté et sa lumière.

Plus discrets durant toute la représentation, les éclairages de Cédric Delorme-Bouchard et la musique d’Emilie Clepper ne peuvent que donner plus d’aplomb à cette formidable distribution. Ayant réussi à livrer une performance dont l’évolution est remarquable, le septuor a de quoi célébrer. Si le rythme vient parfois à manquer ou s’avérer un peu lourd à porter, la rigoureuse direction d’acteurs de Legault semble avoir apporté beaucoup pour faire de cette traduction une œuvre singulière en soi.

 

02-05-2019
 

La Grande Licorne
4559, avenue Papineau
Billetterie : 514-523-2246

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