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Du 26 mars au 6 avril 2008

Château sans roi (5 à 9 ans)

Texte de Joël da Silva
Mise en scène de Michel Fréchette
Marionnettistes : Patrick Martel, Louis-Philippe Paulhus, Marc-André Roy et un quatrième marionnettiste

Monsieur habite une aimable propriété portant l'inscription « Le Roi va venir ». Depuis des années, il se prépare à cette visite qu'il n'en finit plus d'attendre. Car le roi ne vient jamais. Monsieur continue cependant d'entretenir ses illusions et devient chaque jour un peu plus stupide, au point d'en oublier son propre nom. Il est persuadé que le roi lui en donnera un nouveau lorsqu'il le fera chevalier. Or, voici qu'un parasite s'introduit chez lui et se fait passer pour le roi, abusant de la naïveté de son hôte. Fort heureusement, Monsieur peut compter sur la vigilance de sa bonne, la dévouée Agathe...

Château sans roi est un spectacle drôle et coloré, époustouflant d'audace et d'invention. Cette histoire d'identité perdue puis retrouvée nous rappelle l'importance de penser librement sa vie. Plus d'une trentaine d'étonnantes marionnettes nous racontent les mésaventures de Monsieur. Leur manipulation est magique et le castelet figurant le château, tout simplement superbe !

Assistance mise en scène Michel P. Ranger
Décors et marionnettes Patrick Martel
Musique originale Simon-Pierre Gourd
Éclairages Claude Cournoyer

Une création du Théâtre de l'Avant-Pays

ACTIVITÉS D'ANIMATION THÉÂTRALE
Rencontrez les artistes du spectacle après la représentation.
Le 30 mars 2008 à 16h. Gratuit.
Participez au parcours du spectateur.
Le 5 avril 2008 à 14h30.

Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie :
514-288-7211

 

par David Lefebvre

Le théâtre de marionnettes au Québec ne serait sûrement pas le même sans l’apport du Théâtre de l’Avant-Pays. Riche de 31 productions à ce jour, qui se sont promenées au Canada, aux États-Unis et en Europe, la compagnie se démarque à chaque représentation, grâce aux talents des concepteurs et des manipulateurs. Dernièrement, on a pu apprécier leur travail grâce à Une forêt dans la tête, de Marie-Christine Lê-Huu et L’Armoire, de Pascal Brullemans. Mais c’est à l’auteur prolifique Joël Da Silva que l’on doit la plupart des récentes productions de la compagnie, signant 4 des 6 derniers spectacles, dont À nous deux !, Le petit bon à rien et Château sans roi.

Créé pour la première fois en 1997,  Château sans roi propose l’histoire de Monsieur qui habite un manoir, et dont on retrouve à l’entrée l’inscription « le roi va venir », taillée dans la pierre. Pourtant, le monarque ne se montre jamais. Monsieur, qui en a oublié son nom, continue de nourrir ses illusions, en faisant confectionner des gâteaux par sa servante Agathe. Un jour, un parasite, une bestiole nommée Petitmosus Rex, s’installe chez Monsieur. Il se déguise en roi ; croyant au subterfuge, Monsieur l’accueille avec tous les honneurs. Le parasite abuse de la naïveté de l’homme, jusqu’à le ruiner et brûler son château. L’homme, dans les ruines, finit par comprendre et redécouvre son nom, et décide de rebâtir la maison, encore plus belle et plus solide qu’avant.

Identité perdue puis retrouvée, abus de pouvoir, force de caractère, voilà quelques thèmes qu’aborde la pièce de Da Silva, mise en scène par Michel Fréchette. Travail conjoint entre l’auteur, le metteur en scène, le scénographe (Patrick Martel), le musicien (Simon-Pierre Gourd) et les marionnettistes (Patrick Martel, André Meunier, Louis-Philippe Paulhus, Marie-Pierre Simard), le spectacle a nécessité 18 mois d’ateliers de création, d’expérimentation et de production. Au lever du rideau, le décor nous stupéfait. Le château, aux inspirations «moulinsardiennes», presque aussi large que la scène, est magnifique. On peut y contempler la cour avant, gazonnée, le chemin, et la muraille de pierre. L’essentiel du spectacle se situe dans l’espace entre les deux tours, qui délimitent la maison. Totalement ouvert, il permet la manipulation, sur fond noir, des marionnettes de type traditionnel. Pour que le public puisse bien apprécier celles-ci, on utilise plusieurs marionnettes des personnages, de différentes tailles et dimensions, selon la scène. On arrive même à passer allègrement du réel (Monsieur qui se promène dans sa cour) au surréel (une danse des produits ménagers, aux couleurs fluorescentes, qui volent en tous sens). Les marionnettistes sont cachés en tout temps, ce qui permet de donner une vie propre à l’objet animé. Et le tout-petit spectateur en perd parfois son latin.

Malgré quelques défauts de langue (répétitions superflues, utilisations d’archaïsmes, langage familier, voire populaire), que l’on peut imputer à l’action que commande le texte et à l’humour de celui-ci, le procédé narratif est très efficace, empruntant beaucoup au conte, sans toutefois tomber dans la facilité. La production se regarde et s’écoute avec plaisir, sans effort ; l’imagination des petits et grands est stimulée et touchée. Il y a même un petit quelque chose de cinématographique dans Château sans roi, au niveau de la mise en scène et de l’utilisation des marionnettes.

Parfois, le malheur vient de l’intérieur, quand on nourrit nos parasites, qui nous bouffent littéralement l’espoir et le bonheur. Il faut savoir créer l’événement qui nous rendra heureux, au lieu de l’attendre sans cesse. Se prendre en main, se connaître mieux, se bâtir une identité, quitte à passer au travers de quelques crises plus ou moins graves pour y arriver. Burn the house down, détruire pour mieux rebâtir…

Et les enfants, à la sortie de la salle, en redemandaient encore. Qui a dit que le monde de la marionnette traditionnel était révolu ?

28-03-2008