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Du 5 décembre 2012 au 5 janvier 2013, supplémentaire 6 janvier 2013, 15h
La lune est à moiLa lune est à moi !
pour les jeunes de 4 à 8 ans
Texte : Marie-Luce Maupetit
Mise en scène : Patrick Martel, Michel P. Ranger
Interprétation : Evelyne Fournier, Lili Gagnon, David Magny, Bryan Morneau

« Qu’arriverait-il si la lune tombait du ciel pour atterrir dans mon jardin ? » Loukna n’a pas le temps de se poser la question que déjà l’astre brillant et rond a pris ses aises sur l’herbe verte. Heureuse de l’arrivée de cette nouvelle amie, Loukna décide de la cacher et de la garder pour elle toute seule. Mais, pendant ce temps, le monde est sens dessus dessous : les poètes ne trouvent plus de rimes à leurs poèmes et les capitaines de navires se perdent en mer. Tandis que tous croient que la lune doit reprendre sa place dans le ciel, Loukna élabore une foule de stratégies loufoques pour la garder juste pour elle.


Scénographie et marionnettes : Patrick Martel
Conception, production et intégration des projections vidéo : Turbine Inc.
Musique : François Monette, Guillaume Sauriol-Lacoste
Éclairages : Maude Serrurier
Complicité artistique : Michel Fréchette
Régie éclairages et son : Maude Serrurier
Chef d’atelier de marionnettes : Marie-Pierre Simard
Personnel d’atelier décor et marionnettes : Isabelle Chrétien, Annie Durocher, Christine Plouffe et Marie-Pierre Simard
Structure du décor : Joël Chabot
Habillage : Julie Émery, Sandra Turgeon
Photo : Suzane O'Neill

Une rencontre avec les artistes aura lieu le dimanche 9 décembre, après la représentation de 15 h.

Un parcours du spectateur aura lieu le samedi 15 décembre, à 14 h 30 et le dimanche 16 décembre, à 14 h 30.

Une création du Théâtre de l'Avant-Pays


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Suzane O’Neill

Loukna et son chien Pastille s'amusent dans le jardin. Tout à coup, bang badang! La Lune et son ami Méri ont trop joué et, aidés par la méchante étoile Perlucine, tombent sur la terre, derrière la maison de Loukna. La petite ne fait ni une ni deux : elle qui vient de se trouver une nouvelle amie, la cache dans sa chambre et fera tout pour qu'elles restent ensemble. Mais les habitants de la terre commencent à s'inquiéter de la disparition de la lune ; les poètes ne trouvent plus leurs mots et la mer se dérègle. Perlucine, maintenant maîtresse du monde, grossit et ne veut plus laisser sa place. Est-ce que la lune pourra retourner dans le ciel?

La lune est à moi, la plus récente création du Théâtre de l'Avant-Pays, compagnie à l'enviable réputation qui nous a offert au court des dix dernières années quelques très bons moments de théâtre - notons À nous deux! de Joël Da Silva en 2003, L'Armoire de Pascal Brullemans en 2005 ou encore les pièces Une forêt dans la tête (2007) et Le voyage (2009) de Marie-Christine Lê-Huu - se démarque principalement par sa légèreté et son côté ludique. La production semble avoir été largement inspirée par le monde de la télé, si l’on se fie au type de marionnettes, de jeu, ou encore aux décors et aux nombreuses scènes télévisuelles (un bulletin de nouvelles en continu et une émission jeunesse intitulée Frisouillette et Bigoudis). Autre explication plausible de ce sentiment toujours présent lors de la représentation, La lune est à moi est le premier texte de théâtre de l’auteure Marie-Luce Maupetit, une habituée des séries jeunesse (Toc Toc Toc, Macaroni tout garni, 1, 2, 3 géant). Les marionnettes de mousse, aux allures de chiffon, ont des bouilles hyper sympathiques et caricaturales, se rapprochant graphiquement des illustrations de livres pour enfants. En fait, tous les pans de la production tentent d'accrocher le jeune public et de le mettre à l'aise : les jeux de Loukna et de son toutou sont les mêmes que ceux de la Lune et de Méri ; les héros de l'émission pour enfants ressemblent drôlement à Pastille et à sa maîtresse ; le corps des manipulateurs, à vue, agit comme prolongement naturel de la marionnette, comme si le double ne faisait qu’un, rendant la manipulation extrêmement dynamique. Le décor, qui peut se définir comme un immense monticule de coussins, recèle de passages cachés, et agit comme élément de confort auprès du public. Des vidéos et des animations sont projetées sur la petite colline : sa forme circulaire crée un effet tridimensionnel qui procure une certaine vie aux projections. Mêlées aux éclairages, qui peuvent être à certains moments saisissants - dont durant une tempête d'éclairs qui pourrait effrayer les plus petits, ou les fasciner -, elles s'avèrent toujours très réussies.

La jeune Évelyne Fournier fait un excellent travail derrière la petite et espiègle Loukna, ainsi que Lili Gagnon, qui s'occupe de la naïve et gentille Lune. Bryan Morneau donne vie au Zéphyrin Méri, le personnage le plus sensé des trois. Mais c'est David Magny qui se démarque, grâce à Pastille, ce chien totalement irrésistible, et Hubert, le lecteur de nouvelles, ainsi que la collègue journaliste qu’il interprète à tour de rôle. L'acteur s'amuse ferme à courir entre les différents personnages, et on prend tout autant plaisir à le voir s'immiscer dans la peau de chacun d'eux. Certains gags simples, que se permettent Magny et Morneau lors des bulletins, sont d’une belle efficacité humoristique et font sourire, voire s’esclaffer bon nombre de parents. La conception des costumes et des accessoires fait ici de petits miracles : il faut voir comment une perruque se transforme en chapeau, ou comment un microphone se métamorphose en une marionnette représentant trois témoins de la chute de la lune. Brillant!

La mise en scène à quatre mains de Patrick Martel et Michel P. Ranger réussit à créer un univers fantastique, mais familier, dans lequel l'enfant s’éclate en admirant les étoiles qui dansent ou en riant aux éclats devant Pastille qui joue à cache-cache parmi les nombreux oreillers. Si la pièce a pour thème l’entraide, l’amitié, elle aborde aussi le droit à l’erreur et le devoir de réparer les pots cassés. Malheureusement, peut-être justement à cause de la légèreté du spectacle, ces enjeux et ces valeurs n’arrivent pas à s’imposer, comparativement à certains traits de caractère de Loukna, comme son égocentrisme juvénile, son désir de possession et son espièglerie. Si Méri et Loukna se chamaillent et finissent par s’accorder pour permettre à Lune de reprendre sa place au firmament, cette réconciliation passe trop rapidement pour marquer le jeune public. Certains passages, dont une perte de mémoire temporaire de Loukna, ne servent pas le propos et allongent le spectacle qui s’étire vers la fin, malgré un rythme toujours soutenu.

Même si elle ne décroche pas la lune, La lune est à moi! s’avère fort sympathique et plaira assurément aux fripons et friponnes en visite à la Maison Théâtre durant la périodes des Fêtes.

06-12-2012