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Du 11 au 21 mars 2015
Ik OnkarIk Onkar
pour les 12 ans et +
Texte : collectif
Mise en scène : Jean Stéphane Roy et Fanny Gilbert-Collet
Avec Marie-Eve Fortier, Caroline Lefebvre et Louis-Philippe Robillard

Ils forment un trio : Caroline et Marie-Eve sont des amies d’enfance. Philippe est le garçon dont la première tombe amoureuse, ce qui met à l’épreuve la loyauté entre les deux filles. Autour d’un concours lancé par l’organisme Amnistie internationale sur le thème « les jeunes et l’espoir en l’avenir », les trois compères trouvent l’occasion de brasser leurs idées et de rallier leurs talents. Le toit de l’école, d’où ils scrutent avec émerveillement l’immensément grand, devient le lieu où ils partagent leurs interrogations sur la vie, leurs découvertes sur l’être humain, leurs peurs, leurs attentes et leurs secrets.

Venant du sanskrit, Ik Onkar est la première phrase d’un mantra qui signifie « tout est dans l’univers et l’univers est dans tout ». Bâti sur la prise de conscience et de parole, le spectacle fait défiler sur un rythme endiablé une mosaïque de scènes sans lien logique entre elles, entrecoupées de chorégraphies, de chant et de performances musicales. Ilse pose en reflet de notre monde fragmenté et, surtout, de notre mode de consommation effréné qui fait que l’on peut passer dans la même minute du drame à la comédie. Ik Onkar explore à la fois la constitution des galaxies, la place de l’homme et de la femme dans l’univers, la naissance de la pensée, l’amour, l’acceptation, les difficultés scolaires, la violence causée par les armes, les relations amoureuses, mais également le théâtre de Ionesco et celui de Shakespeare, la poésie de Nelligan, la musique de Vivaldi et les considérations sur le corps de Léonard de Vinci. Du tout se dégage une honnêteté, une ouverture au monde et un dynamisme qui nous tirent résolument vers le haut.


Section vidéo


Scénographie, éclairages et vidéos : Benoît Brunet-Poirier
Conception sonore : Louis-Philippe Robillard
Direction de production : Sophie Ducharme
Régie de création : Sariana Monette-Saillant
Photos : Sylvain Sabatie

Rencontre avec les artistes : dimanche 15 mars, 15 h

Durée 55 minutes

Sera aussi présenté aux Gros Becs à Québec le 27 mars 2015

Une production Théâtre la Catapulte


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon


Crédit photo : Sylvain Sabatie

Jour après jour, les médias relancent leur litanie de mauvaises nouvelles : économies en chute libre, tueries, attentats… Les jeunes, quant à eux, cherchent leur place dans le monde, tentent de savoir s’il y a de l’espoir pour leur futur. Répondant à l’appel d’un concours lancé par Amnistie internationale sur le thème « Les jeunes et l’espoir », trois amis observent, jugent et questionnent le monde qui les entoure. Dans leur processus de création, ils plongent dans différents univers culturels, littéraires, musicaux et théâtraux, les explorent et les goûtent pour y trouver un reflet de ce qu’ils vivent et ressentent.

Ik Onkar (qui signifie conscience ou énergie en action, en sikh) est un spectacle rempli de belles idées et de flashs intéressants, mais souffre justement de trop d’éclatement. Polymorphe, il adopte tantôt le ton de la poésie, tantôt celui du drame personnel ou de la comédie, et joue du slam (brillant, d’ailleurs, inspiré de la tirade Non merci dans Cyrano de Bergerac) autant que de la guitare. La création du Théâtre de la Catapulte s’intéresse en fait à tant de sujets qu’elle ne s’attarde à aucun en particulier. Si certains tableaux se lient parfaitement bien, d’autres passent pour des digressions. C’est le cas de l’adaptation parodique de Roméo et Juliette, tout de même l’un des moments les plus drôles du spectacle (mention spéciale à André Robillard en nourrice), mais qui ne cadre pas avec le reste.

La partition que nous proposent les metteurs en scène Jean Stéphane Roy et Fanny Gilbert-Collet vibre pourtant d’une belle énergie. En fond de scène, les projections ont de toute évidence été minutieusement choisies et offrent une belle collection qui explore à la fois la géographie et le corps humain. La musique classique et les choix pop rock ou électro (le Alors on danse de Stromae en a fait réagir plus d’un dans la salle) forment une bande sonore engageante. Projections et musiques accompagnent bien le cheminement de pensée des trois jeunes et concourent à créer de bons moments. Le problème réside davantage dans la multiplication des sujets et références, qui finissent par former un spectacle trop bavard, là où on aurait aimé un peu de silence pour apprécier les réflexions apportées par ce texte collectif. Elles n’ont tout simplement pas le temps de se déposer en nous avant que le spectacle passe à un autre sujet.

Les auteurs mettent cependant bien en mots les incessantes interrogations des adolescents, tout comme leurs nombreuses peurs face à un monde imparfait, et parfois effrayant, comme vient le souligner avec justesse, vers la fin du spectacle, la longue énumération des adolescents et enfants tués à l’école partout dans le monde, là où théoriquement ils devraient être en sécurité. Les références à des œuvres connues, parfois subtiles, mais toujours réjouissantes, sont aussi une des forces du spectacle. D’ailleurs, bien que les adolescents présents dans la salle n’aient pas paru la reconnaître, la reprise de la fameuse scène de reconnaissance entre les Martin dans La Cantatrice chauve, d’Ionesco, est particulièrement brillante et joliment exécutée par les comédiens.

Reste que toutes ces belles idées ne font malheureusement pas d’Ik Onkar un spectacle suffisamment fort pour démontrer que tout est dans tout ou que la contribution de chacun dans l’édification du monde puisse changer quelque chose à sa lente marche.

14-04-2015