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Du 7 au 17 octobre 2015
Créatures
pour les 4 à 7 ans - spectacle intime
Avec Marie-Hélène da Silva, violoniste et comédienne, et Solène Derbal, pianiste

Place au théâtre… musical ! Place à cette violoniste-comé­dienne aussi douée et fantaisiste au violon que lorsqu’il s’agit d’incarner de drôles de personnages. Tantôt poupée contente et rigolote, tantôt pépère grabataire, elle joue et se joue des conventions pour animer, au gré de son inspiration débordante, ces créatures bienveillantes, heureuses et un peu folles. Tout en parlant musique, celles-ci se coiffent de chapeaux et semblent perdre la tête à mesure qu’elles en changent.

Ce spectacle sans paroles se présente comme une suite de petits tableaux dont les personnages obéissent – ou non ! – au rythme de la musique, provoquant chez les petits, curiosité, éclats de rire et émotion. Accompagnée d’une complice claviériste jouant un kaléidoscope d’airs, dont plusieurs d’Erik Satie, la comédienne, violon et corps en symbiose, exprime l’état d’âme de chacune de ses créatures. Quelle façon irrésistible de découvrir et d’apprivoiser la musique, et de s’en faire une amie pour jouer.

La compagnie

Le Moulin à Musique

Sous la direction artistique de Marie-Hélène da Silva, Le Moulin à Musique crée, produit et diffuse des spectacles musicaux dédiés au jeune public à des fins artistiques, éducatives et sociales. Sa mission est de favoriser la rencontre entre les enfants et la musique dans un esprit de création, de découverte et d’échange. Depuis sa fondation en 1980, dix-neuf créations ont été présentées dans les écoles, les salles de spectacles et les festivals.

À travers ses créations, Le Moulin à Musique véhicule un vaste répertoire musical, qu’il soit classique, baroque, contemporain ou traditionnel. Par son approche originale, il prépare les jeunes oreilles à l’écoute d’œuvres musicales de qualité.


Section vidéo


Directrice artistique et idéatrice : Marie-Hélène da Silva
Auteur et metteur en scène : Joël da Silva
Conseiller musical : Allan Sutton
Direction de production et régie technique : Kévin Bergeron
Programmation sonore : Benoît Brodeur
Artiste arts visuels aux accessoires : Gina Antinozzi
Réalisation costume : Hélène Samuel
Réalisation décors : Christian Hamel
Photo Caroline Robineau

Durée 35 minutes

Une création du Moulin à musique


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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Critique

Crédit photo : Caroline Robineau

Après une visite largement appréciée du Français Serge Boulier et son poétique Toi du monde, c’est une autre création intimiste qui s’incruste dans les yeux et les oreilles des tout-petits et des plus grands à la Maison Théâtre. Le Moulin à Musiquey présente Créatures, avec une infinie délicatesse.

Depuis sa fondation en 1980, la compagnie québécoise a présenté près d’une vingtaine de productions dans les écoles et les salles ici et à l’étranger. Dans l’institution de la rue Ontario, elle a monté précédemment certaines pépites d’or de son répertoire dont Garde-robe, que l’on a eu l’occasion de voir avec grand plaisir à différentes reprises. Sa toute nouvelle proposition, qui s’est amorcée en décembre 2014 à la Maison de la culture Rosemont, poursuit dans la même veine exploratoire où l’imagination, les objets et la musique fusionnent en un écrin permettant aux enfants de sortir de leurs coquilles et de s’éveiller à un monde qui fourmille d’innombrables perceptions.

Tout comme Toi du monde, le public s’installe directement sur la scène spécialement aménagée pour recevoir à la fois l’auditoire et l’aire de jeu. Tout juste avant le début officiel de la représentation, deux demoiselles viennent se présenter : la violoniste-comédienne Marie-Hélène da Silva et la pianiste Solène Derbal. La première, directrice artistique et «joueuse d’idées» du Moulin à Musique avait illuminé, de sa présence  attachante, Garde-robe. Pour Créatures, elle s’impose aussi naturellement avec ses traits de petite fille curieuse et intrépide habillée d’une simple robe. Sa complice, toute de noire vêtue, se montre comique et autoritaire avec sa casquette. Sur le plateau, des lutrins sont répartis en deux rangées l’une en face de l’autre. Sur chacun d’eux se trouvent les nombreux chapeaux enfilés par la musicienne-interprète tout au long de son périple ludique. Au-dessus de nos têtes, nous apercevons une curieuse maison blanche au toit triangulaire. Celle-ci se déplace à quelques reprises, s’illumine parfois et remplace même par moment la tête de l’actrice.  

Pendant un peu plus d’une trentaine de minutes, le spectacle, qui se démarque par l’absence de prononciation d’un seul mot, cherche à exprimer les soubresauts de l’existence par la voix du ressenti. Construite comme une suite de petits tableaux non linéaires, la pièce nous fait rencontrer des créatures (d’où le titre) qui obéissent ou non aux pulsions des mélodies entendues. Les sons surgissent comme par enchantement, comme s’ils sortaient du chapeau d’un magicien. Si aucune parole ne ponctue l’action, Marie-Hélène da Silva se permet à quelques occasions des onomatopées de plaisir, de surprise ou de déception. Avec sur sa tête soit un chapeau de paille, un casque rond ou un chapeau bleu d’anniversaire, elle réussit avec quelques mimiques ou un sourire attendrissant à nous illustrer en quelques secondes la personnalité de tous ces individus d’âges et de milieux divers. Parmi les passages les plus amusants, mentionnons celui qui met en scène cet instrumentiste en quête d’attention et d’applaudissements qui s’évertue à remercier son public sur chacun des quatre côtés du cube où il est juché. Le rythme de Créatures alterne ainsi les séquences dynamiques et plus lentes, en équilibre entre la douceur et l’énergie contagieuse.

Mais le principal protagoniste de cette aventure au traitement éclectique demeure sans contredit le violon. L’instrument souverain assemble toutes ces historiettes et apporte une cohérence à cette œuvre d’initiation. Solène Derbal accompagne toujours le jeu de da Silva avec une belle symbiose, les doigts sur son clavier synthétiseur. Par ailleurs, le choix des plages musicales va de quelques mesures de la Première Gymnopédie d’Érik Satie à un extrait d’On n’est pas là pour se faire engueuler de Boris Vian. La mise en scène de Joël da Silva enrobe habilement cet univers aux impressions variées et aux sensations les plus frémissantes.

Par son inventif apprentissage de la musique et la subtilité de son approche, une expérience comme Créatures laisse indubitablement des souvenirs heureux.  

10-10-2015