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Du 11 au 22 mai 2016
Papoul
pour les 3 à 6 ans
Texte et mise en scène : Jasmine Dubé
Avec Charles Dauphinais et Christophe Papadimitriou, contrebasse

Il n’existe pas de papa poule plus attentionné et bienveil­lant que Papoul. Et en prime, il est bigrement drôle et amusant. Du chant du coq jusqu’à la berceuse de la poulette grise, Papoul s’active et couve tendrement ses poussins en l’absence de Mapoul ! Entre la « pouletterie » (la garderie des poussins) qui l’attend et le travail qui n’attend pas, entre les courses à faire et les rendez-vous d’affaires, Papoul est parfois débordé ! Entre le souper à préparer et l’histoire à raconter, Papoul fait de son mieux : il couve, console, et prend soin de ses petits cocos, tout en travaillant. Heureusement, Grand-Papoul, très complice, rythme à la contrebasse les heures et veille aussi sur la maisonnée.

Avec tendresse et humour, l’auteure revisite le rapport père-enfant à la lumière de ce XXIe siècle fait de courses contre la montre et de technologie asservissante, où la vie familiale souffre toujours de « décalage horaire »… Humour et poésie sont au rendez-vous. Jeu d’acteur et musique se conjuguent pour former un duo clownesque dans un univers scénographique ludique où l’amour et la tendresse se transmettent de génération en génération.

La compagnie

Théâtre Bouches Décousues

Depuis 1986, TBD contribue au développement de la dramaturgie. Reconnu pour dire haut et fort que le théâtre jeune public est un théâtre à part entière et que les enfants ne sont pas que le public de demain mais un public aujourd’hui, le Théâtre Bouches Décousues est une compagnie de recherche et de création dramaturgique qui pose un regard tendre et critique sur le monde des enfants et de leurs adultes.

Depuis sa création, le Théâtre Bouches Décousues a produit vingt spectacles, totalisant 3 423 représentations qui ont rejoint près de 750 500 spectateurs. En 2006, le TBD a reçu le Grand Prix du Conseil des arts de Montréal « pour son apport immense à la vitalité et au développement du théâtre d’ici ».


Section vidéo


Décor et costumes : Patrice Charbonneau-Brunelle
Accessoires : Alain Jenkins
Éclairages : Luc Prairie
Musique et son : Christophe Papadimitriou
Assistance et régie : Elise Henry
Maquillages et coiffures : Angelo Barsetti et Rachel Tremblay
Photo Michel Pinault

Durée du spectacle : 45 minutes

Une production Théâtre Bouches Décousues


Maison Théâtre
245, rue Ontario Est
Billetterie : 514-288-7211

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Dates antérieures (entre autres)

18-19 novembre 2014 - Coups de théâtre

 
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Critique

Présentée quelques jours après le Festival Petits Bonheurs, la pièce Papoul du Théâtre des Bouches Décousues réussit à susciter des réactions chaleureuses à la Maison Théâtre. Mais en comparaison avec les œuvres marquantes de la compagnie, elle ne charme pas à son plein potentiel.

Conçu par sa directrice artistique Jasmine Dubé, le spectacle de 45 minutes s’adresse principalement aux trois à six ans. Presque sans paroles, sauf pour quelques mots, il expose des parcelles de vie du personnage, incarné par un Charles Dauphinais au jeu clownesque. Le contrebassiste Christophe Papadimitriou est présent, quant à lui, comme accompagnateur.

L’histoire nous plonge dans le quotidien peu banal d’un dénommé Papoul (comme le titre), un père poule, autant dans le sens premier que métaphorique du terme. Alors que le matin commence au son du cocorico, une curieuse créature s’extirpe du sommeil dans sa petite chambre aux portes coulissantes. Maître du foyer pendant l’absence de Mapoul, le protagoniste ressemble à un petit garçon avec sa coiffure à la Riquet à la houppe, sa salopette rayée et ses longs bas de couleur jaune. Il n’a pas le temps de terminer d’enfiler ses beaux souliers qu’il trouve dans l’un de ceux-ci, un de ses poussins. Entre deux tâches, le «maître» veille avec soin sur sa progéniture, ce qui ne l’empêche pas de se distraire, encouragé par les doigts complices de l’instrumentiste.       

Près de 25 ans après la création de Petit Monstre, Dubé reprend, avec plusieurs touches fantaisistes, le thème de la paternité. Elle l’adapte dans un contexte de rapidité et de performance caractéristique du 21e siècle. Des aspects du décor expriment cette sensation de course contre la montre, avec ses cadres de porte, son escalier et son horloge. Lors d’une brève scène, l’homme débordé utilise son portable pour une conversation en anglais. Les sons prononcés, comme des caquètements, entraînent bien des fous rires.

Mais au-delà de ses occupations, c’est le bonheur de voir le protagoniste s’occuper au bien-être de ses proches qui domine. L’un des moments les plus drôles dans cette plausible conciliation travail-famille survient lors de la préparation d’un repas. Papoul coupe sur une planche des aliments avec un soin méticuleux, jusqu’à ce qu’une mélodie entraînante se fasse entendre. Il ne peut s’empêcher de se déhancher d’abord légèrement, pour ensuite se laisser emporter par le rythme. L’imagination domine à de nombreuses reprises. Par exemple, au tout début, le personnage lance d’une fenêtre ouverte, des plumes avec un regard émerveillé. Plus tard, il dessine à la craie sur un tableau noir comme un professeur, ou il tape sur un chaudron pour accompagner son partenaire.  

L’une des grandes qualités du travail des Bouches Décousues demeure son approche interdisciplinaire. Le théâtre et la musique se réunissent dans Papoul, comme les œuvres de la peintre Madeleine Arbour coloraient la trame des Contes Arbour l’automne dernier. Ici, la présence de Papadimitriou contribue à l’intérêt de la proposition. La contrebasse constitue parfois un instrument plus difficile à apprivoiser au théâtre, contrairement à la flûte ou le violon qui ont été utilisés récemment dans d’autres productions. C’est tout à l’honneur Jasmine Dubé de créer ainsi de telles initiations, où le plaisir se conjugue au savoir sans lourdeur éducative.

L’interprétation de Charles Dauphinais ajoute également de l’intérêt à l’ensemble. Avec son sourire, ses mimiques et sa gestuelle, elle démontre une justesse en père attentionné qui jongle avec les aléas du monde adulte. En complicité avec les notes émises par le musicien, il exécute souvent quelques dandinements loufoques. Par ailleurs, les mélodies naviguent entre des morceaux plus grinçants et d’autres plus doux, afin de scander les heures du jour. 

Pourtant, le résultat aurait mérité une meilleure exploration des enjeux abordés tout au long du récit. Sans véritable texte, la démonstration des efforts et astuces du héros pour gérer sa carrière et sa maisonnée tourne un peu à vide après la demi-heure, en l’absence de rebondissements ou de situations inattendues. L’action stagne. Cette légère déception s’explique aussi en songeant aux grandes réalisations poétiques des Bouches Décousues (Le bainLa bonne femme). Pourtant, les jeunes spectatrices et spectateurs ont semblé beaucoup apprécier, comme en ont témoigné les rires entendus à différentes reprises.

Malgré quelques faiblesses, le Théâtre des Bouches Décousues poursuit avec Papoul, son approche imaginative empreinte de délicatesse et de réflexions ludiques. 

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