Les échos d'une vie à deux… Quand deux êtres se rencontrent au bout d'un quai et décident de s'unir pour la vie, c'est le début d'un grand voyage. Le bonheur de s'engager, de se sentir accompagné, le plaisir des petites choses partagées dans l'intimité ne vont pas sans quelques tempêtes ou intempéries. Après cinquante ans de vie commune, Simone et Victor ont tissé une profonde complicité. C'est ainsi qu'ils peuvent espérer partir dans la dignité au bras de l'autre face à l'immensité de la mer, tournant le dos au grand désert du monde, assis sur le quai du départ.
Formés auprès de Guy Freixe, Monika Pagneux et Jacques Lecoq, les créateurs et interprètes Johanne Benoit et Martin Boileau privilégient une approche artistique axée sur le jeu masqué et le mouvement corporel. C'est ainsi que l'histoire de Simone et Victor sera incarnée par des conteurs et des personnages masqués.
Comédienne et directrice artistique de la compagnie La Grosse Valise durant dix ans, Johanne Benoit enseigne à l'Option-Théâtre du Collège Lionel-Groulx. Elle a signé en 2001 la mise en scène du spectacle jeune public Les souliers rouges de Martin Boileau avec le Théâtre Quatre/Corps. Avant de faire le saut dans l'écriture théâtrale, Martin Boileau a écrit des contes pour enfants. Il est actuellement en résidence d'auteur à l'Arrière Scène de Beloeil sous la direction de Serge Marois avec sa pièce La guerre des mouches. Le Théâtre Quatre/Corps dirigé par Bertin Savard privilégie dorénavant la création québécoise.
Écriture
Martin BoileauConception et création
Johanne Benoit
Martin BoileauMise en scène
Johanne BenoitConseiller en dramaturgie
Ghyslain FilionAssistance à la mise en scène
Patricia Bergeronavec
Johanne Benoit
Martin Boileau
Maryse PoulinUne production du Théâtre Quatre / Corps
par Geneviève Germain
De quoi aurons-nous l’air après 50 ans de mariage? L’amour peut-il être inépuisable? Dans le cas de Simone et Victor, tels que présentés par la troupe du théâtre Quatre/Corps, l’amour est toujours palpable, malgré les traces qu’ont laissé les années sur leurs visages. C’est une douce histoire que celle de ces personnages, à la fois universelle et unique.
Car qu’y a-t-il de plus universel que l’amour? Aussi, cette pièce use de gestes, de métaphores visuelles, d’objets et du pouvoir d’un simple regard, malgré des masques qui figent les traits, pour véhiculer et donner forme à l’histoire de Simone et Victor. Outre quelques textes parsemés au fil de la présentation, la quasi-totalité se passe dans le silence de la gestuelle, lui conférant ainsi un langage qui pourrait être compris par tous.
L’unicité de cette pièce repose sur ce langage des corps, mais aussi grandement sur la prestation de Maryse Poulin, qui assure l’environnement sonore par des airs d’accordéons, de violon et quelques effets de bruitage. Le tout demeure cependant sobre et doux et accompagne à merveille les mouvements des acteurs.
L’histoire débute alors que les enfants de Simone et Victor ouvrent la boîte de souvenirs de leurs parents. En fait, ce sont ces valises, ces vêtements, ces tissus qui serviront à imager le récit et à présenter différentes expériences de vie. Patricia Bergeron et Martin Boileau impressionnent dès le début de la pièce par une prestation sensible et vivante, malgré un habile camouflage de leurs visages : un rideau qui ne nous laisse voir que les jambes et les corps de ceux-ci, laissant le soin à leurs corps de raconter la première rencontre du couple.
C’est ainsi que se déroule la pièce, en laissant deviner le quotidien et les évènements heureux et attendrissants par un jeu outrepassant l’univers du mime. Cette emphase sur les gestes rappelle le théâtre pour enfants, bien que la pièce s’adresse à un public adulte. D’ailleurs, on doit l’écriture à Martin Boileau, lequel a écrit plusieurs contes pour enfants et la pièce Les souliers rouges.
L’élément visuel qui captive l’attention est sans contredit les masques de cuirs réalisés par Marie Muyard, qui sont portés par Martin Boileau et Johanne Benoît à la toute fin de la pièce. Ils rappellent habilement les visages de la vieillesse, celle qui creuse les visages mais qui soulève des sentiments de sympathie et d’attachement. Les acteurs incarnent bien ces corps vieillis, mais remplis de vie.
Simone et Victor est une pièce d’une rare beauté. Toutefois, les gestes assurent une certaine lenteur, et le récit demeure très simple. Bien que l’expérience est fort agréable, certains pourrait trouver le temps long.