Du 12 au 30 janvier 2010, salle intime
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EmmaEmma

Texte de Dominique Bréda
Mise en scène André-Marie Coudou
Avec Isabelle Tincler

Partant de Madame Bovary de Flaubert, la pièce retrace le parcours d’une femme moderne, entre enfance, adolescence, quarantaine et fin de vie ; le parcours d’une femme secouée par le désir et la difficulté d’aimer.

Emma sera la troisième production du théâtre l’Instant présentée au théâtre Prospero sous la direction d’André-Marie Coudou. La saison dernière, ce dernier avait proposé Les Combustibles, d’Amélie Nothomb.

Assistance à la mise en scène Marie-Pyer Poirier
Concepteurs Noémie Avidar et Alexandre Tougas

Carte Premières
Date Premières : du 12 au 16 janvier 2010
Régulier 21$
Abonné 10,50$

Crédit photo: Simon April

Une production du Théâtre L'Instant.

Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

par David Lefebvre

Sourire mystérieux, poupée Barbie en main, Emma commence son histoire. De sa petite enfance, période de supra conscience où le rejeton connaît et questionne tout de l'univers en citant Jaurès,  jusqu'aux hallucinations causées par la vieillesse, Emma nous raconte sa vie qui tourne autour d’un roman de Flaubert, Madame Bovari, qui appartenait à son père, et à quel point ce bouquin lui a ruiné la vie.

Dans un décor aux murs défraîchis, Emma, interprétée par Isabelle Tincler, vomit littéralement toutes ses frustrations et son amertume, mimiques et grimaces à l’appui. Quelques thèmes précis sont abordés dans la pièce de Dominique Bréda, de manière par contre très maladroite : nommons d’abord l’évolution de la femme moderne, de ses liens avec l’amour de l’amour, de ses déceptions, de ses envies et de son éveil qui se transforme en désillusion totale. Puis, ce règlement de compte peu subtil avec la société de consommation, le marketing qui vend le bonheur à qui peut bien se l’acheter. Le message est tellement martelé qu’il nous assomme au lieu d’agir positivement et de nous rallier. Emma ira jusqu’à écrire une lettre au géant Walmart. Le langage est très littéraire, franchouillard par moment et propose une fausse vulgarité qui ne dérange personne.  La comédienne peine à nous rendre le personnage sympathique : Emma ne semble alors qu’être un outil pour la parole contre certains mécontentements et déceptions. Nous éprouvons de la difficulté à croire en sa colère contre l’homme qui l’a quittée : nous restons de glace devant cette femme qui doit pourtant souffrir, malgré tout le cynisme qui l’anime. La comédienne décroche de son état d’ébriété lors de cette scène,  ce qui n’aide pas le public à éprouver une empathie véritable pour le personnage.

Il y a pourtant quelques moments intéressants dans cette pièce, mise en scène par André-Marie Coudou. Par exemple, les différents liens et les confrontations entre les personnages de Bréda et de Flaubert sont divertissants à deviner. De plus, les fins de scène nous proposent souvent un instant plus soutenu, plus palpitant, mais celles-ci se terminent définitivement trop rapidement. Il y a ce mur aussi, sur lequel Emma barbouille sa vie et qu’elle traverse : une image parfaite pour expliquer son passage vers la folie.  Notons aussi l’excellente trame sonore de Karl Turpin, qui pige dans les répertoires de Sigur Ros et de Mugison et qui nous ravit les oreilles.

Alors que bébé Emma, à un moment, demande comment tout ça va se finir, nous nous demandons, de notre côté, quand tout se terminera. Accumulant plusieurs longueurs, le spectacle solo n’en finit plus de finir. Pourtant, les sujets de la révolte contre la société, contre des auteurs, ou de cette insatisfaction permanente, de ce vide qu’on peine à remplir, ou encore du droit d’en vouloir à un père parti trop rapidement auraient pu être au minimum amusant, au mieux captivant, mais le tout reste désolant.

17-01-2010

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