Du 24 novembre au 12 décembre 2009
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Je m'appelle Marilyn

Texte Yonnick Flot
Mise en scène Miguel Doucet
Avec Pénélope Jolicoeur, Maryève Alary et Marie Eve Tardy

Enfermée dans une chambre, une jeune femme affirme être Marilyn, la célèbre star hollywoodienne. Mais personne ne veut la croire. Fragile et nerveuse, elle évoque avec joie ou tristesse des épisodes de sa vie tragique et magnifique, son ascension vers la gloire, ses rêves et ses désillusions. Venez rencontrer Marilyn, se faisant soigner dans un centre psychiatrique dans les années 60.

Yonnick Flot, auteur français d’origine bretonne, est également scénariste et cinéaste. Durant sa carrière, il a rencontré plusieurs réalisateurs et partenaires de Marilyn Monroe. Je m’appelle Marilyn rend hommage à cette femme qui a souffert de n’avoir été reconnue ni en tant qu’artiste, ni en tant que femme.

24, 26, 27, 28 novembre à 20h15
25 novembre, le 2 décembre et le 9 décembre à 19h15

2, 3, 4, 5, 8, 10, 11, 12 décembre à 20h15

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Une production Théâtre Globe bulle rouge

Prospero, salle intime
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

par David Lefebvre

Plus de 45 ans après son décès brutal et soudain, Marilyn Monroe mystifie encore et toujours l’imaginaire collectif. Cette étoile filante a conquis des millions de cœurs, mais a vu le sien être blessé à maintes reprises. Les femmes s’identifient souvent à Monroe : on veut devenir la star qu’elle était, incarner la plus désirée des actrices. Ou, alors, on se représente dans sa douleur de vivre, les échecs et les insatisfactions qu’elle accumulait, malgré plusieurs succès et un Golden Globe en fin de course. Icône féminine la plus lucrative du monde, Marilyn Monroe est une image plus grande que nature qui aura englouti la jeune et fragile Norma Jean Mortensen, dit Baker.

Je m’appelle Marilyn est l’histoire d’une jeune femme qui se réveille dans une chambre de l’institut psychiatrique où elle a été amenée. Elle est persuadée d’être Marilyn Monroe. Heureuse, enfin, d’avoir retrouvé son identité, elle se raconte sa vie, de sa prime jeunesse jusqu’à son sommeil profond et final, en passant par les photographes, les amants, les films, les espoirs, les échecs et son désir toujours présent de jouer. Mais qui est-elle vraiment?

En scène, trois représentations platines de Marilyn : la femme hospitalisée (Pénélope Jolicoeur), la starlette (Marie Eve Tardy) et Norma Jean (Maryève Alary, en blonde aussi, pour la symétrie). Trois images distinctes de ce qu’elle aura été lors de sa triste vie. Les comédiennes offrent une performance remarquable dans leurs rôles respectifs. Leur jeu projette l’image du glamour et de la sensualité féminine, mais peut aussi donner l’impression de superficialité, de manque de profondeur. Mais n’était-ce pas l’une des caractéristiques de Monroe, cet idéal de plénitude et de charme sophistiqué? Le trio propose aussi quelques chansons du répertoire de la star, dont « I Wanna Be Loved by You », « The River of No Return » ou une adaptation de « Diamonds Are A Girl’s Best Friend ». Les prestations chantées sont complètes et un peu longues ; peut-être qu’inclure des dialogues aurait rendu les numéros moins « cabaret ». Par contre, elles nous font découvrir la voix claire et nuancée de  Pénélope Jolicoeur.

L’adaptation de Miguel Doucet offre de bons moments et propose plusieurs idées intéressantes : la pièce s’inspire autant de la tragédie grecque, en créant un chœur de ces trois Marilyn, que de la comédie « bulle de champagne ». Sans véritable interruption, on plonge dans l’univers et la vie de Marilyn Monroe, jusqu’à la scène finale que l’on peut qualifier de salutaire, d’étonnant, mais qui arrive subitement et très tard. Une scène au dur retour à la réalité, à la récapitulation nerveuse des dates importantes, au flot abrutissant des médicaments et aux puissantes métaphores d’une Amérique iconique. Le texte original de Yonnick Flot proposait une descente plus dramatique dans la folie de la jeune femme.  En soutirant ses instants de lucidité entre deux passages sous les feux des projecteurs, Doucet crée un univers plus festif, plus burlesque. Malheureusement, on se retrouve davantage devant l’éloge d’une vedette internationale, ou face à un documentaire théâtralisé des sombres facettes de la sex-symbol plutôt que dans l’abîme d’un esprit confondu, atteint, fissuré. Ceci fait ressortir un certain défaut du texte de Flot : l’absence d’une réelle histoire. On tourne sans arrêt autour de longues anecdotes, et de la vision de Marilyn Monroe sur la nudité, la sexualité, les hommes (pour la plupart mauvais et profiteurs), les cocktails (alcool et drogue), sa réputation, ses contradictions et ses vains espoirs et ses amours déchus. 

La scénographie est peu élaborée, mais efficace : un lit sur roulettes, une petite table et un paravent pour les quelques changements de costumes, inspirés de films et de shootings photo célèbres. Ceux-ci sont d’ailleurs dignes de mention : de la petite robe blanche et rouge très fifties à la fameuse robe légère et sexy de « The Seven Year Itch », en passant par les robes soyeuses, le chandail à col roulé et les fameux bas nylons, ils s’imposent comme un autre témoignage de la force vertigineuse des nombreuses matérialisations symboliques de l’actrice comme icône de la pop culture. Notons l’excellent travail de Catherine Rouleau à la conception (éclairage, régie) et Marie Pelletier aux chorégraphies.

Mis à part quelques réserves, attribuables essentiellement au texte, Je m’appelle Marilyn est somme toute une pièce divertissante, qui s’amuse avec les clichés tout en tournant autour de sujets graves : l’abandon, la maladie mentale et la schizophrénie.

28-11-2009

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