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Du 20 mars au 7 avril 2012, 20h, mercredi à 19 h
Disparu(e)(s)
Texte de Frédéric Sonntag
Mise en scène Martin Faucher
Avec Francesca Bárcenas, Sarah Berthiaume, Vincent Fafard, Yan Rompré, Véronique Pascal et Julien Lemire

Disparu(e)(s) raconte les chassés-croisés de six jeunes adultes se retrouvant, une nuit d’hiver, sur le stationnement désert d’un centre commercial, à l’endroit même où, trois jours plus tôt, une jeune fille a disparu sans laisser de traces. La présence supposée d’un maniaque qui rôde, tient la banlieue sur le qui-vive; le mystère entourant cette disparition fait trembler les uns et fantasmer les autres. En mal de sensations et surtout animés d’une inaltérable soif d’absolu, les six personnages errent sur le lieu du crime dans l’espoir ultime que quelque chose de grand leur arrive.

Sonntag parvient à livrer un récit où le temps se trouve suspendu, dilaté; les frontières entre le rêve et la réalité s’entremêlent; le fantasme s’immisce dans le réel, jusqu’à l’absorber complètement. Tiraillés entre leurs aspirations et la banale réalité dans laquelle ils pataugent, les personnages de Sonntag sont en quelque sorte des héros romantiques. Bien qu’en proie au désoeuvrement, ils ne sombrent pas dans le désespoir, encore moins dans l’apathie. Ils se projettent vers le haut avec une énergie considérable. Si le destin ne vient pas à eux, ils le provoqueront, au risque d’y laisser leur peau.

Pour la première fois, Frédéric Sonntag verra l’une de ses oeuvres jouée en Amérique du Nord. À sa sortie du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris en 2001, Frédéric Sonntag fonde sa compagnie et travaille à la création de ses propres textes, dont trois ont été édités par le Théâtre Ouvert, collection Tapuscrit : Disparu(e)(s), Intrusion et Toby ou le saut du chien. Ses pièces ont été traduites en allemand, en espagnol, en bulgare, en catalan, en portugais, en tchèque, en finnois, et en danois.

Le Collectif no 7 regroupe des créateurs issus de plusieurs horizons. Pour cette création menée par Martin Faucher, le Collectif façonne, avec l’œuvre de Sonntag, un ballet fantomatique, métaphysique et cabotin.


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Assistance à la mise en scène & régie Rébecca Brouillard
Décors Romain Fabre
Costumes Geneviève Lizotte
Photo : Jeremie Battaglia

Une production Collectif no 7


Prospero
1371, rue Ontario est
Billetterie : (514) 526-6582

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge

Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour nous sentir vivants, pour fuir l'ennui de nos vies mornes? Alors que certains laissent aller, la pièce de l'auteur français Frédéric Sonntag (joué pour la première fois au Québec), nous présente au contraire six portraits d'une jeunesse prête à tout pour sortir de la normalité et qui se retrouve au milieu d'un stationnement désert lors d'une nuit froide.

Ils sont tous attirés, consciemment ou non, par un besoin d'adrénaline : la rumeur d'un tueur qui rôde, des courses dangereuses (rappelant les récents cas de couch surfing), un rendez-vous à caractère sexuel ou simplement le hasard. Par exemple, on aborde bien sommairement le syndrome de Stockholm avec le personnage de Sonia (jeu bien équilibré de Francesca Barcenas, qui sauve la distribution). Sans arrêt, on traite de la fascination, de l'attirance pour le danger ou du besoin de frôler la mort à tout prix, comme s'il s'agissait de caractéristiques déterminantes et incontournables pour définir cette génération, mais sans tenter d'en expliquer ou d'en comprendre davantage. Il ne s'agit pas ici d'une critique ou d'un portrait approfondi. On se demande alors, qu'a-t-on voulu nous raconter? Au-delà de leur rage de vivre inexpliquée, rien ne semble atteindre ces jeunes adultes que le public a devant les yeux. Chez les comédiens, peu de différence perceptible entre la peur et le fantasme, par exemple.

Un français trop international pour être universel nuit grandement à la compréhension du texte. Les comédiens semblent par moments peu confortables avec cette langue qu'on situe systématiquement en France alors que l'action semble pourtant se passer ailleurs selon les informations données par le texte. La production aurait peut-être été gagnante en étant un peu plus souple avec cette langue qui nous fait perdre certaines informations cruciales.

Bien qu’une partie de la scénographie de Romain Fabre nous rappelle celle d'un spectacle précédent de Martin Faucher (L'échange, TNM, 2002), soit cet unique lampadaire, trop haut, traversant le plafond de la salle, illustre parfaitement tout le vertige ressenti par les personnages face à cet immense stationnement. Les éclairages de Martin Sirois, quant à eux, parviennent à multiplier les espaces en juxtaposant différentes lignes de stationnement. Les limites physiques du théâtre, également mises à profit dans cette mise en scène, rendent tangible l'impression que les personnages sont mis en cage dans ce terrain vague.

La mise en scène de Martin Faucher déçoit ; elle semble avoir été faite (trop) rapidement. On étourdit le spectateur par une utilisation facile de l'espace (estrades, courses, etc.). On fait une mise en corps inutilement caricaturale pour assurer le rire, mais au final, qui peut identifier un jeune adulte d'aujourd'hui à cette proposition? On peut d'abord penser avoir des stéréotypes devant les yeux, tant leur personnalité est floue et grossière, mais on constate rapidement que ces semblants de stéréotypes n'appartiennent à rien de connu. Ou du moins, la mise en scène ne nous épaule pas afin de nous les rendre possibles, de nous faire croire en cet univers.

Cette pièce qui prend d'abord des allures d'un mauvais film d'horreur prévisible (les paris sont ouverts, qui sera la première victime du tueur en liberté?), se transforme peu à peu en ce que chaque personnage dit chercher dans ce stationnement : un simple « fait divers ».

26-03-2012