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Du 25 au 28 janvier 2012
FoutrementFoutrement
Chorégraphie Virginie Brunelle
Interprétation Isabelle Arcand, Claudine Hébert et Simon-Xavier Lefebvre

Foutrement, création de Virginie Brunelle, évoque l’infidélité des hommes et des femmes soumis à la tentation, aux pulsions instinctives. Trois interprètes, un homme et deux femmes, amoureux, tiraillés, blessés, trahis, exhibent des corps affaissés sous le poids de désillusions amoureuses. Quand la passion l’emporte sur la raison, la confusion mêle amour et sexe, le jeu de la séduction s’ajoute au jeu de l’interdit. Tous en jouissent ; tous en souffrent.

Intégrant des mouvements d’influences classiques à l’approche contemporaine, Foutrement lie une gestuelle parfois lyrique, parfois abrupte, toujours très physique pour dessiner une œuvre émouvante.

Créé au Théâtre La Chapelle en 2010 le spectacle a aussi été présenté en Belgique, au Danemark, en Italie, au Royaume-Uni et en Hollande.


Éclairages Alexandre Pilon-Guay
Répétitrice Anne Le Beau

Une production de la Compagnie Virginie Brunelle en codiffusion avec le Théâtre de Quat‘Sous


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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 Critique
Critique

par Sara Fauteux

Avec Foutrement, Virginie Brunelle déploie toute la force de son médium pour explorer avec beaucoup de sensibilité un sujet mille fois abordé déjà. La danse lui permet d’esquiver le piège des mots et de dire ce que seul le corps peut exprimer avec justesse sans jamais tomber dans la vulgarité.

Foutrement met en scène un triangle amoureux. Dans un mélange de danse et de théâtre, le spectacle s’articule autour de six tableaux qui se lient dans un long mouvement fluide. Les corps des interprètes s’abandonnent puis se cambrent dans des séquences gestuelles limpides et évocatrices. Le mélange des figures de danse classique et contemporaine exige des interprètes une performance aussi physique qu’émotive.

La scène dénudée est habitée par des éclairages tour à tour très chauds et très froids qui appuient habilement les différents moments définis par la chorégraphie. Des ceintures sont utilisées pour corseter le torse des femmes puis parsèment le sol. Les lanières de cuir rappellent efficacement à la fois la rigidité et la souplesse des corps en scène. Les costumes, épurés et évocateurs, accordent aux interprètes une vulnérabilité tout à fait pertinente.

La puissance évocatrice du corps et la finesse de sa mise en scène rendent toutefois superflu l’aspect théâtral de la pièce. Pourquoi utiliser le jeu et la personnification des interprètes alors que l’abstraction de la danse est ici elle-même tellement évocatrice? La musique provoque parfois la même impression en venant appuyer inutilement sur une émotion déjà pleinement sollicitée.

Dans cette mise en scène du corps et du désir, on cherche en vain l’énergie masculine. Alors que la partition des interprètes féminines révèle une grâce brute et sensible, celle de l’homme le rend plutôt accessoire. Bien que la chorégraphie truffée de portées exige de lui une performance hautement athlétique, la charge masculine reste très superficielle. Cette absence réduit la force de la performance en évacuant la sensibilité d’un joueur essentiel.

Malgré tout, Foutrement est un spectacle puissant qui témoigne d’une grande maitrise de la technique et de l’émotion. La chorégraphe Virginie Brunelle pose ici un regard très humain sur la question en évitant de départager le corps et le cœur.  Sa pièce célèbre plutôt la grâce des corps et la force des émotions mises en scène dans la passion du désir amoureux.
28-01-2012