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Du 5 au 23 mars 2013
Morb(y)desLes Morb(y)des
Texte Sébastien David
Mise en scène Gaétan Paré
Avec Sébastien David, Julie de Lafrenière et Kathleen Fortin

Dans un quartier pauvre et gris dans l’est de la ville, Stéphany et Sa Sœur vivent ensemble, mais n’ont rien en commun sinon la haine de leur corps obèse. Sa Sœur, dépressive et agoraphobe, reste évachée devant la télévision tandis que Stéphany, elle, tente de lutter contre l’inertie sur un vélo stationnaire.

Les morb(y)des explore, avec un humour grinçant, l'errance de corps atypiques de la génération «Y» à la recherche de soi, le besoin d’établir un contact avec les autres et la découverte du désir sexuel. Les morb(y)des, c’est aussi une passion pour Moby et l’impression de devenir un meuble à force d’inertie.

Les morb(y)des est avant tout la voix puissante d’un jeune auteur qui donne la parole à ceux qui ne la prennent jamais, qui offre un espace dramaturgique aux laissés pour compte et qui cherche la poésie dans un quotidien d’où la beauté, parfois, s’échappe.


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Assistance à la mise en scène Josianne Dicaire
Scénographie Mylène Chabrol
Costumes Linda Brunelle
Lumières Claude Cournoyer
Conception sonore Olivier Gaudet-Savard
Maquillages et coiffures Angelo Barsetti
Régie Catherine Comeau

Les Noctambules
Discussion animée par la journaliste Marie-Louise Arsenault avec, entre autres, Sandra Rodriguez, sociologue-chercheure en media sociaux, et Paul Lefebvre, conseiller dramaturgique.

14 mars 2013, après la représentation
ENTRÉE LIBRE

L'heure du conte
Pour une cinquième année, le Quat’Sous est heureux de favoriser la vie culturelle des familles! Le dimanche après-midi, pendant que parents ou grands-parents prennent part à la représentation dans la grande salle, les enfants de 5 à 9 ans assistent à un spectacle de contes, donné par des artistes professionnels, dans la salle de répétition.

17 mars 2013
avec Jessica Blanchette, marionnettiste

Une coproduction du Théâtre de Quat’Sous
et de La Bataille


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Yanick Macdonald

Il est à préciser tout d'abord que malgré tout ce que vous avez pu voir ou entendre concernant le spectacle Les Morb(y)des, le sujet de cette oeuvre n'est tout simplement pas l'obésité. L'obésité est une forme de marginalité abordée dans le spectacle parmi d'autres. Sébastien David, à qui l'on doit En attendant Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen, nous revient en force avec ce nouveau texte où il donne la parole à d'autres oubliés de notre société, à des corps atypiques qui donnent lieu à une mise en scène visuellement stupéfiante.

Sa Soeur et Stephany sont soeurs et partagent un demi-sous-sol médiocre de Hochelaga, appartement duquel Sa Soeur n'est pas sortie depuis plusieurs années. Son corps se fond au sofa. Stephany cherche sa place dans le monde et utilise, pour tenter d'y parvenir, l'Internet. S'adressant à une communauté de « freaks », elle suit les traces d'un meurtrier en série du quartier. « Au moins, il va m'arriver quelque chose ». Lorsqu'on cogne à leur porte, le virtuel se mêle à la vraie vie et chamboule l'existence des deux soeurs.

L'écriture de Sébastien David pourrait très bien se comparer à la relation qu'entretiennent les deux sœurs ; les deux femmes testent sans arrêt les limites de l'autre afin de la faire craquer pendant que le texte se tient à la frontière de l'humour gras et du drame profond, ne tombant jamais complètement d'un côté ou de l'autre. La poésie et la spontanéité de ce texte sont irrévocables et le reste de la production va de pair avec les qualités du texte, nous offrant un objet de grande qualité. Gaétan Paré, à la mise en scène, fait un travail fort différent de sa proposition de Hamlet est mort, Gravité Zéro, présentée à l'automne dernier aux Écuries. Il mise sur des images fortes, qui entrecoupent les scènes, et sur une sobriété dans les dialogues, nous permettant de nous attarder davantage à la dramaturgie et le jeu exceptionnel des comédiennes. Il a su également suivre la direction plus absurde que prend la pièce en deuxième partie sans pour autant dénaturer la cohérence de l'ensemble.

La scénographie peut sembler bien anodine, avec ce papier peint, les grands rideaux bruns tirés, ce sofa bien centré, le tout aux couleurs bien peu attrayantes, mais rapidement la symétrie parfaite de ce décor nous ramène à réfléchir sur les standards de beauté qui s'infiltrent partout, jusque dans l'espace que nous habitons.

L'identité est au centre de cette pièce; comment trouver notre place et donner une existence à ce corps et ce qu'il porte, soit nous? Stephany est prête à tout pour que sa vie trouve un sens. Elle ne mange plus, passe un temps fou sur son vélo stationnaire trouvé pendant une de ses promenades nocturnes durant lesquelles elle espère que sa vie prenne un sens. L'Internet lui permet d'avoir un autre corps, une parole plus libre, tout comme plusieurs autres marginaux avec qui elle partage cet espace virtuel, mais le problème demeure lorsque cette existence se confronte à la réalité. Et visiblement, toutes ces façons de vouloir vivre à tout prix ne lui donneront que des ennuis. Parallèlement, Sa Soeur est un élément des plus intéressants de la pièce, ce personnage qui a complètement oublié son existence et son identité (même son nom) contrairement à Stephany qui se bat pour s'en créer une. La fascinante comédienne Kathleen Fortin y est certainement pour quelque chose. Sébastien David va encore plus loin avec ce personnage en s'évadant d'un cadre réaliste, la condamnant ainsi à s'éteindre complètement de la façon la plus inusitée.

La finale nous déstabilise complètement, tel un film de David Lynch où tout est présent pour une raison sans qu'on puisse réellement expliquer comment tout s'est mis en place d'une telle façon. Grâce au talent des comédiennes, on y croit sans le moindre doute. Ce spectacle visite plusieurs facettes de l'écriture et il est agréable de voir une mise en scène fidèle au chemin qu'emprunte le créateur sans s'y enfermer pour autant. Les Morb(y)des, c'est un bon moment à passer, des rires et une poésie sortie de la bouche de ceux qu'on écoute trop peu. Le tout est mis en place par une équipe de créateurs de grand talent.

11-03-2013