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Du 28 août au 1er septembre et du 11 au 15 septembre 2012, 20h, vendredi 19h, samedi 16h
Le ventriloqueLe Ventriloque
Texte Larry Tremblay
Mise en scène Éric Jean
Avec Marie-Line Archambault, Charli Arcouette, Béatrice Aubry, Félix-Antoine Boutin, Juliane Desrosiers-Lavoie, Léane Labrèche-Dor, Patricia Larivière, Frédéric Lemay, Maxime Mailloux, Jean-François Pronovost

Tout commence par un ventriloque. Il prête sa voix à une poupée-adolescente qui raconte un anniversaire raté par la faute d'une famille étouffante. Puis, vient le réalisme apparent; pour ses 16 ans, Gaby reçoit un stylo peu ordinaire: tout ce qu'il écrit se concrétise. Ainsi le temps, les apparences, la réalité, le rêve, le désir, le souvenir se superposent et se confondent. Le public est alors entraîné dans les méandres de la pensée d'une adolescente aux prises avec ses propres fantasmes, ses propres pulsions de vie et de mort, ses rapports ambigus au frère et sa soif d'affirmer son existence par l'écriture...

Eric Jean a travaillé avec des finissants de l'École nationale de théâtre du Canada afin de transformer un texte de Larry Tremblay en une oeuvre chorale; la synergie fut immédiate. Toujours soucieux de soutenir la relève, le Quat’Sous est heureux d’accueillir ces jeunes artistes et ainsi faire connaître au public leur immense talent. C'est donc avec le plus grand plaisir que le Début de la fin collectif,  qui regroupe l'ensemble de l'équipe de création originale, présente aujourd'hui ce spectacle, véritable œuvre labyrinthique où il peut parfois nous paraître simple de se perdre dans l'esprit humain.


Assistance à la mise en scène Vincent de Repentigny
Conception décor et costumes Diana Uribe
Lumière JF Piché
Conception sonore et régie Marie-Ève Mercier

Une production du Début de la fin collectif, en codiffusion avec le Théâtre de Quat’Sous


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Thomas Payette

Présentée au Québec pour la première fois au début des années 2000, dans une mise en scène de Claude Poissant, la pièce Le ventriloque de Larry Tremblay avait autant séduit que déconcerté le public et la critique. Sous la houlette d’Éric Jean, cette relecture se veut un très divertissant casse-tête par ses nombreuses pistes intrigantes.

Montée pour la première fois lors d’un exercice pédagogique avec les étudiants de l’École nationale de théâtre l’an dernier, la production sort des murs académiques pour connaître une seconde vie sur les planches du Théâtre de Quat’sous. Réunie sous le nom de Début de la fin collectif, la dizaine d’aspirants comédiens provoque des étincelles dans leur première incursion professionnelle.

C’est d’autant plus remarquable que la partition de Tremblay constitue une œuvre d’une grande complexité. L’auteur du Dragonfly of Chicoutimi adore lancer des pistes qui s’enchevêtrent les unes dans les autres. Il possède ici un sens aigu de la réplique incisive. Comme des poupées gigognes, certains des éléments de l’histoire se perpétuent dans plusieurs mises en abyme (l’oignon par exemple qui revient à plusieurs occasions). Le public doit éviter toute tentative d’intellectualisation pour apprécier les méandres de ce matériau aux parfums de réminiscence, de famille tordue et de fantasmes chaotiques.

La production d’une heure et des poussières s’amorce de manière prometteuse avec un dialogue entre un ventriloque et une poupée-adolescente qui raconte son anniversaire raté par ses proches. Par la suite, les péripéties s’articulent autour de Gaby qui reçoit un stylo peu ordinaire pour ses seize ans. Toute pensée qu’elle écrit sur le papier se concrétise. La réalité, les rêves, les souvenirs et désirs inassouvis se fusionnent dans une atmosphère énigmatique souvent insolite, mais jamais soporifique.

L’osmose entre les univers construits par Éric Jean et la plume alerte de Larry Tremblay fonctionne admirablement. Le metteur en scène se démarque particulièrement dans ses réalisations scéniques où les mots, les corps des interprètes et l’environnement sonore se fondent dans des tableaux envoûtants et inquiétants (dont le très réussi Chasseurs il y a quelques années). Son Ventriloque expose une mécanique réglée comme une horloge qui explore les zones obscures et sadiques des protagonistes aux penchants cruels. La multiplication des personnages principaux renforce cette impression d’étrangeté par l’accentuation des ressemblances et des différences entre les interprètes. Le résultat s’éloigne incontestablement du simple exercice scolaire traditionnel.

La distribution se révèle brillante, fascinante. Dans le rôle-titre, Maxime Mailloux offre une prestation très percutante. Ses partenaires de jeu sont également d’une grande justesse et se complètent parfaitement dans cet effet de chœur voulu par le metteur en scène.

Avant les gros canons de la rentrée, la production du Ventriloque confirme l’appétit et la ferveur engageante d’une relève qui annonce de beaux jours devant elle.

03-09-2012