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Du 19 au 23 mai 2015, 20h, vendredi 19h, samedi 16h, supplémentaire 26 mai 20h
SecMoi dans les ruines rouges du siècle
Idée originale Sasha Samar et Olivier Kemeid
Texte et mise en scène Olivier Kemeid
Avec Marilyn Castonguay, Geoffrey Gaquère, Robert Lalonde, Pascale Montpetit et Sasha Samar

«L’histoire que vous allez entendre / Je ne sais pas pourquoi je la raconte / Peut-être d’ailleurs que je ne la raconte pas vraiment / Peut-être que c’est elle qui se raconte malgré moi.»

Né en 1969 en Ukraine, Sasha découvre à sept ans que sa mère n’est pas sa mère. Kidnappé à l’âge de trois ans par son père, celui-ci a reconstruit sa vie avec une autre femme. Il tente alors de la retrouver quand tout s’effondre autour de lui: ses rêves, ses idéaux et son pays. Il se met en tête de devenir célèbre; sa mère pourrait alors le reconnaître à la télévision.

Entre l’explosion de Tchernobyl et celle de la Glasnost par Gorbatchev, Sasha tente de se frayer un chemin dans les décombres d’un siècle qui s’achève sous nos yeux.

Inspiré par la vie de Sasha Samar, succès retentissant auprès de la critique et du public lors de sa création et de sa tournée, Moi, dans les ruines rouges du siècle termine son périple dans la maison de l’avenue des Pins, lieu qui a vu naitre la complicité entre ses deux créateurs lors de leur première collaboration en 2004 avec le spectacle Les Mains.


Assistance à la mise en scène Stéphanie Capistran-Lalonde
Conception visuelle Romain Fabre
Lumière Martin Labrecque
Conception sonore Philippe Brault
Mouvement Estelle Clareton
Assistance aux costumes Fruzsina Lànyi
Assistance au décor et aux accessoires Loïc Lacroix-Hoy
Direction de production Catherine La Frenière

Une création Trois tristes tigres


Quat'Sous
100, ave. des Pins Est
Billetterie : 514-845-7277

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Dates antérieures (entre autres)

Création au Théâtre d'Aujourd'hui - du 10 janvier au 4 février 2012
Du 10 au 21 septembre 2013, Théâtre d'Aujourd'hui
Tournée au Québec octobre-novembre 2013

 
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 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : Jérémie Battaglia

Après avoir conquis le public et la critique lors de sa création et de sa première tournée en 2012, la pièce d'Olivier Kemeid, Moi, dans les ruines rouges du siècle, fait enfin escale à Québec, plus précisément au Théâtre Périscope. Lauréate du Prix de la critique 2012 de l'Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT), la pièce produite par la compagnie des Trois Tristes Tigres s'inspire librement de la vie du comédien d'origine ukrainienne Sasha Samar, qui joue son propre rôle dans le spectacle.

Arrivé au Québec en 1996 après avoir fui une URSS en pleine déconfiture, le comédien a laissé derrière lui des souvenirs qui se devaient d'être racontés et que nul n'aurait pu inventer. C'est entre les mains de l'auteur et metteur en scène Olivier Kemeid qu'il a décidé de remettre son récit. Celui qui s'est fait connaître entre autres pour Bacchanale présentée au Théâtre d'Aujourd'hui en 2008 ainsi que pour sa version de L'Énéide de Virgile en 2007, qui a ensuite été traduite en anglais, en allemand et en hongrois, a tout de suite été fasciné par l'histoire que lui racontait Samar ; l'un des plus beaux cadeaux qu'on lui ait offert dans sa carrière au théâtre, avoue-t-il. 

De l'explosion de Tchernobyl à l'arrivée des premières télévisions en couleur, en passant par la défaite au hockey de l'URSS face au Canada et à son démon blond Guy Lafleur, on survole globalement les événements marquants des dernières décennies à travers un regard plus soviétique que nord-américain. Cependant, c'est avant tout l'histoire de Sasha Samar qui nous est racontée ; celle d'un garçon unique élevé par son père. Un garçon qui fera tout pour devenir célèbre et ainsi retrouver sa mère disparue depuis son enfance.


Crédit photo : Jérémie Battaglia

Olivier Kemeid propose une mise en scène remarquable et réussit habilement à transposer sur les planches la vie de Samar. Dans des mots qui sont à la fois les siens et ceux de l'Ukrainien et grâce à un imaginaire mélangeant le vrai et le faux, il captive l'attention du spectateur dès les premiers instants du spectacle. Sa plume particulière mêle habilement le théâtre épique au contemporain, le dramatique au comique. On est loin du récit biographique tragique et larmoyant auquel on aurait pu assister ; il se dégage de Moi, dans les ruines rouges du siècle une agréable légèreté, malgré toute la tristesse présente dans le propos initial. Les moments drôles amenés par les excellents comédiens Geoffrey Gaquère (Lénine, Youri Gagarin) et Marylin Castonguay (Ludmilla) détendent l'atmosphère et donnent ainsi davantage de poids aux scènes tragiques.

Toute la distribution est épatante. Robert Lalonde dans le rôle du père de Sasha est brillant comme à son habitude. Il interprète avec aplomb ce père trop aimant qui ne sait pas trop comment s'y prendre pour élever son fils. Pascale Montpetit (qui remplace Annick Bergeron, présente dans la mouture originale de la pièce), offre une performance remarquable et assume avec aisance ses divers rôles. Samar est, quant à lui, bouleversant dans son propre rôle, incarnant le vieux et le jeune Sasha avec la même admirable authenticité.

Moi, dans les ruines rouges du siècle fait partie de ces spectacles qui vous laissent une marque indélébile sur le coeur. On en sort sans aucun doute touché, ému par une poésie à la fois humaine et profonde. Du grand théâtre comme on aimerait en voir plus souvent, mené de main de maître par un Olivier Kemeid au sommet de son art.

10-04-2015