Du 20 avril au 22 mai 2010
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Les leçons de Maria CallasLes leçons de Maria Callas

Texte de Terrence McNally
Traduction de Michel Tremblay
Mise en scène de Denise Filiatrault
Avec Louise Marleau, Émilie Josset en alternance avec Cristina Tannous, Geneviève Charest, Dominic Lorange, Dominic Boulianne, Laurent Duceppe-Deschênes

Ce soir, la Callas est au Théâtre du Rideau Vert ! Sa voix ne s’élancera pas vers le terrible contre-ut des vertigineux arias de Verdi, mais plutôt vers les jeunes cantatrices venues suivre ses leçons. La diva à la voix brisée se fait enseignante pour un soir et tente de transmettre aux élèves son engagement intime et total à l’art lyrique. Entre ses commentaires acerbes à des élèves angoissées, Maria se détache de son image publique : elle nous raconte son enfance, la rivalité avec les autres cantatrices, la presse impitoyable envers ses premiers opéras, son triomphe à la Scala, son amour tragique pour le richissime armateur grec Aristote Onassis et sa carrière dévastée comme sa voix. Hautaine et fragile, elle n’en est que plus magnifique.

Lauréate d’un Tony Award, la pièce de Terrence McNally a tenu l’affiche pour plus de 500 représentations à Broadway et a mis en valeur de grandes stars dont Zoe Caldwell et Faye Dunaway. Ici, c’est à Louise Marleau que Denise Filiatraut a confié le rôle de la fière et élégante diva.

Pour sa cinquième saison à la barre du Théâtre du Rideau Vert, Denise Filliatraut nous offre l’histoire de la plus grande cantatrice du XXe siècle. Après Cabaret, My Fair Lady, Neuf, Sweet Charity et Un violon sur le toit, voilà une autre pièce où la musique, des airs d’opéra connus cette fois, joue un grand rôle et où la fougue et la passion se déploient sans retenue. Mais surtout, Denise Filiatraut et Louise Marleau s’allient pour rendre hommage à la quête de la perfection, au refus de la facilité et à l’abnégation des artistes pour atteindre l’absolu.

Assistance à la mise en scène : Suzanne Bouchard

Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793

par Olivier Dumas

Pour clore sa saison en beauté, le Théâtre du Rideau Vert mise sur une valeur sûre avec Les leçons de Maria Callas de l’auteur américain Terrence McNally. Mise en scène par Denise Filiatrault et traduite par Michel Tremblay, la pièce a déjà été présentée à Montréal en 1996 avec Patricia Nolin dans le rôle-titre. Toujours sous la gouverne de Denise Filiatrault, c’est à Louise Marleau que revient le défi d’incarner cette femme plus grande que nature. Une fois encore, le spectacle se révèle une brillante réussite.

Gagnante d’un Tony Award, la pièce a tenu l’affiche pour plus de 500 représentations à Broadway avec de grandes vedettes, dont Faye Dunaway. De facture classique, l’histoire se base sur des faits véridiques, à la Julliard School of Music du Lincoln Center à New York, où la célèbre cantatrice a donné des classes de maître entre octobre 1971 et mars 1972. L’action se déroule durant l’une de ces séances, alors que la diva à la voix brisée tente de transmettre aux élèves son engagement intime et total à l’art lyrique. Entre ses commentaires acerbes, Maria laisse percevoir l’immense fragilité derrière sa carapace de femme impitoyable. Elle nous raconte son enfance, la rivalité avec les autres cantatrices, son triomphe à la Scala, son amour tragique pour le richissime armateur grec Aristote Onassis et sa carrière déclinante, comme sa voix.

Dans la suite des Palmes de Monsieur Schulz, Denise Fillatrault signe avec Les leçons de Maria Callas sans doute l’une de ses meilleures mises en scène. La directrice artistique du Rideau Vert a la main plus heureuse dans les pièces plus intimistes que dans les comédies musicales à grand déploiement qui souffrent d’un certain éparpillement et des inévitables comparaisons avec les œuvres originales de Broadway. Sur le plateau du théâtre de la rue St-Denis, avec une comédienne exceptionnelle, elle parvient à mieux canaliser l’émotion, à éviter les effets faciles et à cerner les nuances dans les moments les plus dramatiques.

Louise Marleau est remarquable dans la peau de Maria Callas. À la fois autoritaire, séductrice et sarcastique, elle lui donne un visage profondément humain, notamment dans les deux monologues qui culminent chacun des actes. Incomparable, Callas demeure une artiste qui a tout sacrifié et qui a trouvé une rédemption dans la musique. Les autres comédiens s’en tirent également haut la main, mais leur présence sert d’abord de faire-valoir à un prodigieux numéro d’actrice.

Une petite réserve toutefois sur certains passages du texte. L’auteur ou le traducteur s’est senti obligé d’inclure des détails croustillants sur les relations amoureuses de la cantatrice. Ces quelques minutes où s’incrustent des propos vulgaires tombent plutôt dans la facilité, alors que le récit contient un fort potentiel scénique sans ses apartés de mauvais goût. Entrer dans l’intimité qu’elle partagea avec Meneghini et Onassis n’ajoute rien d’essentiel.

Les leçons de Maria Callas constitue donc un grand moment de théâtre qui s’accompagne d’un fervent enseignement sur la primauté et les exigences de l’art et de la vie.

25-04-2010

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