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Du 14 septembre au 16 octobre 2010 (5 représentations annulées)
Vassa
Texte de Maxime Gorki
Traduction Anne-Catherine Lebeau
Mise en scène et adaptation Alexandre Marine
Avec Sylvie Drapeau, Jean-François Casabonne, Catherine De Léan, Marc Paquet, Hubert Proulx, Roger Léger, Évelyne Brochu, Geneviève Schmidt, Émilie Gilbert
Mère et femme d’affaires, Vassa Geleznova a repris en main le commerce familial et cherche à éviter la ruine, prête à tout pour s’en sortir. Elle navigue avec détermination à travers les intrigues et les rapports de force de ses proches, garde son sang-froid devant son fils infirme rongé par la jalousie et supporte les agissements discutables de l’oncle Prokhor, son frère, qui noie son existence dans l’alcool. Pendant que son mari agonise, chacun spécule sur la part d’héritage qui lui permettra de refaire sa vie ailleurs.

Au cœur de la Russie prérévolutionnaire, dans les environs de 1910, la future veuve lutte pour imposer sa façon de faire pour la suite des choses. Démontrant une tendresse inconditionnelle envers ses protégés, forte et perspicace, Vassa reste une mère avant tout, celle auprès de qui on cherche conseil et réconfort. Avec la complicité de son homme de confiance, l’intendant Mikhaïl, elle cherche à se débarrasser des individus qu’elle juge inaptes et médiocres. Ce drame de Gorki peut sembler dur pour une œuvre écrite au début du XXe siècle, mais il correspond cependant à la réalité d’un monde contemporain où encore trop de décisions sont prises pour des raisons économiques, au détriment des humains.

Père d’une œuvre gigantesque inspirée essentiellement par une Russie en pleine mutation, l'auteur Maxime Gorki (1868-1936) incarne les espoirs et les révoltes de son époque. Autodidacte, il gagne sa vie seul dès son enfance et exerce mille métiers avant de devenir un phénomène littéraire. Il aime dépeindre des personnages aux natures fortes, passionnées et indépendantes. On lui doit des nouvelles, des romans et des pièces de théâtre qu’il a écrites encouragé par Tchekhov et Stanislavski, deux grands hommes du théâtre soviétique.

Assistance à la mise en scène Maria Monakhova

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Cinq représentations annulées

communiqué du Rideau Vert

Suivant la recommandation de son médecin, la comédienne Sylvie Drapeau, qui interprète le rôle-titre de la pièce VASSA, présentée au Théâtre du Rideau Vert depuis le 14 septembre dernier, doit momentanément ralentir ses activités professionnelles. La direction du Théâtre du Rideau Vert doit donc annuler cinq représentations de la pièce VASSA.

Les représentations de samedi dernier, le 2 octobre à 16 h et 20 h 30, ont du être annulées. Les représentations à venir du mardi 5 octobre 20 h, mercredi 6 octobre 20 h et samedi 9 octobre 20 h 30 doivent aussi être annulées.

La direction du Théâtre invite les détenteurs de billets pour les représentations annulées à échanger leur billet pour une des représentations maintenues à l’affiche. Le personnel de la billetterie de Théâtre du Rideau Vert tentera aussi de rejoindre tous les détenteurs de billets pour les représentations concernées.

À noter que les représentations du 7 octobre 20 h, 8 octobre 20 h, 9 octobre 16 h, 14 octobre 20 h, 15 octobre 20 h et 16 octobre 16 h auront lieu telles que prévues.

La direction du Théâtre tient à souligner qu’elle apporte tout son soutien à Madame Drapeau.

MonTheatre souhaite prompt rétablissement à Madame Drapeau.

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Production Théâtre du Rideau Vert

Rideau Vert
4664, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-844-1793
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 Critique
Critique
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par Olivier Dumas

Revisiter les classiques de la scène demeure un exercice ardu. Comment réussit-on à secouer et dépoussiérer le répertoire sans en dénaturer l’œuvre et le propos? Au Rideau Vert, Alexandre Marine propose une version personnelle intéressante de Vassa, un texte méconnu du dramaturge russe Maxime Gorki.

Metteur en scène énergique et polyvalent, Alexandre Marine avait conquis autant le public que la critique avec une relecture corrosive de Marie Stuart de Schiller, où excellait déjà une magistrale Sylvie Drapeau. L’an dernier, sa deuxième collaboration avec cette actrice d’exception, dans un sensuel Tramway nommé désir, avait étonné (et même détonné par moment) avec ses chorégraphies symbolistes et des interprètes masculins à la testostérone exacerbée. Des deux versions existantes de Vassa, il a retenu la première (1910), moins politique que la seconde (1936), très influencée par l’idéologie stalinienne.

Peu de temps avant sa mort, Maxime Gorki écrivait qu’au théâtre, un drame doit être actuel par son sujet et mettre en action les conflits sociaux du moment. La remarque n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Sous la loupe de Marine, sa transposition de la société russe du début du 20e siècle est représentée sur scène avec vigueur. Malgré certaines réserves, elle confère une pertinence à une telle pièce, cent ans plus tard. L’histoire tourne autour de Vassa Geleznova (Sylvie Drapeau), une mère tyrannique et femme d’affaires qui veut reprendre en main le commerce familial pour éviter la ruine. Cette tigresse tente de rester de marbre devant un fils infirme rongé par la jalousie (Hubert Proulx) et une famille aux mœurs discutables. Pendant que son mari agonise, chacun spécule sur la part d’héritage qui lui permettra de s’évader du domaine familial.

On ne s’ennuie jamais devant cette production qui dure près de deux heures. Sur le plateau exigu du Rideau Vert, les scènes se succèdent à un rythme d’enfer, quelques fois trop pour véritablement bien saisir l’essence tragique qui se trame en toile de fond. Généreuse, la distribution se dépense entre cris, gifles et des coups physiques qui s’apparentent presque à de la torture. Entre les moments plus dramatiques s’incrustent des chorégraphies inutiles. À un moment précis, certaines actrices laissent tomber leurs sages robes pour dévoiler des guêpières. Quelques instants avant la tombée du rideau, on se croirait même dans un segment du Drowned World Tour de Madonna avec les masques de deux comédiens, loin de la dentelle et des univers feutrés.


Crédit photos : François Laplante Delagrave

Comédienne incandescente, Sylvie Drapeau n’atteint malheureusement pas la puissance incantatoire qu’elle insuffle habituellement à ces personnages. Au Rideau Vert, elle avait marqué les esprits par ses performances dans L’effet des rayons gamma sur les vieux garçons ou un Tramway nommé désir. Son interprétation ne s’imprègne pas toujours de la dureté, de la violence et de l’empathie d’une femme despotique prête à tout risquer pour sauver sa terre du désastre et sa famille de la médiocrité. Sinon, tous les acteurs démontrent une fougue et une ferveur digne de mention. Soulignons la composition forte en intériorité de Jean-François Casabonne, le jeu physique inspiré d’Hubert Proulx, la bouillante belle-fille de Vassa rendue avec brio par Geneviève Schmidt et la cupidité du Mikhaïl de Roger Léger.

Avec Vassa, Alexandre Marine jette un regard personnel sur un texte dramatique qui révèle que des thèmes comme la manipulation et l’amour immolé à la réussite financière trouvent encore un puissant écho à notre époque. Malgré une réussite en demi-teinte, il s’agit d’une relecture théâtrale louable du Rideau Vert, mais qui, pourtant, pourrait décevoir certains spectateurs aux attentes très élevées.

20-09-2010
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