Du 2 au 13 juin 2009 suppl. samedi 13 juin 20h
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La déraison d'amour

Texte établi par Jean Daniel Lafond en collaboration avec Marie Tifo
Mise en scène de Lorraine Pintal
Avec Marie Tifo

Extase divine. Le cinéaste Jean-Daniel Lafond et la comédienne Marie Tifo ont découvert dans les écrits de Marie Guyard, dite Marie de l’Incarnation, un grand style, des images et des thèmes bouleversants, l’exceptionnelle aventure humaine d’une âme de feu. À travers ses écrits, confidences et correspondances, à travers les lettres qu’elle envoya à son fils Claude, demeuré en France, ils dessinent l’autoportrait enflammé d’une femme « folle de Dieu » et déraisonnablement amoureuse de l’humanité, une femme qui vécut l’incarnation divine jusqu’à l’extase. Marie de l’Incarnation fut, on le sait, une grande mystique, « la Thérèse du Canada », écrivit Bossuet. Elle fut aussi un très grand écrivain. Née en France en 1599, elle vécut au Canada français de 1639 jusqu’à sa mort en 1672, où elle fut religieuse et fondatrice du couvent des Ursulines à Québec. Là, elle s’engagea intensément dans les affaires de sa communauté et dans celles du pays. Et elle écrivit de 7 000 à 8 000 lettres, qui constituent un document historique et spirituel d’une valeur inestimable. Aussi, ses écrits historiques ne trouvent peut-être leur véritable sens que dans ses écrits spirituels, portés aujourd’hui par Marie Tifo qui, après avoir défendu tant de rôles de pasionaria, remonte aux sources de l’histoire des femmes du Québec, sous le regard de Lorraine Pintal qui, dans des oeuvres de Ducharme, Dubé, Molière, Arthur Miller, Nancy Huston et Robert Lalonde, l’a tant de fois dirigée au théâtre.

Créée à l’occasion du 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec, La Déraison d’amour réalise l’union du théâtre, de la danse et de la musique pour faire revivre la figure de cette grande fondatrice et nous rappeler que le coeur a ses raisons… que la raison ne connaît pas.

À l’occasion de la sortie de la pièce La Déraison d’amour, le TNM, en collaboration avec l’ONF, présente le lundi 8 juin à 20 h (soir de relâche théâtrale) Folle de Dieu.

La projection se fera en la présence du réalisateur Jean-Daniel Lafond, de la comédienne Marie Tifo et du metteur en scène, Lorraine Pintal qui se feront un plaisir de répondre aux questions du public après la séance.

Entrée libre / Laissez-passer 514-866-8668

Dès le 2 juin 2009, le film Folle de Dieu de Jean-Daniel Lafond sera offert en continu et gratuitement au grand public sur ONF.ca ainsi qu’en DVD.

Les concepteurs : Yves Dubois, Michel Gauthier, Denis Guérette, Catherine Higgins, Claude Lemelin, Jocelyne Montpetit, Jacques-Lee Pelletier

Une coproduction du Théâtre du Trident et du TNM
En collaboration avec la Société du 400e et le Grand Théâtre de Québec

Photo : Photo : Jean-François Gratton

TNM

84, rue Sainte-Catherine Ouest
Billetterie : 514-866-8668

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Autres dates

Grand théâtre de Québec
Du 16 septembre au 11 octobre 2008, supplémentaire 15 oct. 20h

par Isabelle Girouard                                                            

Marie Guyart naquit à Tours en 1599. Cette fille de boulanger traversera, 40 ans plus tard, l’immense Atlantique. C’est pour remplir les desseins de la couronne, c'est-à-dire de fusionner les nations françaises et amérindiennes, que le navire accostera sur nos côtes, à Québec, marquant ainsi le début de la conversion des « sauvages » à la foi chrétienne. Bien que nous rappelant le colonialisme et ses erreurs, la vie fascinante de cette mystique religieuse du 17e siècle nous est exposée de façon sublime à travers sa correspondance, importante source ethnographique de l’histoire canadienne. Enfant, elle eut déjà des visions, scellant ainsi un destin de femme vouée à l’amour de Dieu. Elle se marie en 1617 et donne naissance à un garçon, qu’elle aura seule à sa charge puisque son mari mourra deux ans plus tard. L’appel de l’invisible se fait indéniablement sentir : elle entre au couvent des Ursulines de Tours en 1631, confiant son fils à sa sœur. Sa vocation est d’aimer, d’éduquer et de convertir les âmes impures À ce moment, la France est désireuse d’élargir son territoire et soutient généreusement les missionnaires ; c’est ainsi que Marie Guyart ouvre son couvent d’enseignement en 1639 au Québec, où elle s’éteindra à l’âge de 73 ans.

Marie de l’Incarnation ou la déraison d’amour nous souffle la vie de cette femme par la narration de correspondance dédiée à son fils. C’est Jean-Daniel Lafond qui signe la reconstitution des écrits, faisant une pierre deux coups en présentant son long-métrage inspiré des écrits de la mystique, Folle de Dieu, tout ça dans le cadre du 400e de Québec.   Toutefois, on peut se demander comment le propos sera reçu et compris à une époque où colonialisme et catholicisme sont pointés du doigt. Il émane de l’œuvre théâtrale une puissance terrible qui n’est pas sans laisser le spectateur indifférent. Devant nous, une femme se livre à la lente ascension spirituelle, n’aspirant qu’à s’unir avec le divin. Il est intéressant de noter que les mystiques de l’époque vivaient leur foi non seulement dans l’ascèse, mais aussi à travers des épanchements passionnels, tel qu’on peut l’observer dans les écrits de Thérèse d’Avila. C’est cette force latente que nous recevons de Marie de l’Incarnation, force qui puise son origine dans la chair même. La relation qu’elle entretient avec son Dieu laisse libre cours aux exaltations amoureuses et au désir brûlant de faire corps et âme avec l’objet de sa passion. La mise en scène de Lorraine Pintal entretient vivement cette ferveur, en ne laissant rien de superflu, rien qui pourrait détourner l’attention du spectateur sur le personnage et son intériorité. En somme, auteur et metteure en scène semblent avoir voulu mettre l’emphase sur l’aspect idéaliste et exalté de la vie d’une femme religieuse, envoyant aux oubliettes l’aspect plus terre-à-terre de son existence. Ainsi rentrons-nous à la maison avec l’impression d’avoir vécu un moment d’une extrême poésie, un peu flottant.

Il convenait de garder pour la fin, comme un dessert,  quelques mots sur la présence de Marie Tifo. Judicieux choix ! Cette grande comédienne s’offre à nous une fois de plus, dans toute sa générosité et son émotivité, sachant parfaitement donner corps au personnage. D’ailleurs, on fit appel à la chorégraphe Jocelyne Montpetit, afin de préciser et d’enrichir le langage corporel.  

Quelle belle équipe que celle de Marie Tifo et Lorraine Pintal !

20-09-2008
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