À L’OCCASION DE LA VENUE DE CLAUDE RÉGY ET DE SON ÉQUIPE, L’USINE C PROPOSE :
+ une rencontre/conférence avec Claude Régy
La rencontre sera animée par Véronique Borboen, professeure à l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM, et Angela Konrad, metteure en scène, dramaturge et enseignante invitée par l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM pour le trimestre hiver 2008.
SAMEDI LE 9 FÉVRIER À 11h30
DANS LA GRANDE SALLE DE L’USINE C
Dès 11h00, café et viennoiseries seront servis au Café de l’Usine.
Entrée libre.
+ des projections de films à la Cinémathèque québécoise
+ un master class à l’École supérieure de théâtre de l’UQÀM.
Pour plus d’informations, consultez le site internet de l’Usine C dès janvier www.usine-c.com
Réguliers : 38 $
Aînés : 32 $
Étudiants : 30 $
Groupes étudiants / 15 personnes et + : 20 $
Photos : Aubrac = 1© photo Rafaële Ide
© Pascal Victor / ArtComArt
Une présentation de L’Usine C. une production des Ateliers Contemporains (France) en coproduction avec L’Odéonthéâtre de l’Europe, Le Festival d’Automne à Paris, Le Théâtre National Populaire – Villeurbanne (France) et L’Usine C (Canada) avec la participation du Théâtre National De Bretagne (France) et en collaboration avec Culturesfrance
Usine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie: (514) 521-4493

par Aurélie Olivier
Claude Régy est un metteur en scène phare du théâtre français. Il a été l’un des premiers à s’intéresser à Marguerite Duras et à Nathalie Sarraute et a fait découvrir au public français des auteurs méconnus, tels que Peter Handke, Botho Strauss, James Saunders… En 2005, il avait déjà investi la scène de l’Usine C avec 4.48 Psychose, de Sarah Kane, mettant en vedette Isabelle Huppert, un spectacle qui avait reçu le Masque de la production étrangère.
Fuyant obstinément le théâtre de divertissement et le jeu réaliste, Claude Régy accorde la plus grande importance au texte, particulièrement s’il questionne le réel. Homme sans but, de l’auteur norvégien Arne Lygre, ne fait pas exception. Créé au Théâtre National de l’Odéon à Paris en septembre 2007, le texte, à l’écriture sobre et aux non-dits éloquents, raconte trente ans de la vie d’un homme immensément fortuné, Peter (Jean-Quentin Châtelain), désireux de se créer une ville idéale. Autour de lui gravitent un frère (Redjep Mitrovitsa), une ex-femme (Bulle Ogier), une fille (Marion Coulon), une sœur (Bénédicte Le Lamer), un assistant (Axel Bogousslavsky), et autant de gens qu’il peut en payer pour jouer les rôles qu’il leur assigne, c’est-à-dire beaucoup. L’incertitude est au cœur de la pièce (qu’est-ce qui est réel, quel sens donner aux mots?), laquelle fait immanquablement écho à ce qui se passe sur scène (des comédiens payés pour jouer le rôle de gens payés pour jouer des rôles). Il transparaît une critique du monde moderne où tout serait à vendre et où l’être aurait perdu son essence, et l’affirmation que l’humanité n’aurait pas de finalité. Le moralisme et le prosélytisme sont cependant résolument absents, laissant une grande latitude d’interprétation au spectateur.
Comme à l’habitude de Régy, la scène est dépouillée, le plus souvent totalement vide, et il y règne une pénombre permanente. Les éclairages proviennent soit du plafond, soit du devant de la scène, créant des ombres inaccoutumées sur les visages. Pour le metteur en scène, la parole prime sur le reste; le personnage s’efface derrière les mots qu’il prononce et derrière ses silences, nombreux. Dans Homme sans but, tout est lenteur, des gestes aux paroles. Chaque phrase énoncée, chaque mot prononcé, sont assortis d’un temps de silence. On comprend pourquoi le spectacle dure 140 minutes sans entracte…
La lenteur désincarnée avec laquelle s’expriment les comédiens et avec laquelle ils se meuvent, leur phrasé artificiel, leur ton monocorde, sont à la fois fascinants et intolérables. Ils créent sans conteste un univers étrange qui a quelque chose d’hypnotisant. Malheureusement, le systématisme du procédé entraîne rapidement un sentiment de lassitude : lumière blanche pour les dialogues, lumière jaune pour la narration, syllabes traînantes, de temps à autre un cri ou un mouvement brusque accompagné d’un son violent. Il nous reste alors à nous concentrer sur le texte, ce qui est bien l’objectif poursuivi par Régy. La plus grande force de caractère et beaucoup de caféine dans les veines sont toutefois nécessaires pour ne pas perdre le fil et se laisser aller à la somnolence. Les départs prématurés de plusieurs spectateurs, les ronflements de certains autres et quelques fous rires incongrus indiquent que ce n’est pas donné à tout le monde. Concrètement, on admire l’audace, on apprécie l’univers créé, on salue l’écriture, on applaudit la performance des comédiens (particulièrement celle de Redjep Mitrovitsa), mais on a quand même hâte que cela finisse. Au salut, pas un des comédiens ne sourit… Peinent-ils à retrouver la réalité ou se sont-ils ennuyés autant que leur public?
12-02-2008