Aller en Haïti enterrer un père à peine connu : angoissant pour Joséphine, excitant pour Suzette, initiatique et bouleversant au final. L’auteur-interprète Djennie Laguerre allie humour, tradition orale et danse africaine dans un périple singulier mis en scène par Rhoma Spencer et chorégraphié par Sara Rénélik. Un voyage incontournable!
Matinée familiale, gratuit pour les 16 ans et moins, dimanche à 15h.
Crédit photo: Guy Mignault
M-A-I
3680, rue Jeanne-Mance
Billetterie : (514) 982-3386
par Mélanie Thibault
Rendez-vous manqué
Une rencontre express en terre d’Haïti.
Lakay pour Bercail. Djennie Laguerre, seule en scène, offre au spectateur le loisir de découvrir Haïti, terre natale de l’auteur, à travers la mort du père inconnu.
Laguerre possède un charisme indéniable qu’elle maximise par ses interpellations au public et ses mouvements de danse venant parfois ponctuer son récit. Ce retour au bercail est teinté d’émotion et le sourire aux lèvres de la comédienne est communicateur.
C’est malheureusement là que la magie prend fin. Dans les circonstances que nous connaissons, Haïti est un sujet qui touche. Pourtant, le texte de Laguerre ne fait que très peu référence à la situation haïtienne, même avant le séisme. Nous avons plutôt l’impression d’assister à un récit de vacances aux Antilles.
La trame initiale se veut pourtant inspirante : retourner en terre natale enterrer un père qui n’a pas donné de nouvelles depuis vingt ans et par là renouer avec sa culture.
Hélas, le propos de la pièce ne s’arrête qu’à des anecdotes familiales qui certes, auront pu toucher la personne qui les a vécues, mais qui ne traverse pas le seuil de la douleur personnelle. Faute de mise en contexte, de perspective géopolitique ? Plusieurs raisons seraient envisageables, mais il s’agirait alors d’une tout autre formule. Peut-être que la raison d’être de cette pièce est de faire le deuil du père et d’une terre ? Alors, que cela soit et que le spectateur en soit prévenu.
Le débit de la comédienne est malhabile, s’interrompant ou hésitant souvent. Ses gestes sont la plupart du temps décousus et le rythme se perd, faute de ton juste. C’est dommage de constater que même avec plusieurs expériences en théâtre, la jeune femme donne l’impression d’être une interprète amateur. Un bac en théâtre de l’Université d’Ottawa, sa présence au théâtre français de Toronto et son enseignement et un coach de jeu et dramaturgie n’auront pas suffit pour qu’un certain professionnalisme soit perceptible.
Le M-A-I a une mission si importante et plusieurs artistes de différentes cultures espèrent jouer entre ses murs. Le choix d’une telle pièce pour représenter un lieu de découvertes interculturelles a pour résultat de voir les sièges de la petite salle vide à en pleurer. Peut-être faudrait-il revoir les critères de sélection avant que la réputation de la salle n’en pâtisse.