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28 novembre 2014, 19h30 (rencontre avec les artistes)
Matinées scolaires : 26-27-28 novembre 2014
OsBouffe
Dès 12 ans - théâtre burlesque et absurde
D’après une idée originale de Marc-André Charron, Mathieu Chouinard et Ailin Conant
Co-créateur et metteur en scène : Daniel Collados
Avec Marc-André Charron et Mathieu Chouinard

Le spectacle BOUFFE touche parfois le clownesque, parfois le burlesque. La bouffe, c’est à la fois la cuisine, la recette, le festin. C’est aussi la chasse, la lutte, la famine. Dans un monde d’affamés et d’assoiffés, jusqu’où peut-on aller pour se sustenter? Comme dans la grande jungle, mange… ou sois mangé!

Les personnages de BOUFFE, les chefs Bazil et Mortadel, sont à la fois attachants et repoussants, naïfs et grinçants. Tordus et déformés, ils traitent la bouffe comme il se doit : avec les tripes! Le spectateur est mis en face de ses propres préconceptions, de ses désirs, de ses plaisirs, de ses ambivalences, de ses horreurs… et il ne peut qu’en rire.

Théâtre de l’absurde, bouffonneries, situations clownesques, théâtre masqué et de mouvements, l’énergie de ces deux artistes auxquels on s’attache n’a d’égal que leur immense talent à nous faire vivre une expérience théâtrale inoubliable.


Section vidéo


Musique : Jertrude Battue
Décors : Sylvain Ward
Costumes, maquillages et accessoires :
Marie-Êve Cormier
Éclairages : Marc Paulin
Conseillère au mouvement : Shannon Leibgott
Conseillère dramaturgique : Pénélope Cormier
Conseiller artistique : Maurice Arsenault
Oeil extérieur : Etienne Bayart
Crédit photo : Noemie Roy Lavoie

Durée du spectacle : environ 65 minutes

Production Théâtre populaire d'Acadie (Caraquet), Sattelite Théâtre (Montréal) et Houppz! Théâtre (France)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique

autre critique disponible, lors du passage de la pièce à la Maison Théâtre de Montréal

par David Lefebvre


Crédit photo : Noemie Roy Lavoie

En ce 28 novembre 2014, seule journée de représentation publique de Bouffe, on peut affirmer haut et fort que le « vendredi fou » n’était pas dans les magasins, mais bien sur la scène des Gros Becs. Cette coproduction du Théâtre populaire d’Acadie, de Satellite Théâtre et du Houppz! Théâtre,  parfois irrévérencieuse, souvent loufoque et absurde, ose et frappe fort.

Les frères jumeaux Mortadel et Bazil, abandonnés dans une caisse de bois à leur naissance, sont élevés sur un paquebot par un chef cuisinier. Depuis le naufrage du transatlantique, ils se promènent dans leur cuisine itinérante pour faire goûter aux spectateurs petits plats et fins mets, les mettant à l’aise pour ainsi les dévorer à belles dents. C’est que les deux hommes, au nez et au palais presque bionique, ont un goût certain pour la chair humaine!

C’est sur l’air de Mackie the Knife, interprété par Louis Armstrong, que le public fait la rencontre de ces deux cuistots excentriques. Après avoir bien aiguisé machette et scie, ils invitent trois personnes-victimes à monter sur scène, au cœur de leur cuisine un peu crasseuse, malgré leur obsession pour la propreté, comme en témoigne une scène de lavage de mains au Purel, à l’eau de javel, à l’ammoniaque et à l’acide. Commence la mise en bouche : on pêche le saumon tout frais des coulisses, on le vide de ses entrailles et du plastique qu’il aurait ingurgité pour ensuite le servir en entrée aux invités. On coupe, on mélange, on fait la soupe, on sert le vin et le trou normand, on joue avec la nourriture, on s’emporte : ces clowns blancs sont d’une féroce efficacité.

La mise en scène de Daniel Collados, d’un dynamisme presque essoufflant, les costumes de Marie-Êve Cormier et les mouvements chorégraphiés de Shannon Leibgott ont un penchant très circassien. La scénographie de Sylvain Ward propose les commodités d’une cuisine de restaurant, frigo, évier, fourneaux et comptoirs – sur roulettes – inclus. La folie habite Bouffe d’un bout à l’autre de la représentation, grâce au travail exemplaire des deux comédiens Marc-André Charron et Mathieu Chouinard qui rendent leurs personnages très attachants et hilarants, malgré leur grande impétuosité.

Le but avoué du spectacle, selon le metteur en scène, était de « transposer sur scène l’horreur de ce que l’on ne veut pas nous dévoiler sur ce qui se cache dans nos assiettes ». La pièce tombe malheureusement dans son propre piège : même si l’intention d’aborder ces sujets avec les adolescents est honorable, voire vitale, la tragédie qui s’immisce au cœur de la seconde partie, dévoilant les côtés plus obscurs de Bazil et Mortadel, sied mal au propos loufoque de Bouffe qui, jusqu’ici, était joyeuse et festive. Le spectacle donne donc l’impression de s’enliser en deuxième partie, juste après une scène beaucoup plus dramatique qui explique le passé – et quelques traits de personnalités – des deux lurons. Entre les claques de ce père hyper autoritaire que les deux zigotos reçoivent en flashbacks, la trop rapide dénonciation des OGM, de la malbouffe et de nos habitudes de consommation et de nutrition, la pièce rattrape difficilement le rythme et l’humour qui gagnait le cœur du public jusqu’ici, voyant même certaines longueurs alourdir la représentation.

Sans retenue, sans gêne, sans censure – on frappe, on éviscère, on gueule, on dit quelques mots plus crus que cuits –, Bouffe se démarque par son côté explosif, burlesque, grotesque et déjanté. Assurément le genre de rencontre qui met en appétit le jeune public pour d’autres pièces (de résistance) de la sorte.

28-11-2014