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19 octobre 2014, 13h et 15h, 26 octobre 2014, 13h et 15h
Matinées scolaires : du 16 au 24 octobre 2014
ChubichaiChübichaï
Dès 3 ans
Conception et jeu : Odile L'Hermite et Marie Tuffin

Il a le visage rond comme la lune et doit partir à la recherche de sa maman, mais le chemin est peuplé d’étranges créatures. Avec terre crue, pigments, feuilles mortes et autre fil de chanvre, deux comédiennes manipulent la matière vivante et créent des personnages qui entraînent les tout-petits dans un voyage imaginaire. La voix se modèle au rythme des personnages nés de la terre. Tour à tour, elles pétrissent comme l’artisan, et manipulent comme le marionnettiste.

Un spectacle intimiste où l’univers se crée sous les yeux des spectateurs. Naît alors une envie de participer, de toucher, d’inventer.

Le Tam - Le théâtre d’argile manipulée, c’est d’abord le fruit d’une rencontre fortuite entre une artiste potière et une comédienne. Elles font se rencontrer l’argile comme matière à langage scénique, matière à dire, élément de la dramaturgie d’un spectacle. L’argile crue du Tam est en continuelle mutation. À peine modelée, encore vivante et mouvante sous la main du sculpteur, empreinte de l’intention de l’acteur, l’argile se transforme au cours du récit et du spectacle.


Crédit photo : Isabelle Renaud

L’accueil de ce spectacle français est en collaboration avec la Maison Théâtre.

Durée du spectacle : environ 35 minutes

Aussi à Montréal au Prospero (Maison Théâtre hors des murs) du 26 septembre au 12 octobre

Production Le vent des forges (France)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Isabelle Renaud

Les Gros Becs poursuit sa saison Petite enfance en accueillant la compagnie française Le Vent des Forges et son petit Chübichaï. Formé des conceptrices Marie Tuffin et Odile L’Hermite, Le Vent des Forges produit des spectacles à partir de matières premières, essentiellement l’argile. Procédé ramenant au bricolage et à l’expression de la réalité à travers des figures malléables, leur mode de création capte naturellement l’attention des petits spectateurs.

Accueillis gentiment dans la salle intime des Gros Becs par les créatrices, les bouts de choux prennent place près de la scène. Les lumières se tamisent, les deux comédiennes s’assoient l’une à côté de l’autre et chantonnent, tout en manipulant une boule de glaise devant elles. Apparaît alors Chübichaï, une petite créature au visage de lune avec deux trous dedans qui a perdu sa maman. Il rencontrera sur son chemin des vilains comme des amis, qui le retiendront ou l’aideront dans sa quête.

De leurs mains expertes, elles façonnent un à un les personnages qui peupleront le monde de Chübichaï. Des deux gamins qui se croient forts, visages plantés sur les pieds de Marie Tuffin, à l’attentionnée tatie venant des Îles, des vilains voulant le manger au trompettiste qui l’aide à passer d’une montagne à l’autre, l’univers tout aussi étrange que ludique de Chübichaï se déploie, jusqu’au moment où il trouve enfin sa maman. Alors qu'elle le met au lit, le public découvre toute l’étendue de l’imagination d’un petit bonhomme qui vient simplement de passer au travers une journée d’école.

Premier spectacle de la compagnie à être présenté au Québec – parions que ce ne sera pas le dernier –, Chübichaï charme son jeune auditoire qui ne repart pas les mains vides : chacun rapporte un morceau d’argile, gracieusement donné par les comédiennes. Un petit bout de la pièce qui deviendra assurément un joli souvenir.

19-10-2014

par Olivier Dumas (Maison Théâtre, septembre 2014)


Crédit photo : Marie Tuffin

Pour reprendre la pensée en amorce de la critique de ma collègue Daphné Bathalon à propos de Le Jardin de Babel, certaines productions pour le jeune public témoignent d’une éternelle jeunesse. Leur magie paraît intemporelle et inaltérable malgré la succession des modes passagères. La compagnie française Le Vent des Forges enchantera sans aucun doute les spectatrices et spectateurs de tout âge avec un remarquable bijou de sensibilité, Chübichaï.

Première visite au Québec, à l’initiative de la Maison Théâtre, la pièce bénéficie à Montréal d’un écrin favorable à sa réception. Elle se déroule dans une salle de répétition au dernier étage du Théâtre Prospero. Installés sur des coussins rouges, les petits et grands assistent véritablement à la création d’un monde et à la conception étape par étape d’un univers artisanal. Tout en sobriété et en douceur, le spectacle de 35 minutes créé pour les 2 à 6 ans constitue également pour certains une première incursion aux arts de la scène. Malgré quelques pleurs ou cris au début de la représentation, l’auditoire s’est montré attentif, réceptif et même participatif. À certains moments, des gamins ne se gênent pas pour applaudir ou répondre à l’une ou l’autre des interrogations formulées par les deux comédiennes.

Titre aux sonorités évocatrices, Chübichaï est également le nom d’un intrépide petit garçon qui a perdu les traces de sa maman. Pour la retrouver, il doit partir à l’aventure et affronter ses peurs. Le protagoniste et les autres personnages croisés sur sa route sont conçus devant nos yeux par deux créatrices enchanteresses hors du commun, soit Odile L’Hermitte et Marie Tuffin. Avec leurs tenues noires et amples, celles-ci prennent même le temps d’accueillir le public et de les inviter à prendre place avant de commencer la représentation. Leur démarche artistique s’approprie parfaitement la notion d’art vivant : elles travaillent en direct avec de l’argile qu’elles façonnent et tordent avec leurs doigts agiles. Tout en donnant vie à Chübichaï (qui ressemble à un mignon petit bonhomme en pain d’épices) et ses acolytes, les deux polyvalentes créatrices racontent leurs péripéties en parole et en chant. Leurs voix très contrastées se complètent à la perfection. Avec sa longue tignasse, Marie Tuffin s’exprime avec le ton d’une petite fille toujours émerveillée et curieuse. Lorsqu’elle fredonne une mélodie, son timbre rappelle celui de la chanteuse française Camille. Sa partenaire de jeu Odile L’Hermitte nous amuse grandement par sa narration plus grave ; on a l’impression d’entendre parfois le rire virulent d’une méchante sorcière.

Par ailleurs, leur prestation comporte une dimension physique importante. Leurs mains deviennent par exemple la tête ou les jambes d’un personnage. Une gestuelle précise apporte une dimension ludique à une histoire simple, mais riche en enseignement sur les valeurs fondamentales. L’exécution en direct de leur travail de céramiste et de sculptrice se conjugue donc avec un propos théâtral faisant appel à la perception, l’interaction et l’éveil sensoriel des enfants. C’est en somme l’apprentissage de la vie qui se déploie ici, mais avec un traitement scénographique dépouillé et une atmosphère tout en tendresse comme un secret murmuré dans le creux de l’oreille.    

Avant de quitter les lieux, les deux conceptrices distribuent à chacun et chacune un morceau d’argile qui a constitué une partie du décor. Cette attention se veut la preuve tangible d’une expérience artistique significative. Si vous aimez le théâtre jeune public et les expériences ingénieuses, ne ratez pas ce Chübichaï aussi mémorable que féerique.    

30-09-2014